Rechercher
Rechercher

Actualités

Le premier ministre prend soin de respecter l’arrangement conclu avec les décideurs

Lors de sa discrète entrevue avec le président Assad aux alentours des fêtes, Rafic Hariri s’était retrouvé confronté à une alternative aussi simple que dirimante : soit il observe une stricte réserve verbale, pour assurer la viabilité de la trêve et de son propre gouvernement jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Soit il refuse de se cantonner dans le mutisme, au risque d’être invité à rendre son tablier. Autre condition posée au président du Conseil libanais : plus de prises de position concernant la présidentielle jusqu’à ce que la Syrie ait fait ses choix en fonction des données régionales ou internationales. Hariri, pour sa part, a choisi : il veut rester. Il ne transgresse donc pas la trêve conclue avec le régime. Et il se contente, pour l’histoire, de faire consigner ses réticences ou ses remarques sur les projets approuvés en Conseil des ministres, sans bruitage médiatique. Il en a été ainsi pour le cellulaire comme pour l’énergie électrique, les décisions adoptées n’étant pas vraiment, ou vraiment pas, du goût du chef du gouvernement. De la sorte, s’il y a dérapage, il pourrait prouver qu’il n’en est pas responsable. Si Hariri souhaite perdurer, ce n’est pas par attachement aux Trente. Pas parce qu’il pense qu’en étant au Sérail il serait mieux en mesure, le cas échéant, de faire barre à la reconduction. En bloquant à la source la possibilité d’amener à cette fin l’article 49 de la Constitution. Pour lui, c’est bien plus important que de paraître marquer des points çà ou là, à travers la poursuite des escarmouches interprésidentielles. Autrement dit, il pense que son silence de refoulement n’est pas trop cher payé, bien au contraire. Et que, peut-être, la Syrie lui saurait gré de lui épargner le sempiternel casse-tête des querelles entre dirigeants libanais, à un moment où elle a bien d’autres chats à fouetter, face aux pressions US et aux menaces israéliennes. Henri IV disait, en acceptant de se convertir au catholicisme, que Paris vaut bien une messe. Dans le même esprit, Hariri estime que l’espoir d’un nouveau président de la République, qui soit un ami, ou qui soit neutre, vaut bien le sacrifice de faire le dos rond pendant quelques mois. En acceptant la perte de charisme que cela provoque au niveau de la popularité sunnite. Car ses rivaux du club des présidents du Conseil passés ou futurs ne se privent pas de dénoncer le recul des prérogatives revenant à leur communauté commune. Cependant, certains estiment que l’enjeu des municipales, tout à fait considérable pour le leadership sunnite à Beyrouth, pourrait sortir Hariri de ses gonds. Et le forcer à dénoncer une trêve qui représenterait le pire des périls, le danger électoral. Mais la plupart des professionnels estiment qu’une telle vision est faussée à la base. Car, à Beyrouth comme ailleurs, les municipales ne sont pas marquées par des considérations de politique générale autant que par des empoignades localisées de quartiers. Où opposants et loyalistes peuvent se retrouver au coude-à-coude aussi bien que face à face. Partant de là, Hariri s’efforce de faire en sorte qu’il n’y ait pas bataille, cette fois, dans la capitale. Et que l’on mette au point une liste de coalition. Il a chargé plus d’une instance chrétienne de proposer des candidatures d’édiles représentatifs en promettant de les intégrer sans problème. Ses proches indiquent que même si cette tentative de non-bataille devait échouer, il n’est pas question que les municipales affectent la trêve conclue avec les lahoudistes. Car il n’est pas question d’indisposer les décideurs. Qui, du reste, conseillent à tous de tenter de s’entendre pour ces prochaines consultations populaires. Dans lesquelles, du moins à Beyrouth, le camp du régime ne semble pas directement concerné en tant que tel. Il reste une dernière hypothèse plausible : Hariri sortirait de son mutisme s’il devait être confirmé que la Syrie a opté pour la reconduction. Car alors, sa propre carrière serait sans doute sérieusement compromise. En effet, soit il n’aurait plus accès au Sérail, soit il y reviendrait, au titre de la nécessité économique, en étant strictement bridé et minoritaire au Conseil. On peut penser donc qu’en cas de prorogation annoncée, il aurait peu de choses à perdre s’il devait se remettre à dire ce qu’il pense vraiment. Émile KHOURY
Lors de sa discrète entrevue avec le président Assad aux alentours des fêtes, Rafic Hariri s’était retrouvé confronté à une alternative aussi simple que dirimante : soit il observe une stricte réserve verbale, pour assurer la viabilité de la trêve et de son propre gouvernement jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Soit il refuse de se cantonner dans le mutisme, au...