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Actualités - REPORTAGE

Débat parlmentaire et dossier du cellulaire Ce qu’ils en pensent

Au cours des deux dernières années, le contentieux du téléphone cellulaire a fait couler d’encre plus et de salive que les conflits régionaux ou les tiraillements interprésidentiels. Le sujet n’en finit d’ailleurs pas d’occuper la une des journaux, tant nombreux sont les intérêts en jeu et tant, à lui seul, il résume à merveille la situation politique interne. Le débat parlementaire qui a commencé hier est une parfaite illustration de ce paysage miné par les considérations de profit et le manque de sentiment national. Nous avons demandé à l’ancien ministre des Télécommunications, M. Issam Naaman, ce qu’il en pense. Issam Naaman, ancien ministre des Télécommunications Question : En regardant la séance parlementaire, avez-vous eu le sentiment que les divergences sont bien plus internes au gouvernement qu’entre le gouvernement et le Parlement ? Réponse : « Il est certain qu’en regardant un peu la séance, on remarque tout de suite l’existence de deux camps bien distincts au sein du gouvernement : celui du président du Conseil et de ses alliés et celui du président Émile Lahoud, représenté par le ministre Jean-Louis Cardahi. Chacun a un style et des objectifs différents. Ce n’est un secret pour personne. » Q : Avez-vous trouvé convaincantes les réponses du président du Conseil et celle du ministre des Finances ? R : « Aucune réponse n’est convaincante. Personne n’a répondu directement à aucune des questions. Je suis d’ailleurs effaré devant tant d’arrogance et cet art d’éluder les questions. Qu’ont donc répliqué MM. Hariri et Siniora aux remarques de Boutros Harb, Hussein Husseini et Omar Karamé ? C’est d’ailleurs moi qui ai remis à ce dernier le document de FTML, dans lequel la société reconnaît implicitement qu’elle doit 300 millions de dollars à l’État libanais, puisqu’elle s’engage à les payer sur 20 ans. Et l’ancien Premier ministre Omar Karamé a demandé pourquoi, au lieu de réclamer cette somme, l’État a payé aux sociétés 186 millions de dollars, en contrepartie de la rupture du contrat. Évitant de répondre à la question, M. Siniora s’est contenté de préciser que le gouvernement a fait une meilleure offre puisqu’il a prévu une participation aux recettes des sociétés... C’est véritablement du folklore, qui pourrait être drôle si la victime n’était pas toujours le citoyen. Siniora a même poussé le bouchon très loin en affirmant que le premier contrat était excellent. Mais il a évité de répondre à la question qui lui a été posée plusieurs fois : pourquoi, dans ce cas, ce contrat a-t-il été rompu ? En vérité, je pense que Hariri l’a rompu dans l’espoir de vendre en toute liberté, dans la foulée de sa victoire aux législatives de 2000, les deux licences aux deux sociétés, pour une durée de vingt ans, afin qu’elles contrôlent complètement le secteur. Alors que s’il avait attendu que le contrat arrive à terme, l’État aurait dû reprendre 40 % des recettes. Heureusement, grâce au président Émile Lahoud, à la haute moralité du ministre Cardahi et à notre action, ce plan a échoué. Comme l’a dit le président Husseini, le Parlement n’a jamais exercé un contrôle sur l’activité du gouvernement. Il se contente de participer à l’exercice du pouvoir. » Q : Comment voyez-vous la suite des opérations ? R : « Au moins quatre sociétés ont déjà manifesté leur intérêt pour l’appel d’offres et il y en aura d’autres dans les prochains jours. Le ministre ira donc jusqu’au bout, mais à l’issue du processus, il devra soumettre les contrats à l’approbation du Parlement. Je ne pense pas qu’il y aura des problèmes à ce niveau, car aujourd’hui, l’État paie 7,5 millions de dollars par mois à chacune des deux sociétés. Dans le précédent appel d’offres, les deux sociétés avaient demandé 6 millions de dollars par mois chacune. Et dans la prochaine opération, les prix seront encore plus bas. Je ne vois pas pourquoi les députés refuseraient d’adopter un contrat dont les termes sont plus favorables à l’État. » Lamia Farah, étudiante, inséparable de son téléphone portable Q : Êtes-vous en train de suivre la séance parlementaire ? R : « Pas du tout et cela ne m’intéresse nullement. Je ne vais pas perdre mon temps à écouter leurs discours vaseux. Personnellement, dans cette affaire, la seule chose qui m’intéresse, c’est que le service continue à fonctionner de façon acceptable et que nous puissions bénéficier des dernières découvertes dans ce domaine. Je ne veux pas m’attarder sur leurs enjeux mesquins. Pour une fois qu’il y a un service qui fonctionne, je ne vois pas pourquoi on veut à tout prix le paralyser. » Q : Mais n’aimeriez-vous pas avoir accès aux mêmes services à un coût moindre ? R : « Bien sûr. Mais justement, dans tous les débats, ou du moins dans le peu que j’en connaisse, il n’est jamais question de réduire le coût des services pour les usagers. Ils se battent pour des millions de dollars, mais nul ne songe à réclamer que le prix des appels ou celui des services de messageries et de cartes prépayées soient réduits. Alors, ne me parlez pas de leurs discours. Ces gens appartiennent tous à la même catégorie et ne sont en conflit que sur leurs intérêts. Mais ils redeviennent tous solidaires lorsqu’il s’agit de plumer le citoyen. » Scarlett HADDAD
Au cours des deux dernières années, le contentieux du téléphone cellulaire a fait couler d’encre plus et de salive que les conflits régionaux ou les tiraillements interprésidentiels. Le sujet n’en finit d’ailleurs pas d’occuper la une des journaux, tant nombreux sont les intérêts en jeu et tant, à lui seul, il résume à merveille la situation politique interne. Le...