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Actualités - OPINION

PerspectiveS - Seule la Syrie pourrait rétablir la balance Amal-Hezbollah La vie en rose pour Nasrallah, et Berry broie du noir

Cela fait bien des années que la guéguerre Amal-Hezbollah couve, mijote même, sous un feu que Damas a toujours su doser au mieux de ses intérêts – et ce ne sont pas les accolades effusives et exhibées de Nabih Berry et Hassan Nasrallah qui y changeront quelque chose. En conservant au premier la deuxième présidence, en assurant au second une quasi- hégémonie milicienne et militaire au Sud, la Syrie a su préserver – carottes et bâtons aidant – une espèce d’équilibre souvent acrobatique entre les frères ennemis, un leadership bicéphale sur la communauté libanaise la plus importante démographiquement. Quelles couleurs, quelles formes vont désormais prendre les relations entre Amal et le Hezbollah ? Et que fera le tuteur syrien maintenant que tout, ou presque, a changé ? Parce que c’est au cours du discours qu’il a prononcé le soir même de l’arrivée à Beyrouth, en provenance de Cologne, des 21 prisonniers, que sa formation (et pas celle de Nabih Berry !) a spectaculairement réussi à arracher aux geôles israéliennes par le truchement de l’Allemagne, que le secrétaire général du Hezbollah a déterré publiquement la hache de guerre. En enjoignant au fantasque commandant libyen, Mouammar Kadhafi, de faire toute la lumière sur la disparition de l’imam Moussa Sadr, Hassan Nasrallah a pick-pocketé au président de la Chambre son credo historique, son argument électoral choc, une de ses raisons d’être au sein de sa communauté. Sans compter que d’une pierre, le patron du parti de Dieu a fait deux coups ; et en assénant devant huit mille personnes son respect « pour un ennemi (Israël) qui tient autant à ses hommes », il a dévoilé une autre de ses ambitions : celle de devenir un réel homme d’État, un postulant parmi d’autres au perchoir, qui se forge lentement une crédibilité certaine. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, la (trop) proche échéance municipale et les élections législatives de 2005 viennent cruellement rappeler à Nabih Berry que le triomphe et l’immense crédit – plutôt théoriques pour l’instant – que le Hezbollah en général et Hassan Nasrallah en particulier ont amassés avec la libération des prisonniers de guerre, risquent sans aucun doute de se concrétiser dès le 3 mai prochain. Surtout si le Hezb a l’intelligence de réduire progressivement sa branche armée au profit de sa représentation politique (une option que Hassan Nasrallah a récusée hier) – et sachant que les cadres de la formation écartent pour l’instant toute alliance avec Amal pour cette échéance printanière. Cela sans compter que sur le terrain, les altercations et autres pugilats entre les partisans des deux camps ont recommencé à se multiplier ces dernières semaines, et à tous les niveaux : que ce soit à la faculté de droit de l’UL de Sanayeh, où l’armée et les FSI sont intervenues pour évacuer le campus et en boucler le périmètre, ou dans le village de Yohmor, pour ne citer que ces deux cas. Et pour couronner le tout, c’est également sur le plan purement politique que les choses sont loin d’être roses pour Nabih Berry. Au regard notamment de l’alliance indéfectible à ce jour entre Baabda et le Hezbollah, des offensives certes encore timides mais charmeuses entre le parti intégriste et Bkerké (Kornet Chehwane n’est pas loin), ou de la récente attaque, purement joumblattienne, du seigneur de Moukhtara à l’encontre du n° 2 de l’État (et ses plaidoyers enflammés et continus en faveur de la Résistance), etc. L’affaiblissement du président de la Chambre (sur qui peut-il aujourd’hui compter, à l’exception du fragile soutien de Rafic Hariri) et le renforcement du secrétaire général du Hezbollah sont aujourd’hui incontestables. Dureront-ils ? Auront-ils des répercussions flagrantes sur la vie politique et sur la délicate équation libanaise ? Seule la Syrie pourra répondre à ces questions – et elle le fera certainement dans les semaines à venir. Ziyad MAKHOUL
Cela fait bien des années que la guéguerre Amal-Hezbollah couve, mijote même, sous un feu que Damas a toujours su doser au mieux de ses intérêts – et ce ne sont pas les accolades effusives et exhibées de Nabih Berry et Hassan Nasrallah qui y changeront quelque chose. En conservant au premier la deuxième présidence, en assurant au second une quasi-
hégémonie milicienne et...