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Actualités - CHRONOLOGIE

Isesco - Le retrait du texte est impératif Eddé insiste sur la vocation pluriculturelle du Liban comme sur le respect du droit à la différence

Président de la Ligue maronite, l’ancien ministre Michel Eddé réclame avec insistance le retrait du projet de loi relatif à l’adhésion du Liban à l’Isesco, l’équivalent islamique de l’Unesco. Il souligne que l’on ne peut marginaliser des composantes premières du pays. Plaidant pour la défense du droit à la différence, il rappelle que l’âme libanaise se veut par essence, par vocation, par définition même, ouverte sur toutes les cultures. Évoquant par ailleurs l’attitude que le patriarche Sfeir adopte à l’égard de la présidentielle, le président de la Ligue relève que le prélat se soucie, avant tout, de prendre en compte l’intérêt de tous les Libanais. Ce faisant, il évite d’emprunter les dédales des listes de noms. Il souligne que l’heure est grave et lance dès lors un appel au rassemblement autour du président qui sera élu. L’ancien ministre a développé ces points au cours d’un entretien accordé à May Chidiac, sur les ondes de la LBCI. Interrogé sur l’Isesco, il a confirmé que le projet d’adhésion enfreint tout aussi bien la Constitution libanaise que le principe vital de la coexistence. Michel Eddé précise qu’il a été maintes fois question d’une telle adhésion durant les 22 dernières années. Mais que, de toute évidence, elle n’est pas possible. Car l’on ne saurait faire de la culture islamique, pas plus que de la culture chrétienne d’ailleurs, le seul pivot des programmes scolaires dans une nation composite. Or les dispositions Isesco prévoient, textuellement, d’imprégner « un caractère islamique à tous les aspects de l’art, de la culture et de la civilisation ». Il confirme que le patriarche Sfeir est entré en contact avec le chef de l’État qui, à son tour, a relancé le président de la Chambre pour que le projet soit bloqué. « Nous sommes, dit Eddé, ouverts à tous, et sur tous. Il n’existe pas chez nous de religion d’État. Notre culture se veut fenêtre sur toutes les civilisations. Nous réclamons le retrait du texte. Le gel ne suffit pas. le Conseil des ministres doit prendre une décision d’annulation de l’approbation de l’adhésion à l’Isesco. Aucune équivoque ne doit subsister à ce propos. » Le foyer flottant Passant à une autre question, le président de la Ligue remarque que la réconciliation nationale reste lettre morte pour l’heure. « Nous n’avons de cesse, souligne-t-il, de réclamer une vraie réconciliation nationale, assortie d’une entente nationale véritable. Pour tourner enfin la page de la guerre, dont les séquelles perdurent. La réforme doit être globale, portant sur tous les plans. L’on ne peut marginaliser certaines parties. Le principe premier tient dans le droit de tous à la différence, dans le respect, l’acceptation mutuelle de l’autre. C’est ce que commande l’essence même de la démocratie. » Il note que, dans ce cadre, il existe des failles depuis des décennies. Il est temps d’y mettre un terme si l’on veut réédifier la nation. Les divergences de vues ne signifient pas l’élimination d’autrui. « Pour une saine démocratie, martèle Michel Eddé, il faut tout simplement une loi électorale saine. Tout est dans tout finalement. Nous ne pouvons rester plongés dans un passé de rancune car cela engendre continuellement de nouveaux ressentiments réciproques. Nous devons vivre ensemble, dans le respect du droit à la différence. Nous devons, tous ensemble, respecter notre Constitution et les règles de coexistence qui fondent notre pays. Le Liban est, par nature, équilibre, modération et entente. » Les élections L’ancien ministre revient sur l’importante question de la loi électorale. Il indique qu’il faut, dans ce cadre, « nous débarrasser du système de copartage des intérêts personnels et de clientélisme. Nous devons étudier la question sur des bases équilibrées, sans tension. Il faut dépasser la culture de guerre et de défi. » Au sujet de la présidentielle, il estime qu’il est encore trop tôt pour en débattre. En déplorant que l’on en ait parlé trop tôt, il y a deux ans déjà. Concernant les spéculations sur une prorogation du mandat Lahoud pour une durée de deux ans, Michel Eddé répond que si des circonstances tout à fait exceptionnelles devaient justifier une telle mesure, cela ne devrait en aucun cas intervenir par le biais d’une réduction du mandat présidentiel à quatre ans renouvelable, ce qui justifierait dans ce cas une prorogation pour une durée de deux ans. Car une telle réduction du mandat présidentiel plongerait le pays dans un état d’instabilité chronique et dans une situation de campagne électorale ouverte dès la deuxième année du mandat. Ceci paralyserait la vie du pays et ouvrirait la porte à toute sorte de dérives, de surenchères, de compromissions et de tensions. Une prorogation de trois ans, en cas de force majeure seulement, serait sûrement préférable. Analysant, toujours en réponse à une question, les motivations éventuelles de la prorogation, il indique qu’elles pourraient découler par exemple d’une explosion généralisée dans la région ou d’une agression militaire grave et caractérisée. En soulignant qu’on ne saurait spéculer sur ce qui se passerait dans sept mois ou dans un an. Qu’il faudra alors voir si les conditions conjoncturelles sont, ou ne sont pas, extraordinaires. Interrogé sur la position du patriarche Sfeir, Michel Eddé souligne qu’elle n’est jamais confessionnelle et encore moins sectaire, mais qu’elle reste exemplaire, s’inspirant uniquement de l’intérêt national bien compris. L’ancien ministre rappelle que le patriarche s’est régulièrement trouvé par le passé en butte à des critiques, émanant aussi de parties chrétiennes, sans jamais dévier de la juste voie. Pour la présidence, le prélat n’a évidemment pas de préférences déclarées entre les fils de sa communauté maronite et il ne nomme ni nommera personne. Bien qu’il ait, tout aussi évidemment, un avis personnel. Cité comme candidat Michel Eddé remarque ensuite qu’il est considéré comme un candidat virtuel, tout comme plusieurs. Dont Nayla Moawad, Boutros Harb, Nassib Lahoud, Mikhaïl Daher, Robert Ghanem, Khalil Hraoui, Sleimane Frangié, Farès Boueiz et Jean Obeid qu’on cite régulièrement. Il rappelle qu’en 82, il était cité, tout comme en 88-89 puis en 98. « Puis-je empêcher les gens de dire que j’ai, comme d’autres, des qualifications m’habilitant pour la présidence ? Certes non. Pour ma part, je ne dis rien. » Il trouve d’ailleurs que la situation est si grave que chacun devrait prier pour que le Tout-Puissant vienne en aide à la personne qui serait élue. Autour de laquelle tout le monde devrait se rassembler. Tout comme il faudrait apporter son concours en cas de prorogation. Michel Eddé juge logique l’observation de Farès Boueiz selon laquelle chaque candidat a ses chances, en fonction de l’état des relations entre la Syrie et les États-Unis. Cela n’a du reste rien de nouveau, et le phénomène d’influence est perceptible dans bien des contrées du monde. Soumises à des facteurs internationaux, régionaux aussi bien qu’internes. À son sens, il faut surtout que la décision soit libanaise et qu’il y ait un consensus entre les Libanais. Tout en tenant compte d’une présence syrienne que l’on ne peut ignorer. De même, depuis Fouad Chéhab, les USA ont un avis, leur mot à dire d’une manière générale, mais sans interférer directement dans la décision. Interrogé encore une fois sur la prorogation vue sous l’angle du précédent Hraoui, Michel Eddé rappelle qu’en mai 1995, il y avait un élément de pression extérieure découlant du démarrage des négociations de paix. L’un des facteurs ayant joué en faveur de la prorogation avait été que l’article 52 de la Constitution dispose que c’est le chef de l’État qui mène les négociations. Il fallait donc assurer le suivi, la direction et le contrôle de la stratégie diplomatique libanaise. Le président Hraoui connaissait parfaitement le dossier. Par contre, tout président nouvellement élu aurait eu besoin d’un délai supplémentaire pour se familiariser avec le dossier et les documents en question. Ce qui n’était évidemment pas possible en plein milieu des négociations qui étaient très sérieuses. Elles l’étaient d’ailleurs tellement que les fanatiques sionistes, craignant l’aboutissement d’un accord de paix, avaient finalement assassiné le Premier ministre israélien Yitshak Rabin en novembre 1995, ce qui a abouti à l’arrêt des pourparlers. En réponse à une question sur la promesse faite aux émigrés par le président Lahoud durant son voyage au Brésil, l’ancien ministre approuve cette déclaration, mais remarque qu’il y a toujours eu déficience dans ce domaine jusqu’à ce jour. Que l’on a toujours traité avec la diaspora sous l’angle d’un profit immédiat quelconque et d’intérêts personnels. Que l’État, et malheureusement aussi l’Église n’ont pas traité cette question comme il aurait convenu de le faire en raison du potentiel extraordinaire que les émigrés constituent. Et bien qu’en définitive, le Liban vive en partie grâce à leur apport. Depuis quelques années, l’Église sous l’égide du patriarche Sfeir déploie de très grands efforts dans ce domaine. M. Eddé déclare qu’il est favorable pour qu’on accorde aux émigrés qui le désirent la nationalité libanaise tout en facilitant les formalités nécessaires. Et que l’on accorde à un ministère des Émigrés une place de choix, des moyens suffisants, loin de tout esprit sectaire ou de clientélisme. Il appuie l’idée du député Nehmetallah Abi Nasr d’octroyer des sièges à la Chambre aux émigrés. Et il suggère que ce projet peut être fusionné avec celui du député Serge Tour Sarkissian pour permettre également la représentation des émigrés arméniens. Enfin, au sujet du mur israélien de la honte, Michel Eddé y voit un aveu de défaite de la part d’Israël, qui se débat dans une crise existentielle. Il proclame qu’il est du devoir de tous de soutenir le peuple palestinien et son droit à un État indépendant sur son territoire.
Président de la Ligue maronite, l’ancien ministre Michel Eddé réclame avec insistance le retrait du projet de loi relatif à l’adhésion du Liban à l’Isesco, l’équivalent islamique de l’Unesco. Il souligne que l’on ne peut marginaliser des composantes premières du pays. Plaidant pour la défense du droit à la différence, il rappelle que l’âme libanaise se veut...