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Actualités - CHRONOLOGIE

La médiation allemande gagne en crédibilité au Proche-Orient

Le rôle crucial joué par l’Allemagne dans l’accord sur l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah résulte d’années d’efforts diplomatiques et signale l’importance croissante de sa médiation au Proche-Orient. Ernst Uhrlau, coordinateur des services secrets et proche du chancelier Gerhard Schröder, a négocié secrètement depuis 1996 pour obtenir un accord d’envergure sur l’échange de prisonniers et la restitution de corps. En 1999, premier succès : Israël avait relâché treize prisonniers libanais, qui avaient été transférés au Liban via l’Allemagne. En août dernier, il avait obtenu qu’Israël rende les corps de deux combattants du Hezbollah. Le quotidien Berliner Zeitung a salué lundi les efforts d’Ernst Uhrlau, qualifiés de succès « pour la diplomatie de la navette coordonnée par la chancellerie ». « Le ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer, le chancelier Gerhard Schröder, le président Rau, tous les membres du gouvernement qui sont allés en Israël ces dernières années ont rencontré à leur demande les proches des Israéliens disparus », a expliqué hier un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Le fait que Berlin ait servi d’intermédiaire est lié à la confiance dont l’Allemagne bénéficie dans la région », a-t-il poursuivi. Cette influence, les Allemands la doivent principalement à la neutralité qu’ils ont su cultiver au sein de l’Union européenne sur la question délicate de la paix au Proche-Orient. Soixante ans après l’Holocauste, l’Allemagne, consciente de sa relation spéciale avec l’État hébreu, s’est mobilisée sur des objectifs « humanitaires », tout en veillant à coordonner étroitement sa politique avec les États-Unis, reconnus comme le principal médiateur au Proche-Orient. « Chaque fois que les pays arabes ou Israël ont demandé de l’aide, l’Allemagne a tenté de faire quelque chose pour contribuer à une solution », souligne Christian-Peter Hanelt, expert pour le Moyen-Orient à la fondation Bertelsmann. Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) estimait lundi que « le rôle politique de Berlin au Proche-Orient est souvent et volontiers sous-estimé ». Le respect dont jouit le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, qui a effectué quatre tournées au Proche-Orient en 2003, donne à l’Allemagne une marge de manœuvre significative. Convaincu que la paix entre Israéliens et Palestiniens est la clé pour la stabilité de la région, il a réussi à conserver de bonnes relations avec les deux camps. « Israël lui sait gré de l’avoir défendu au sein de l’Union européenne. L’État hébreu estime que les Européens ont pris depuis longtemps le parti des Palestiniens. L’Allemagne est dans une certaine mesure exclue de ce jugement », analyse Muriel Asseburg, de l’Institut allemand pour les affaires étrangères et la sécurité. Les bonnes relations entre Berlin et Téhéran expliquent également la capacité allemande à jouer efficacement les médiateurs. « L’Allemagne a toujours tenté d’utiliser sa relation constructive mais aussi difficile avec l’Iran pour trouver des solutions et surtout pour laisser des canaux de communication ouverts », estime Christian-Peter Hanelt de la fondation Bertelsmann.

Le rôle crucial joué par l’Allemagne dans l’accord sur l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah résulte d’années d’efforts diplomatiques et signale l’importance croissante de sa médiation au Proche-Orient.
Ernst Uhrlau, coordinateur des services secrets et proche du chancelier Gerhard Schröder, a négocié secrètement depuis 1996 pour obtenir un...