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Actualités - ANALYSE

perspectives Les sujets chauds de l’actualité de la semaine seront éclipsés par l’échange de prisonniers avec Israël Le Hezbollah appelé, à terme, à se repositionner sur la scène locale

Semaine particulièrement chargée au plan de l’actualité locale. Les dossiers socio-économiques et administratifs s’accumulent sur la table du Conseil des ministres, mais en dépit de leur importance, ils seront occultés par l’échange de prisonniers avec Israël. La portée indéniable de cette opération reléguera au second plan les débats de la prochaine séance du cabinet qui s’annonçait pourtant cruciale à plus d’un titre. Le Conseil des ministres de cette semaine devrait être saisi en effet de deux dossiers (au moins) d’une brûlante actualité. Il doit examiner, d’abord, le rapport de la commission ministérielle qui avait été chargée de plancher sur l’affaire de la téléphonie mobile. Cette commission, réunie samedi sous la présidence du vice-Premier ministre Issam Farès, a adopté des recommandations qui pourraient déboucher sur des négociations avec les deux opérateurs actuels du réseau cellulaire (FTML et LibanCell) en vue de la conclusion d’un nouvel accord de gestion pour le compte de l’État. Ce qui signifierait l’annulation pure et simple du résultat de l’appel d’offres qui avait été lancé par le gouvernement en vue de la privatisation du secteur. Lors de la séance ministérielle de jeudi, il doit être question également d’une autre adjudication, non moins importante, qui a abouti à un résultat tout aussi surprenant que celui obtenu dans le cas de la téléphonie mobile. Il s’agit de l’adjudication portant sur la gestion et l’entretien des centrales électriques de Zahrani (au Liban-Sud) et de Deir Ammar (au Nord). Une seule entreprise – irlandaise – est restée en lice, les quatre autres sociétés étrangères qui avaient participé à l’appel d’offres ayant été disqualifiées. Le PDG de l’Électricité du Liban, Kamal Hayeck, a été invité à fournir au Conseil des ministres de cette semaine des explications sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulée cette adjudication. À en croire diverses sources concordantes, on se dirigerait dans cette affaire vers un scénario semblable à celui du cellulaire. Le résultat de l’appel d’offres serait annulé et des négociations seraient là aussi engagées avec la société en charge actuellement des deux centrales en vue d’aboutir à un nouvel accord de gestion. Dans l’un et l’autre cas, c’est la crédibilité du gouvernement qui risque de pâtir sérieusement, à l’échelle internationale, de cette incapacité à organiser des appels d’offres dans des conditions normales, loin de tout soupçon. Autre dossier auquel le gouvernement sera confronté dans les prochains jours : la grève générale de quarante-huit heures que les enseignants des écoles privées se proposent d’observer mercredi et jeudi afin d’obtenir la réactivation de leur mutuelle, pratiquement paralysée depuis un an et demi du fait du laxisme et des tergiversations des responsables. L’État sur la touche Parallèlement à ces échéances, le gouvernement s’est paradoxalement mis à l’écart du principal développement de la semaine : l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah. Le pouvoir s’est en effet contenté au cours des derniers mois de « suivre de près » et de prendre simplement note (comme l’a lui-même souligné hier le président Émile Lahoud) de l’évolution des négociations menées depuis plus d’un an par l’Allemagne avec l’État hébreu et le parti intégriste. Des négociations qui ont englobé également les autorités iraniennes, syriennes et égyptiennes, sans compter les Palestiniens. Côté libanais, seul le Hezbollah était directement impliqué. La passivité du gouvernement dans cette affaire s’inscrit dans la logique de la politique (très contestée) suivie par le régime depuis le retrait israélien du Liban-Sud, en mai 2000. Une politique qui revient à laisser le parti intégriste pratiquement seul maître du terrain dans la région méridionale. Du coup, c’est le Hezbollah qui a négocié la libération des prisonniers libanais non membres de son organisation ainsi que l’obtention des cartes délimitant les champs de mines que l’armée israélienne a laissés derrière elle après son repli. L’accord annoncé samedi soir par le médiateur allemand – et qui englobe plus de 400 prisonniers palestiniens et arabes – aura sans doute pour conséquence de donner au chef du Hezbollah une envergure régionale et une popularité dépassant le cadre strictement local. Ce dernier point a d’ailleurs été le principal argument soulevé par les membres du gouvernement israélien hostiles à l’opération. L’échange prévu cette semaine vient, en outre, à point nommé pour redorer quelque peu le blason d’une organisation qui est, plus que jamais, dans le collimateur de Washington. Mais pour le parti intégriste, il ne pourrait s’agir là que d’un acquis politique à court terme. Le retrait israélien du Liban-Sud lui avait déjà ôté (ainsi d’ailleurs qu’à la Syrie) une carte maîtresse qui constituait en quelque sorte sa principale raison d’être. Depuis mai 2000, sayyed Hassan Nasrallah a remédié à la situation en focalisant son discours mobilisateur sur la libération des prisonniers et le sort des hameaux de Chebaa. Avec le succès de l’opération négociée par l’Allemagne, son champ de manœuvre se trouve encore une fois sensiblement réduit. Et si les informations en provenance d’Israël faisant état d’un possible retrait des fermes de Chebaa se confirment, le Hezbollah se retrouvera alors pratiquement sans arguments pour entretenir son discours guerrier. Il pourrait, certes, être tenté de capitaliser sur son envergure régionale récemment acquise pour se poser en porte-étendard de la lutte palestinienne et en défenseur des droits syriens sur le Golan. Mais une telle attitude risquerait alors de le rendre plus vulnérable aux attaques israéliennes et américaines, car elle apporterait de l’eau au moulin de ceux qui s’emploient à lui attribuer, précisément, un rôle dépassant le cadre d’une résistance cantonnée au terrain local. À terme, l’échange de prisonniers devrait donc accélérer le débat sur le rôle futur du Hezbollah. Le parti intégriste est sans nul doute appelé, à plus ou moins brève échéance, à redéfinir sa stratégie et à se repositionner sur la scène politique libanaise s’il désire garantir sa survie. D’autant qu’il est déjà question d’une relance des négociations entre Israël et la Syrie grâce aux bons offices de la Turquie. Ce nécessaire repositionnement du Hezbollah implique, à l’évidence, de faire de grands choix. Non seulement de la part du parti intégriste, mais aussi au niveau des autres composantes socio-communautaires du pays. Car d’une certaine façon, c’est le devenir même de l’entité libanaise qui pourrait être cette fois-ci en jeu. Michel TOUMA

Semaine particulièrement chargée au plan de l’actualité locale. Les dossiers socio-économiques et administratifs s’accumulent sur la table du Conseil des ministres, mais en dépit de leur importance, ils seront occultés par l’échange de prisonniers avec Israël. La portée indéniable de cette opération reléguera au second plan les débats de la prochaine séance du...