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Actualités - REPORTAGE

RUMEURS AFFAIRISTES Ce qu’ils en pensent

Dans le climat malsain qui règne actuellement au Liban et favorise la propagation de toutes les rumeurs, l’une d’elles a mis en cause le fils du président de la République qui, aurait, à l’en croire, profité des coupons de pétrole distribués par Saddam Hussein. Le député Émile Lahoud s’est d’abord tu, puis a choisi de présenter une note d’information au parquet, lui demandant l’ouverture d’une enquête sur cette affaire et mettant à sa disposition ses comptes bancaires, pour mettre en échec « la tentative d’assassinat politique » dont il est victime, selon ses propres dires. Cette démarche est-elle crédible ? Voilà ce qu’ils en pensent. Émile Lahoud, député du Metn Q : Votre nom a été évoqué ouvertement ou implicitement dans plusieurs affaires louches, et ce depuis longtemps. Pourquoi avez-vous attendu que le quotidien an-Nahar en parle clairement pour réagir ? R : C’est vrai que la campagne de discrédit orchestrée contre moi a commencé depuis longtemps. Depuis trois ans, les rumeurs les plus malveillantes me mettent régulièrement en cause et je sais que derrière tout cela, il y a des objectifs politiques. Mais certaines parties cherchent aussi à travers ces insinuations à régler des comptes personnels. Avant, je préférais me taire, convaincu qu’en répondant aux rumeurs, je leur donnais une certaine crédibilité. Et puis, je voulais éviter d’ouvrir la voie à une polémique stérile. Mais lorsqu’on a clairement cité mon nom, j’ai compris que je ne pouvais plus faire la sourde oreille et attendre que cela passe. Il s’agissait désormais d’une véritable tentative d’assassinat politique contre moi et contre le courant auquel j’appartiens. Car je ne suis pas seul en cause et c’est pour cela que j’ai réagi. Soit la justice prouve que les rumeurs malveillantes ont un fondement, soit mon innocence est clairement établie. Étant sûr de ma bonne foi, je n’ai pas peur d’avoir recours à la justice et d’affronter son verdict. J’ai d’ailleurs décidé de ne plus rien laisser passer et de réclamer l’ouverture d’une enquête sur chaque rumeur qui me met en cause. C’est pourquoi je demande à la société qui gère la mécanique des voitures de publier les noms de ses actionnaires, afin que tout le monde puisse constater que je n’ai rien à voir avec elle, ni de près ni de loin. Il y a tellement d’accusations lancées contre moi que si la moitié seulement était vraie, je serais déjà multimilliardaire... Q : Étant le fils du président de la République, la justice osera-t-elle mener son enquête jusqu’au bout ? R : « Il ne s’agit pas d’un problème politique, mais d’un dossier financier et judiciaire : soit il y a des fonds louches dans mes comptes en banque, au Liban et à l’étranger, soit il n’y en a pas. D’ailleurs, pour éviter qu’il n’y ait la moindre zone d’ombre, j’ai demandé que la déclaration faite au Conseil constitutionnel, sur mes avoirs, lors de mon élection en 2000 au Parlement, soit remise à la justice. Celle-ci pourra donc établir une comparaison entre ce que je possédais au moment de mon élection et ce que je possède aujourd’hui, quatre ans après. C’est une question mathématique qui ne souffre aucune interprétation. Personnellement, j’ai pleinement confiance dans la justice et j’ai annoncé, dans la note présentée au parquet, que j’étais disposé à accepter la levée de mon immunité parlementaire pour faciliter l’enquête. Que puis-je faire de plus pour démontrer mon innocence ? Que ceux qui possèdent des preuves contre moi les présentent à la justice, c’est le moment idéal pour le faire. Par contre, si mon innocence est établie, je demanderai à la justice de poursuivre pour diffamation les propagateurs des fausses rumeurs. Ma dignité et celle de ma famille ne sont pas un jouet entre les mains de la presse ou de qui que ce soit d’ailleurs. » Muriel Garaud, responsable du recrutement dans une compagnie pharmaceutique Q : Pensez-vous qu’Émile Lahoud a bien agi en demandant l’ouverture d’une enquête sur la rumeur qui le met en cause ? R : « Sincèrement, je pense que oui. Sa démarche s’inscrit dans un souci de transparence et je crois qu’il vaut mieux réagir aux rumeurs, sinon, les gens reprendront pour leur compte le fameux adage : “ Il n’y a pas de fumée sans feu. ”Certes, je ne dis pas qu’il faut tout le temps réagir, mais lorsqu’elles vont trop loin, il est indispensable de chercher à arrêter les rumeurs. D’autant qu’elles visent à créer un climat de suspicion, plutôt malsain, et qu’elles ont pour but de déstabiliser. Si elles sont fondées, ce ne sont plus des rumeurs, mais des faits établis. C’est pourquoi réclamer l’ouverture d’une enquête est une bonne réaction, car il faut arrêter ce cercle vicieux qui a pour principal objectif de dégoûter les gens et même de les pousser à la révolte. Je suis convaincue qu’Émile Lahoud a intérêt à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire. On ne peut plus continuer comme cela et utiliser les rumeurs comme instrument de lutte politique. » Q : Croyez-vous que la justice osera aller jusqu’au bout de l’enquête ? R : « Il faut l’espérer, l’enjeu est trop important pour laisser faire ou pour verser dans le compromis. Mais c’est justement là tout le problème de la confiance que les Libanais ont dans leur justice. Ce n’est pas seulement une question de perception, mais aussi le résultat d’un cumul d’incidents qui les poussent à croire que la loi ne suffit pas à les protéger. Émile Lahoud essaie de donner de lui l’image d’un homme transparent, et sa démarche paraît justifiée. Mais la réaction des gens obéit à des critères subjectifs et quel que soit le résultat de l’enquête judiciaire, il restera des doutes dans l’esprit de ceux qui ne croient pas en lui. En fait, bien peu de personnes liront les attendus du jugement définitif, qu’il soit en faveur de l’innocence de Lahoud ou qu’au contraire, il l’inculpe. Et les gens en parleront dans les salons, chacun selon ses affinités politiques. Prise sous cet angle, l’enquête judiciaire peut paraître inutile. En fait, elle est porteuse d’un grand message : en ayant recours à la justice, Émile Lahoud s’est placé au-dessous de la loi et tous les autres membres de la classe politique devraient suivre son exemple. C’est là, à mon avis, ce qu’il faut retenir de cette affaire. » Scarlett HADDAD
Dans le climat malsain qui règne actuellement au Liban et favorise la propagation de toutes les rumeurs, l’une d’elles a mis en cause le fils du président de la République qui, aurait, à l’en croire, profité des coupons de pétrole distribués par Saddam Hussein. Le député Émile Lahoud s’est d’abord tu, puis a choisi de présenter une note d’information au parquet, lui...