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Actualités - REPORTAGE

DOSSIER Semaine parisienne de la haute couture

Suite et fin ! Après Dior, Versace, Torrente, Christian Lacroix et Givenchy (voir notre numéro du 22 janvier), on ne pouvait pas faire l’impasse sur les somptueuses collections de Valentino et Jean-Paul Gaultier, ni surtout celle d’Élie Saab, vedette libanaise de la haute couture qui, de défilé en défilé, poursuit tranquillement son chemin vers les sommets. La semaine parisienne de la haute couture qui s’est achevée jeudi dernier réservait encore, avec ces trois géants de la mode, d’excellents moments à savourer. Élie Saab, une collection sous le signe de Gustave Moreau Dans ce milieu de la haute couture où les places sont chères et réservées aux plus grands, fort d’une clientèle internationale de plus en plus étoffée depuis le succès de l’actrice Halle Bery aux Oscars et sa somptueuse apparition dans une robe inoubliable conçue par lui, Élie Saab ne cesse d’innover. Loin des acrobaties à sensations d’un John Galliano ou des austérités volontaires d’un Karl Lagerfeld, Saab reste fidèle à l’image d’une femme simplement féminine et sensuelle. Avec ce couturier de stars et de princesses du Moyen-Orient, le sexy glamour est obligatoire et la retenue hors de propos. Une petite robe rose en tulle rebrodé se porte avec un perfecto ton sur ton. La dentelle et le croco rose pailletés alternent sur une petite veste. L’or est aussi une valeur sûre: brillant sur des robes drapées en mousseline rebrodées de paillettes dorées, matifié sur un tailleur jupe en brocart. Le soir est le terrain de prédilection de ce créateur qui multiplie les effets de dentelle, les broderies en surimpression, les envolées de rubans d’organza ou de volants. Les imprimés fleuris se font plus présents avec une préférence pour le rose et le vert tendres. À l’instar de ses maîtres qui ont souvent puisé leur inspiration chez les grands peintres et dans l’événement du moment, Saab a eu l’idée de génie de placer sa collection printemps-été 2004 sous l’égide de Gustave Moreau. Peintre des mythes et des chimères De fait, le 23 novembre dernier se clôturait à Paris une exposition dédiée à ce peintre, au musée de la vie romantique. Gustave Moreau, mort en 1898, peintre des mythes et des chimères, avait fortement inspiré les symbolistes et les surréalistes. Breton et Dali ont été les premiers à réhabiliter celui qui fut aussi le père spirituel des Fauves. Dans ses toiles, les couleurs éclatent, vierges et audacieuses. Ses personnages, surgis d’un rêve antique, sont issus d’une mythologie grecque dans laquelle interfèrent quelques éléments égyptiens, syriens ou même indiens. Ils évoluent dans des paysages d’une minutie infinie, noyés sous une profusion de décors fleuris, vêtus de transparences que la nature envahit d’une flore gracieuse. Dans cet univers imaginaire et réputé hermétique, le mystère exerce à lui seul la fascination. Ainsi, tout chez Moreau était matière à inspirer Élie Saab : le romantisme, les thèmes orientalistes, la grâce des nudités revêtues de broderies précieuses, la représentation allégorique de la femme : sensuelle et inaccessible à la fois. Cette collection a été accueillie avec bonheur, tant par les habituées que par les critiques pourtant peu amènes dans ce milieu. Jean-Paul Gaultier, samouraïs et défis techniques Mercredi, veille de la clôture, Jean-Paul Gaultier avait présenté une collection haute couture époustouflante autant dans les idées que dans la réalisation, comme s’il partait en guerre pour défendre un art, une profession au service du rêve. Douze salons d’essayages comme autant d’écrins. Quatre cents privilégiés ont pu voir de très près et même toucher – fait rarissime – 28 modèles tous plus éclatants les uns que les autres dont beaucoup étaient inspirés des tenues de «samouraï». Là, une veste galbée à laçages aux hanches arrondies comme une armure. Ailleurs, une invraisemblable combinaison-pantalon marron, appliquée d’éléments d’armure éclatés de galuchats brodés de métal. Chaque passage est un défi technique, l’un des plus insensés étant sûrement ce trench en peaux de python naturelles, transparentes comme du parchemin, reliées d’un point de Venise ou ce manteau en poulain perforé. Le costume masculin en alpaga marine sublime la femme le jour. Le soir, elle a envie de faire la fête avec une grande jupe plongeante brodée de toutes les couleurs ou une «simple» robe sirène en velours rose tyrien doublée de mousseline de soie changeante verte. Les coiffures savantes d’Odile Gilbert, construites à force de peignes en os ou d’écaille de tortue, subliment ces modèles uniques de même que les maquillages maori ou africains de Stéphane Marais. Les accessoires tribaux parachèvent cet instant magique. Chez Valentino, efficacité et séduction à toute heure La femme Valentino, elle, est une star du show-business ou une riche héritière. Elle ne se pose pas de question sur son pouvoir de séduction et «assure» dans une garde-robe efficace et luxueuse pensée pour elle. Le jour, elle se promène en tailleur matelassé ivoire au col poignets et poches brodées ou dans un autre, noir et gansé de satin blanc à petits nœuds joliment placés des épaules au bas de la veste. À l’heure du cocktail, elle ressemble presque à une Barbie chic avec ses imprimés à pois ou à carreaux vichy ou pied-de-poule noir et blanc. Le soir, elle se promène près de la mer dans de très riches robes longues brodées à l’infini de corail ou d’imprimé galuchat. Au fur et à mesure de la soirée, les effets de volants s’accentuent, les asymétries donnent du rythme. Une robe en taffetas chiné rouge et rose est aussi gainante d’un côté qu’elle semble relâchée de l’autre, grâce à une envolée de tissu. Les décolletés sont particulièrement soignés cette saison: brodés, drapés et, d’une manière générale, plutôt dégagés. RUBRIQUE RÉALISÉE PAR FIFI ABOU DIB
Suite et fin ! Après Dior, Versace, Torrente, Christian Lacroix et Givenchy (voir notre numéro du 22 janvier), on ne pouvait pas faire l’impasse sur les somptueuses collections de Valentino et Jean-Paul Gaultier, ni surtout celle d’Élie Saab, vedette libanaise de la haute couture qui, de défilé en défilé, poursuit tranquillement son chemin vers les sommets. La semaine...