CORRESPONDANCE - Mieux que gagner le million « Survivre » à Donald Trump dans un Reality Show

WASHINGTON-Irène MOSALLI Cette fois, il faut « survivre » à Donald Trump. C’est bien du célèbre magnat américain de l’immobilier qu’il s’agit. Il vient de s’investir dans un Reality Show intitulé L’apprenti et diffusé par la chaîne NBC. On avait vu les saisons dernières ceux qui avaient bien tenu le coup dans une île déserte et des couples qui avaient résisté à la tentation de l’infidélité dans un cadre paradisiaque. Aujourd’hui, la NBC a joué sur une « réalité » urbaine beaucoup plus proche du quotidien des gens. Ainsi, le producteur de Surviver, Mark Burnett, a fait appel à Donald Trump pour concocter une émission qui donne à voir huit hommes et huit femmes qui, chaque semaine, devront faire preuve de compétence et de savoir-faire financier pour mener à bien une affaire déterminée. Ce ne sera pas le million pour le gagnant, mais un gros lot tout aussi alléchant : il se verra confier, pour un an (et un salaire de 250 000 dollars), la direction de l’une des entreprises de Trump. Pour ce dernier, « il faut lutter avec acharnement à Manhattan comme dans une jungle, sinon New York vous mâche et vous crache». Du voyeurisme professionnel « Cette émission n’est pas un jeu, a-t-il encore déclaré, mais une interview professionnelle échelonnée sur treize semaines», la durée du show. À chaque épisode, il reviendra au médiatique millionnaire américain de dire au candidat éliminé: « Vous êtes renvoyé ! » En contrepartie, durant tout le temps du tournage, les candidats seront logés dans le luxueux immeuble (du nom de son propriétaire) Trump Tower, à New York et ayant pignon sur la 5e Avenue. La cerise sur le gâteau. Ceux qui aspirent à gagner sont de différents backgrounds. Il y a bien sûr les détenteurs de MBA ou de PHD de Harvard et d’autres grandes universités, mais il y a aussi les self-made-men et women. Tous cultivent la même ambition : réussir, devenir riches et même «requins», s’il le faut, pour accéder à la grande vie. À l’exemple du meneur du jeu, Donlad Trump, qui, semble-t-il, pour les stimuler, n’a pas hésité à se laisser filmer dans son somptueux duplex new-yorkais où tout est or, satin et œuvres d’art authentiques. Et où trône également sa nouvelle conquête, à la fois sculpturale et irréelle. Après que l’on ait fait miroiter ces merveilles devant les yeux des « apprentis », ces derniers n’ont plus qu’à se lancer avidement dans la compétition. Et celle-ci est aussi réelle que dans la vie. Le premier épisode consistait à mettre sur place un commerce de limonade dans la rue new-yorkaise durant une journée. Après avoir acquis la marchandise, il fallait trouver le moyen le plus bénéfique pour l’écouler. Les uns ont opté pour un prix de vente d’un dollar le verre, d’autres pour cinq dollars le verre. Un candidat désespéré a joué le tout pour le tout en tablant sur une griffe de rafraîchissement haut de gamme qui, si elle coupe la soif, laisse le prix dans le gosier : il propose son verre pour 1 000 dollars. Une limonade signée, fera-t-il valoir. Ces excès mis à part, le traitement des affaires se fait comme dans un véritable lieu de travail. Avec sérieux, études à l’appui et prise en considération du marché et de la concurrence. Et aussi, les heurts, les frictions et la jalousie entre collègues. À part le goût de l’aventure, les téléspectateurs pourront beaucoup apprendre en voyant opérer les futurs «moguls». Au cours des épisodes à venir, il leur sera demandé de concevoir, réaliser et rendre rentable des projets très variés : d’une campagne de publicité pour promouvoir une compagnie d’avions-services à la mise sur pied, dans un temps record, d’expositions d’art et de concerts rock. Ici, c’est un mélange de « travaillez prenez de la peine… » et de célébration de l’esprit des chiffres, de négoces et de compétitivité. Pour les téléspectateurs, une expérience de voyeurisme professionnel cette fois. Mieux que le voyeurisme tout court.