FESTIVAL - « Contes d’un Québec lointain », ce soir, au théâtre Monnot Marc Laberge : des récits qui vont de l’extrêmement personnel à l’universel

Marc Laberge, conteur québécois, se produira ce soir à 19h, au théâtre Monnot, dans le cadre du cinquième Festival international du conte et du monodrame. Son spectacle, intitulé «Contes d’un Québec lointain», abordera « des récits de vie qui prennent leur source dans la réalité », dit-il. Photographe globe-trotter, spécialisé dans les reportages de voyages et de fouilles, professeur de photographie et d’audiovisuel, ethnographe, écrivain..., ce conteur moderne utilise tous les moyens d’expression pour établir la communication avec autrui. Les photos, les conférences, l’enseignement, les images vidéo, la tradition orale ou l’écrit sont, pour lui, autant d’outils de « partage et d’échanges de mes propres expériences et émotions avec celles des autres ». Histoires vraies Marc Laberge est un homme volubile, qui aime aller à la rencontre des gens, porter un regard attentif sur eux, établir un contact et raconter « des histoires vraies, des récits proches de la vie quotidienne. Des destins, ceux des petites gens en particulier, dont on n’entendra jamais parler et dont j’aime prolonger la mémoire ». Comme celui de son oncle bossu (qui figure au programme de ce soir). « Petit, il avait eu la polio, ce qui lui avait laissé une bosse. C’était un bonhomme qui avait un courage dans la vie à ébranler n’importe quel être humain. Il m’a inspiré un conte extrêmement tragique qui se passe dans les forêts, une histoire de bûcheron, de rude destin. » Reportage sur le Liban Son répertoire, qui s’adresse essentiellement à un auditoire adulte, est composé de ces contes contemporains, qui «partent de l’extrêmement personnel pour atteindre l’universel», mais aussi de récits d’aventures. Celles glanées, ou qu’il a lui-même vécues, aux quatre coins de la planète, où il se rend pour, à la fois, «prendre» des photos et « donner » ses séances de contes. Il a ainsi profité de la dizaine de jours de son séjour au Liban pour sillonner le pays de fond en comble, en immortaliser paysages et personnages, faire de belles rencontres – comme celle de ce cheikh chiite à Baablbeck, « au regard perçant et au visage d’une incroyable sérénité » – , et en tirer la trame d’une exposition-conférence, à caractère ethnologique, qu’il présentera dans les prochains mois au Québec. « Je procède, dans ce domaine, à la manière des explorateurs. C’est-à-dire que je pars à la découverte d’un pays, de ses habitants, de son “ esprit ”, sans aucune idée préconçue, à la manière d’un “ homme neuf” », explique-t-il. Que pense-t-il, maintenant que son séjour touche à sa fin, du pays du Cèdre ? « Je le définirais en un mot : l’ouverture. » Scie musicale C’est en 1991 que Marc Laberge découvre réellement sa vocation de conteur. « J’ai toujours raconté pour le plaisir. Ayant entendu parler d’un Festival du conte à Grenoble, en France, j’ai décidé d’y aller par curiosité. Là, j’ai participé à un concours que j’ai gagné. Ce qui m’a valu l’année suivante d’être réinvité en tant que conteur. Depuis, je privilégie cette forme de partage – la plus belle parce qu’elle se passe au niveau de la pensée – en écrivant régulièrement des contes, que je publie dans des recueils et que je raconte un peu partout là où je passe. » Il a aussi institué un Festival de contes, qui se tient tous les deux ans au Québec, afin que cette tradition orale, une des plus précieuses écoles de vie, ne se perde pas. Au « menu » de la séance de ce soir, outre l’histoire de son oncle, Marc Laberge servira à son auditoire celle... de la soupe de sa grand-mère, ainsi que divers petits récits tirés de son enfance et de sa vie quotidienne qui racontent le Québec. Et pour ponctuer son verbe, il jouera du sanza (ou piano à pouces, un instrument africain) et... de la scie musicale. Mais rassurez-vous, ses propos, eux, ne seront pas grinçants. L’homme est trop sensible, ouvert et respectueux de ses semblables. Zéna ZALZAL