Drogue L’Italie lance l’opération « Décollage » contre un trafic mondial de cocaïne

L’Italie a lancé hier, en concertation avec d’autres pays, un vaste coup de filet contre un trafic de cocaïne dirigé par d’importantes familles de la mafia calabraise, dans le sud de la péninsule, et approvisionné par des cartels colombiens. Plus d’une centaine de mandats d’arrêt ont été lancés dans toute l’Italie et une quarantaine à l’étranger dans le cadre de l’opération « Décollage », fruit d’une enquête commencée en 2000. 5,5 tonnes de cocaïne au total ont été saisies sur trois années, a précisé un porte-parole des carabiniers italiens, Franco Fantozzi. Les plus grosses prises ont été effectuées aux Canaries, en Espagne. L’opération, toujours en cours hier, a engagé un millier de carabiniers du groupe des opérations spéciales (Ros) en Lombardie, Toscane, Piémont et Ligurie, ainsi que des policiers de Colombie, du Venezuela, d’Espagne, des Pays-Bas, de France et d’Australie. Dans le port calabrais de Gioia Tauro, les enquêteurs ont intercepté hier des conteneurs en provenance de Colombie. 250 kilos de cocaïne y étaient dissimulés par paquets de 15 kilos à l’intérieur de lourds blocs de marbre. Les carabiniers ont reçu l’aide des pompiers pour extraire la drogue avec des marteaux piqueurs. La Colombie détient le record mondial pour la production de cocaïne avec 700 tonnes par an exportées aux États-Unis mais aussi en Europe, où la consommation de cette drogue est en plein essor, notamment pour un usage dit « récréatif ». Les narcotrafiquants utilisent plusieurs méthodes pour acheminer la cocaïne, mais la voie maritime est plus rentable, car elle permet d’acheminer de grosses quantités cachées dans des cargaisons de fruits tropicaux, poissons ou cuirs. Le coup de filet, coordonné par le parquet calabrais de Catanzaro, est le résultat de quatre ans d’enquête et de la collaboration d’un membre de l’organisation criminelle. « Cette opération a permis d’infliger un coup très dur à la plus puissante et impitoyable organisation criminelle italienne, la “Ndrangheta” calabraise », s’est félicité le ministre de l’Intérieur, Giuseppe Pisanu. Selon des sources proches de l’enquête, la drogue servait également au financement de groupes paramilitaires colombiens d’extrême-droite, au sein desquels le rôle joué par un membre de la famille Mancuso est notoire.