Rechercher
Rechercher

Actualités

Le Parlement n’exerce plus efficacement son rôle de censeur à l’égard du cabinet Le déficit démocratique s’accentue au fil des années

Selon un ancien ministre, jadis le jeu parlementaire était libre. Et un débat ne s’achevait pas en queue de poisson, comme celui consacré récemment au cellulaire. Mais par un vote sur la confiance, soit à la demande des députés, soit à l’initiative du gouvernement lui-même. Aujourd’hui, et de plus en plus, c’est la décision extérieure qui fait loi. Le gouvernement n’est pas autorisé à défier ses contempteurs en réclamant un vote de confiance. Et ses adversaires se voient interdire de tenter de le faire sauter. Tout ce qui est permis, c’est l’échange d’accusations ou d’invectives, pour bien creuser les divisions qui permettent à autrui de mieux régner. Le psychodrame se concluant, obligatoirement, par un défaut de quorum qui laisse les vraies questions en suspens. Et l’opinion publique sur sa faim. Une fois de plus, donc, le système parlementaire se trouve voué au discrédit. Une fois de plus, comme pour les articles constitutionnels concernant la Haute Cour, il n’arrive pas à se prononcer. Encore heureux qu’il n’ait pas été obligé, cette fois, à se désavouer comme il avait dû le faire pour la refonte du code de la procédure pénale. De son côté, le cabinet ne s’en tire pas mieux. Car il reste exposé aux attaques outrageantes, sans même avoir le droit de s’en aller. Il ne peut que riposter aux insultes par des offenses. Et le Libanais lambda n’est pas en mesure de séparer le bon grain de l’ivraie, de savoir qui a raison et qui a tort. Il reste que dans ce pays, poursuit l’ancien ministre, l’on a rarement vu un gouvernement chuter à la Chambre. Les mentalités ont toujours commandé que, dans la mesure du possible, l’on sauve la face de chacun, même si on lui en veut beaucoup. Mais par le passé, ajoute cette personnalité, on était au moins sûr que la majorité parlementaire faisait sentir au gouvernement, quand elle n’en voulait plus, qu’il était temps pour lui de s’effacer. Les présidents de Conseil avaient donc le bon goût de rendre d’eux-mêmes leur tablier, en temps opportun, et en y mettant les formes. Généralement, cela se faisait en dehors de la Chambre. Une seule fois, le chef du gouvernement, en l’occurrence Rachid Karamé, avait préféré démissionner en présence des députés. Pour priver l’opposition du plaisir de le mettre publiquement en déroute. Il avait d’ailleurs lancé, en substance, à l’adresse d’Émile Boustany, qui conduisait la campagne opposante : « J’abandonne les rênes pour vous frustrer de la griserie d’une victoire. » En tout cas, enchaîne le vétéran, l’on n’assistait jamais alors à cette anomalie qu’est le torpillage du quorum par des députés loyalistes majoritaires. La tactique était utilisée, bien plus logiquement, par les opposants minoritaires, soucieux d’éviter un vote de confiance en faveur du gouvernement. Revenant à l’actualité, l’ancien ministre juge que les divergences Hariri-Cardahi sur le cellulaire n’auraient pas dû être étalées sur la place publique. Mais réglées, comme cela se faisait autrefois, dans le cadre des institutions. C’est-à-dire du Conseil des ministres. Où la majorité aurait décidé. À la suite de quoi, le gouvernement se serait présenté avec une position unifiée devant la Chambre, sauvant ainsi sa cohésion et sa crédibilité. Dans le même esprit, la majorité parlementaire aurait dû s’exprimer par vote. Pour suivre le gouvernement, ou pour le contrer. En débarrassant le pays du fardeau d’un dossier lourd laissé en suspens. L’opinion aurait été fixée sur les chiffres des rentrées pour le Trésor, comme sur les conditions de l’adjudication. L’ancien ministre conclut en observant qu’en s’éloignant de l’arbitrage des institutions, seul remède contre la désagrégation de l’État, les dirigeants promettent au pays le pire bien plus que le meilleur. Émile KHOURY
Selon un ancien ministre, jadis le jeu parlementaire était libre. Et un débat ne s’achevait pas en queue de poisson, comme celui consacré récemment au cellulaire. Mais par un vote sur la confiance, soit à la demande des députés, soit à l’initiative du gouvernement lui-même. Aujourd’hui, et de plus en plus, c’est la décision extérieure qui fait loi. Le gouvernement...