INTEMPÉRIES - Lahoud demande aux ministères et aux mohafez de recenser les dégâts et d’y remédier L’État dépassé par les fureurs de la tempête

Le Liban a été balayé dans la nuit de jeudi à vendredi et jusqu’à hier dans la soirée par une importante tempête, qui se poursuivra sans aucun doute jusqu’à après-demain lundi. À tel point que le chef de l’État, Émile Lahoud, a demandé aux ministères concernés et aux différents mohafez de recenser dans le détail les dégâts provoqués par cette tempête dans les différentes régions du Liban et de prendre rapidement les mesures nécessaires visant à réparer, aider les plus touchés et se préparer contre d’éventuelles autres intempéries à venir. Une tempête polymorphe – la force des vents, aussi poussiéreux qu’un mauvais khamsin d’été, était impressionnante, à plus de 100 km/h ; la neige chutait dès 1 000 mètres ; les pluies étaient boueuses et diluviennes – et des dégâts recensés par dizaines sur l’ensemble du territoire. Ainsi, le réseau électrique a été fortement endommagé, provoquant des coupures de courant particulièrement longues dans presque toutes les régions ; la plupart des routes de montagne ont été bloquées et une grande majorité d’écoles fermées, etc. Quant aux prévisions météorologiques, elles sont loin d’être ensoleillées : pluies, orages, éclairs, vents et neige toujours à partir de 1 000 mètres. La zone de basse pression atmosphérique qui intéresse le Liban sera de plus en plus forte, jusqu’à atteindre des valeurs qui n’ont pas été enregistrées depuis fort longtemps. Tout cela à cause des vents polaires, qui entraîneront des chutes de températures, lesquelles seront, demain dimanche, en dessous des moyennes saisonnières de près de 5 degrés. Quant au trafic aérien, il a été fortement perturbé à l’AIB, où plusieurs avions à destination de Beyrouth n’ont pas réussi à atterrir, certains ayant même été forcés de se poser à Nicosie, Damas ou Amman, d’autres à retourner là où ils avaient décollé. Toutefois, le trafic aérien n’a pas été officiellement interrompu et la décision de changer la trajectoire des avions a été prise par les pilotes, effrayés par la force des vents d’ouest et de la très mauvaise visibilité. Ainsi, ont été déviés : le vol Francfort-Beyrouth de la Lufthansa, dont les passagers ont atterri à Larnaca ; un avion britannique (vol 6 505) en provenance de Londres et qui a dû se poser à Amman ; deux avions saoudiens, l’un en provenance de Médine détourné sur Damas, l’autre qui a dû retourner sur Jeddah ; deux avions de la compagnie Transméditerranéenne forcés d’atterrir l’un à Damas, l’autre à Larnaca ; et, enfin, un appareil de la compagnie yougoslave en provenance de Dubaï et dont les passagers se sont retrouvés dans la capitale syrienne. En ce qui concerne les dégâts causés par la tempête, signalons qu’à Batroun, la neige a rendu certaines voies sinon impraticables du moins très dangereuses, et entraîné la fermeture de la route Tannourine-Hadeth el-Jebbé et Tannourine-Laqlouq. Plusieurs arbres ont été déracinés et de nombreux villages ont été privés d’électricité. À Ehden, sur la route de Saydét el-Hosn, une division blindée de l’armée a sauvé et administré les premiers secours à sept personnes bloquées dans deux voitures encerclées par la neige, que les soldats ont réussi à dégager. Dans le Haut-Metn, où les écoles ont fermé leurs portes, la circulation sur les routes Dhour Choueir-Zahlé, Kornayel-Kfarselwan et Mdeirej-Dahr el-Baïdar a été fortement déconseillée par les FSI en raison de l’épaisseur de la neige et de la mauvaise visibilité. À Rachaya, plusieurs routes ont été coupées et les bulldozers du ministère des Travaux publics n’ont pas cessé d’œuvrer, souvent dans des conditions très difficiles, secondés par les FSI et la Défense civile, pour dégager les accès aux villages, privés de courant électrique. À Tyr, l’activité du port a été vivement perturbée par la tempête et la hauteur des vagues, qui éclaboussaient parfois l’artère principale de la cité phénicienne, celle séparant le port de la vieille ville. Quant aux pêcheurs, ils n’ont pas travaillé pour la troisième journée consécutive ; sans compter les dégâts importants dans les plantations d’agrumes, les bananeraies et les serres.