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Cinéma - La 29e nuit des Césars «Les invasions barbares» et Julie Depardieu conquièrent le théâtre du Châtelet à Paris

« Les invasions barbares » du Québécois Denys Arcand avec trois trophées, dont deux des plus convoités (meilleur film et meilleur réalisateur), et Julie Depardieu (meilleur second rôle et meilleur espoir féminin) sont les deux triomphateurs des 29es Césars décernés samedi soir au théâtre du Châtelet à Paris. Le tout-cinéma français rassemblé pour la fête n’aura pas eu l’occasion d’apprendre le décès quelques heures auparavant de l’un des siens, l’humoriste Alex Métayer, dont la mort a été connue dans la soirée. Déception en revanche pour les deux favoris, Bon Voyage de Jean-Paul Rappeneau et Pas sur la bouche d’Alain Resnais, présents sur la ligne de départ avec respectivement 11 et 9 nominations. Ces deux « champions » des Césars (le premier détient avec François Truffaut le record des lauriers, 10, le second n’arrive pas très loin avec 7 couronnes) sont repartis du Châtelet avec trois de ces fameuses statuettes compressées. Mais il sera difficile de ne pas les considérer autrement que comme des lots de consolation : meilleur jeune espoir masculin (Grégori Dérengère), meilleurs décors et meilleure photo pour Rappeneau, meilleurs costumes, meilleur acteur dans un second rôle (Darry Cowl) et meilleur son pour Alain Resnais. En revanche, les trois Césars que ramènera Denys Arcand dans « la belle province » comptent au nombre des plus prestigieux : meilleur film de l’année, meilleur réalisateur et meilleur scénario original pour Les invasions barbares. Son film était en lice car c’est une production majoritairement française. Il est également nominé deux fois pour les Oscars décernés le 29 février... en tant que film canadien. Un joli tiercé qui vient compléter le doublé « cannois » d’Arcand : scénario et actrice à Marie-Josée Croze, qui a dû s’effacer cette fois au profit de Julie Depardieu dans la course au César du meilleur espoir féminin. Le sort a en effet souri largement à Julie, auteur d’un doublé espoir-second rôle, comme le fit en 1984 Richard Anconina pour sa prestation dans Tchao Pantin de Claude Berri. « J’ai quand même 30 ans, j’ai des pattes d’oie quand je souris », a plaisanté la jeune comédienne. Outre Darry Cowl, auréolé pour sa prestation savoureuse de concierge bavard comme une pie dans Pas sur la bouche, un autre « senior » n’a pas été oublié, Omar Sharif, le petit épicier de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, sage et philosophe hédoniste. Clint Eastwood, avec son Mystic River, à qui échoit le César du meilleur film étranger, complète ce trio d’heureux vétérans. Déception aussi pour Les triplettes de Belleville qui récompense Benoît Charest au titre de la meilleure musique de film. Tribune aux intermittents Les Césars 2004 ont comme l’an dernier offert une tribune aux intermittents du spectacle. Plusieurs acteurs n’ont pas manqué d’évoquer le dossier au cours de la soirée, jusqu’à l’amuseur Michael Youn. « Vous êtes en train d’anéantir l’exception culturelle », a déclaré gravement la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui en s’adressant à Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication. En début de soirée, ce dernier avait dû esquiver la centaine d’intermittents réunis à proximité du théâtre, place du Châtelet, pour manifester leur opposition au nouveau régime d’indemnisation du chômage, entré en vigueur le 1er janvier. La réalisatrice et actrice, très longuement applaudie par la salle, a annoncé qu’un contre-protocole d’accord sera présenté par les intermittents mercredi à l’Assemblée nationale. Agnès Jaoui a conclu en citant à l’adresse de M. Aillagon la phrase suivante : « La culture et la création sont des activités irréductibles aux lois du marché. » Une phrase signée Jacques Chirac, a-t-elle rappelé. L’humoriste est décédé alors que se tenait la cérémonie Alex Métayer, le forçat du rire L’humoriste Alex Métayer, décédé samedi dans la nuit à Paris à l’âge de 73 ans, avait conquis un public croissant au fil de quarante ans de carrière, durant laquelle il fut le caricaturiste aigu de la société, stigmatisant avec talent les travers du Français moyen. Trotskiste dans sa jeunesse, il avait été formé à l’école du cabaret et de la radio, avant de trouver sa voie dans le one-man-show, qu’il concevait comme une histoire avec des personnages exubérants, bigarrés, dérisoires ou émouvants. Sur scène, son punch était au service d’un comique de situation plutôt que de mots et sa verve caustique était « ironique mais pas cynique ». Alex Métayer, fils d’un officier d’aviation, est né à Marseille de parents bretons le 19 mars 1930. Il passe son adolescence en Algérie, pays qui marquera sa forme d’humour qu’il définissait « comme proche de l’école latine, mâtinée d’humour juif ». Il quitte l’école très tôt pour étudier par correspondance, avant de décrocher un premier prix de clarinette au Conservatoire, puis commence comme saxophoniste dans un orchestre de jazz. Il découvre alors qu’en parlant au public pendant la pause des musiciens, il... fait rire. L’artiste décide d’utiliser ce don et passe dans les cabarets des années 60 aux côtés de Bobby Lapointe, Jean Ferrat, Barbara. En 1964, il assure la première partie de Georges Brassens à Bobino. Les deux années de fou rire, comme animateur, dans l’émission de France-Inter « L’Oreille en coin » le propulsent sur la scène. Forçat du one-man-show, toujours vêtu de blanc sur scène, l’humoriste, qui avouait « avoir mis du temps à trouver son style », enchaîne spectacles et tournées à un rythme effréné. Opéra comique (1993) lui vaut le grand prix de l’humour de la Société des auteurs et compositeurs. Le spectacle se double d’un livre du même nom. Observateur féroce de lui-même, de ses proches et de ses contemporains, Alex Métayer faisait dire à l’un de ses personnages derrière lequel il se cachait : « Y’a trois choses qu’on ne peut pas regarder en face : le soleil, la mort et le dentiste ». Les films les plus primés depuis la création du trophée Depuis la création des Césars en 1975, deux films (Le Dernier métro et Cyrano de Bergerac) arrivent en tête des œuvres les plus primées avec dix distinctions chacun. Cinq autres œuvres (Providence, Au revoir les enfants, Tous les matins du monde, On connaît la chanson, Le pianiste) ont reçu sept Césars. Voici les films ayant reçu le plus grand nombre de Césars: – Le dernier métro de François Truffaut (dix Césars en 1981) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, acteur (Gérard Depardieu), actrice (Catherine Deneuve), scénario (François Truffaut et Suzanne Schiffman), musique (Georges Delerue), montage (Martine Barraqué-Currie), son (Michel Laurent), décors (Jean-Pierre Kohut-Svelko) et photo (Nestor Almendros). – Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau (dix Césars en 1991) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, acteur (Gérard Depardieu), second rôle masculin (Jacques Weber), photo (Pierre Lhomme), son (Pierre Gamet et Dominique Hennequin), décors (Ezio Frigerio), costumes (Franca Squarciapino), montage (Noëlle Boisson) et musique (Jean-Claude Petit). – Providence d’Alain Resnais (sept Césars en 1978) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, scénario (David Mercer), musique (Miklos Rosza), décors (Jacques Saulnier), montage (Albert Jurgenson) et son (René Magnol et Jacques Maumont). – Au revoir les enfants de Louis Malle (sept Césars en 1988) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, scénario (Louis Malle), photo (Renato Berta), son (Jean-Claude Laureux et Claude Villand), décors (Willy Holt) et montage (Emmanuelle Castro). – Tous les matins du monde d’Alain Corneau (sept Césars en 1992) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, second rôle féminin (Anne Brochet), photo (Yves Angelo), son (Pierre Gamet, Gérard Lamps, Anne le Campion et Pierre Verany), musique (Jordi Savall) et costumes (Corinne Jorry). – On connaît la chanson d’Alain Resnais (sept Césars en 1998) : prix du meilleur film, scénario (Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri), acteur (André Dussolier), second rôle masculin (Jean-Pierre Bacri), second rôle féminin (Agnès Jaoui), montage (Hervé de Luze) et son (Pierre Lenoir et Jean-Pierre Laforce). – Le pianiste de Roman Polanski (sept Césars en 2003) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Adrien Brody), meilleure musique (Wojciech Kilar), meilleure photo (Pavel Edelman), meilleurs décors (Alfan Starski), meilleur son (Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy et Dan Humphreys). – Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall (quatre Césars en 2000) : prix du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario (Tonie Marshall) et meilleur espoir féminin (Audrey Tautou). – Le Goût des autres d’Agnès Jaoui (quatre Césars en 2001) : prix du meilleur film, scénario (Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri), second rôle masculin (Gérard Lanvin) et second rôle feminin (Anne Alvaro). – Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll (quatre Césars en 2001) : prix du meilleur réalisateur, acteur (Sergi Lopez), son (François Maurel, Gérard Lamps et Gérard Hardy) et montage (Yannick Kergoat). – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet (quatre Césars en 2002) : meilleur film, réalisateur, décor (Aline Bonetto) et musique (Yann Tiersen). Les échos de la nuit… Omar Sharif, César du meilleur acteur : « Évidemment, ce César m’est très agréable, mais je pense qu’on me l’a donné par sentimentalisme pour le vieil acteur que je suis ». La nuit des Césars au Fouquet’s : selon la tradition, lauréats, nominés et célébrités se sont retrouvés à l’issue de la cérémonie dans le célèbre restaurant des Champs-Élysées dont Pagnol et Raimu avaient fait leur bureau. Près d’un millier de badauds, retenus derrière des barrières, ont observé l’arrivée des « people ». Pour une fois, le souper conventionnel n’a pas été respecté et le buffet, debout, a déconcerté les habitués. Le Canadien Denys Arcand, qui a reçu les Césars du meilleur film français de l’année, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original ou adaptation : « Surpris, ému, heureux, surtout ému (...) Cela me surprend. Je me disais “avec un peu de chance, on va en attrapper un ” (...) Je suis très très heureux. Vous ne seriez pas heureux, vous, avec trois Césars ? » Sylvie Testud, César de la meilleure actrice : « Je suis encore un peu abasourdie. Cela me fait plaisir. Je le prends un peu pour toute l’équipe. Je suis très contente ». « Je remercie Alain Corneau (réalisateur de Stupeur et tremblement) et je suis fière pour lui. J’ai adoré faire ce film. Alain Corneau est l’un des plus grands réalisateurs qu’on ait. (Apprendre le japonais pour ce film) cela valait la peine même si je n’avais pas de César. Je me suis beaucoup amusée. Presque trop. Alain Corneau, c’est quelqu’un qui adore le cinéma, qui a plein d’énergie pour ça, qui ne vous donne que des choses très positives ». « Il y a beaucoup de choses dans ce rôle. Amélie Nothomb (auteur du livre dont est tiré le film) allait voir le résultat. J’étais terrorisée » mais « elle était ravie ». Chanel à l’honneur - Sylvie Testud, dans une robe en tulle à étages rebrodée de paillettes multicolores, Ludivine Sagnier dans une robe à volants en dentelle de soie noire, mais aussi Virginie Ledoyen, Camille Natta ou Laura Smet dans une robe dos nu en crêpe de soie noire sous manteau années 20 en velours, ont choisi des modèles haute couture de Chanel. Fanny Ardant, présidente de la soirée, portait une robe en dentelle écrue de Givenchy. Jean-Paul Gaultier a réalisé spécialement une robe du soir pour Micheline Presle qui a reçu un César d’honneur. Arielle Dombasle a préféré Dior. Sandrine Bonnaire était dans une robe droite en dentelle à traîne de Marcel Marongio, dont elle est fidèle depuis que le créateur lui a réalisé une robe écarlate pour son mariage avec le scénariste Guillaume Laurent. Gérard Depardieu, l’homme à la moto - Venu féliciter sa fille Julie (César du meilleur jeune espoir féminin et de la meilleure actrice dans un second rôle), Gérard Depardieu n’a pas attendu la fin de la cérémonie pour s’éclipser. À 22h30, il a traversé les coulisses, son casque de moto sur la tête, et a enfourché sa puissante machine garée derrière le théâtre du Châtelet, puis a démarré en trombe, vêtu d’un simple costume, chemise ouverte, malgré un froid glacial, et s’est noyé dans la circulation. Un petit air de Chicago - La troupe de la comédie musicale Chicago de Bob Fosse, qui a inspiré le film Cabaret, à l’affiche actuellement du Casino de Paris dans une adaptation française signée Laurent Ruquier, comptait parmi les attractions de la 29e cérémonie des Césars retransmise sur Canal+, en clair. Stéphane Rousseau, l’interprète principal, et les danseurs ont fait coup double : ils étaient aussi, à la même heure sur France 2, les invités de Patrick Sébastien...
« Les invasions barbares » du Québécois Denys Arcand avec trois trophées, dont deux des plus convoités (meilleur film et meilleur réalisateur), et Julie Depardieu (meilleur second rôle et meilleur espoir féminin) sont les deux triomphateurs des 29es Césars décernés samedi soir au théâtre du Châtelet à Paris.

Le tout-cinéma français rassemblé pour la fête n’aura...