Iran - Étudiants et professeurs se joignent à la protestation des réformateurs Khamenei intervient pour trouver une solution d’urgence

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, est de nouveau intervenu dans les querelles entre conservateurs et réformateurs pour désamorcer une crise politique s’aggravant de jour en jour, dans le même temps, la principale organisation étudiante iranienne ainsi que les professeurs ont annoncé hier se joindre à la protestation des réformateurs contre le rejet massif des candidatures aux législatives du 20 février. Le tout-puissant ayatollah a décidé avec les chefs des trois pouvoirs de mandater quatre ministres pour trouver une solution d’urgence à la crise, a indiqué hier le président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi cité par Irna. Quelques heures après, le président réformateur Mohammed Khatami a exclu une annulation ou un report du scrutin en faisant valoir que les Iraniens avaient voté « même quand le pays était soumis à l’occupation d’une partie de son territoire et aux bombardements de l’ennemi », pendant la guerre contre l’Irak (1980-1988). Les ministres des Renseignements, du Pétrole, du Commerce et de l’Industrie, réputés pour ne pas être très proches des camps conservateur ou réformateur, ont jusqu’à demain après-midi pour travailler sur les circonscriptions où toute concurrence aurait été rendue impossible par l’invalidation des candidatures, a indiqué M. Karoubi. Le lendemain, le Conseil des gardiens, institution conservatrice clé, devra avoir remis au ministère de l’Intérieur, chargé d’organiser les élections, les listes de candidats révisés par ses soins. Le guide a déjà usé de ses pouvoirs en ordonnant au Conseil des gardiens, veillant au respect de la loi islamique et de la Constitution, mais ayant aussi la haute main sur la validation des candidatures, de réétudier les dossiers avec plus d’indulgence. Il a cette fois réuni MM. Khatami et Karoubi et le chef conservateur de la Justice, Mahmoud Hachémi Chahroudi. Cette réunion a « donné de bons résultats », a affirmé M. Karoubi. Selon lui, les quatre ministres peuvent « mettre de côté leur travail » habituel pour se consacrer à sortir la République islamique de la crise. Quelques heures après la rencontre avec le guide, M. Khatami a assuré que la consultation, dont le report aurait des conséquences incalculables, aurait bien lieu le 20 février. Toujours hier, une source au Conseil des gardiens, chargé de réexaminer les dossiers, a déclaré que sept cents candidatures aux législatives ont été repêchées jusqu’à présent sur les 3 605 rejetées. La plupart des candidatures revalidées l’ont été dans les circonscriptions du Grand Téhéran, a précisé cette source anonyme citée par l’agence officielle. Cette mesure ne semble cependant pas satisfaire. La principale organisation étudiante, ainsi que les professeurs de l’Université de Téhéran ont annoncé se joindre à la protestation des réformateurs. Un dirigeant du Bureau pour la consolidation de l’unité, Abdollah Momeni, a indiqué qu’au moins 50 étudiants avaient rejoint les parlementaires qui observent depuis le 11 janvier un sit-in au Parlement. Un groupe de professeurs de l’Université de Téhéran a également entamé un sit-in et un jeûne de la levée à la tombée du jour en guise de protestation. Enfin, l’ancien dauphin désigné de l’imam Khomeiny, le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri, a déclaré hier son soutien à la contestation des réformateurs et d’affirmer que « l’initiative prise par les députés d’organiser un sit-in pour défendre le droit du peuple iranien mérite notre estime car défendre les droits des opprimés est le devoir de tout individu doté d’une conscience ».