Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Éclairage - L’offensive de charme syrienne en direction de Bkerké ne fait plus de doute Joumblatt aujourd’hui à Damas après Obeid, Samaha, Pakradouni et Arslane

Que signifient ces contacts tous azimuts entrepris ces trois derniers jours par Damas avec autant de personnalités libanaises ? Après les ministres Jean Obeid, Michel Samaha, Karim Pakradouni et Talal Arslane, c’est aujourd’hui au tour des députés Walid Joumblatt et Gebrane Tok de s’entretenir avec le président Bachar el-Assad. Quel est donc l’objet de ces conversations, et qu’est-ce qui peut bien justifier, par exemple, un tête-à-tête de plus de trois heures entre MM. Assad et Samaha ? Ce dernier a promis à ce sujet des révélations exclusives à L’Orient-Le Jour demain soir, le temps de peaufiner ses contacts avec les personnes concernées ... Entre-temps, la tendance générale qui se dégage de ces contacts intensifs est encore et toujours à l’apaisement sur la scène locale. Mais s’il est clair que les ouvertures de Damas en direction de Bkerké et de l’opposition se multiplient, ce qui l’est moins en revanche, c’est le rôle que jouent dans ce cadre les nombreux interlocuteurs libanais du président Assad. Le fait est certes rare, mais certaines de ces personnalités annoncent d’emblée la couleur. C’est ainsi que, lors de son entrevue aujourd’hui avec le chef de l’État syrien, M. Joumblatt ne compterait pas du tout évoquer la présidentielle. L’ambiguïté qu’entretient à ce sujet le ministre des AE, Jean Obeid, est par contre symptomatique. De fait, il n’est guère plus prolixe que l’agence syrienne Sana dans sa façon d’exposer la teneur de sa conversation avec Assad. Les sources proches du palais Bustros indiquent en effet que les sujets abordés à cette occasion concernent les résultats de ses derniers contacts et visites diplomatiques, ainsi que la situation interne. On ignore toutefois si l’échéance présidentielle a été évoquée. Mais d’autres sources bien informées insistent sur le fait que M. Obeid a lui-même demandé à rencontrer le président syrien, et que si le député Mikhaël Daher a été invité à se rendre à Damas juste après lui, c’est justement pour couper court à toutes les rumeurs concernant un soutien hypothétique de la Syrie à la candidature du chef de la diplomatie lors du scrutin présidentiel à venir. Quoi qu’il en soit, le fond du message syrien n’a pas varié d’un iota : la précarité de la situation régionale impose à tous les courants libanais de taire leurs divergences et de régler leurs problèmes par le truchement des institutions officielles. Rassurer Bkerké En réalité, Damas cherche visiblement à rassurer Bkerké, à faire du patriarche maronite Nasrallah Sfeir un interlocuteur privilégié et le pivot d’une réconciliation nationale. En effet, les hommages à la modération de l’instance maronite n’ont pas cessé ces derniers jours. C’est ainsi que dans une interview parue lundi dans le quotidien an-Nahar, le ministre Karam Karam a insisté sur « le grand respect que le président Bachar el-Assad voue à la personne du patriarche Sfeir, surtout après ses dernières prises de position en faveur de la Syrie, victime des pressions américaines et internationales ». « Mgr Sfeir sait qu’on lui réservera le meilleur accueil à Damas quand il décidera de s’y rendre », a-t-il ajouté. De son côté, le ministre Karim Pakradouni a présenté hier ses vœux au cardinal maronite à l’occasion de la Saint-Maron, à la tête d’une délégation du bureau politique Kataëb. Il a en outre sollicité du patriarche une audience privée la semaine prochaine, qui s’inscrit d’une façon ou d’une autre dans le cadre de l’offensive de charme syrienne en direction de Bkerké. Une source proche du parti a ainsi confié à L’Orient-Le Jour que Damas souhaite plus que jamais favoriser tous les courants modérés, y compris au sein de l’opposition. Et si le président de la République Émile Lahoud continue à jouir de l’appui inconditionnel des dirigeants syriens, rien n’empêche que ces derniers se rapprochent aussi de toutes les autres parties, pourvu qu’elles fassent preuve de « modération », précise la même source. Par ailleurs, le député prosyrien Nasser Kandil s’entretiendra aujourd’hui encore avec le cardinal Sfeir, après avoir déjà appelé la semaine dernière à l’établissement d’un dialogue avec le Rassemblement de Kornet Chehwane. Et le ministre Assem Kanso a lui aussi lancé hier un appel dans ce sens, en vue de promouvoir « une réconciliation nationale globale ». Si certains membres du Rassemblement estiment que les démarches syriennes ne sont « pas sérieuses » dans la mesure où, selon eux, nombre des interlocuteurs du président Assad « ne représentent rien », et que c’est au chef de l’État libanais de jouer le rôle de rassembleur, d’autres, comme Dory Chamoun, préfèrent « espérer un dialogue sérieux ». De son côté, le député Boutros Harb a indiqué à L’Orient-Le Jour que s’il ne voyait pas d’inconvénient aux concertations entreprises par Damas, il continuait néanmoins à favoriser les relations et le dialogue entre États libanais et syrien. José JAMHOURI
Que signifient ces contacts tous azimuts entrepris ces trois derniers jours par Damas avec autant de personnalités libanaises ? Après les ministres Jean Obeid, Michel Samaha, Karim Pakradouni et Talal Arslane, c’est aujourd’hui au tour des députés Walid Joumblatt et Gebrane Tok de s’entretenir avec le président Bachar el-Assad. Quel est donc l’objet de ces conversations,...