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Actualités - OPINION

L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB ...Et re-Golan ?

Que croire, qui croire ? Dans le regain d’actualité que connaît depuis quelques jours le volet syro-israélien de la négociation de paix, il n’est pas aisé de distinguer entre percées réelles et classiques manœuvres, entre mystères de la crypto-diplomatie et grossières opérations d’intoxication : de faire la part du vrai, du plausible, du possible, du probable et du faux, tant s’est avéré coriace à ce jour le dossier du Golan. En appelant le mois dernier, par le biais du New York Times, à une reprise des négociations de paix interrompues en l’an 2000, le président Bachar el-Assad paraît avoir réussi à marquer deux points. D’une part, il se présente sous un jour favorable à Bush Imperator qui, malgré le Syria Accountability Act, malgré aussi les imprécations régulières des Wolfowitz, Pearle et consorts, vient d’envoyer un nouvel ambassadeur à Damas en la personne de Margaret Scobey : Washington manifestant ainsi son souci de préserver les canaux de communication les plus directs avec un pays qui reste un protagoniste essentiel du conflit proche-oriental. Et d’autre part, le Raïs syrien installe un débat au sein de l’establishment politique et militaire israélien sur l’opportunité d’une réponse aux ouvertures syriennes. Tout en exigeant que les pourparlers se déroulent sans conditions préalables, Ariel Sharon n’ a pas craint, lui, d’en poser deux, et de taille : la Syrie doit cesser son soutien aux organisations palestiniennes ainsi qu’au Hezbollah, et toute évacuation intégrale du Golan est absolument exclue. Sans verser dans une telle contradiction – mais sans plus de succès –, le président israélien Katsav a proposé pour sa part une irréaliste réédition syrienne du voyage d’Anouar es-Sadate à Jérusalem puis, hier, une rencontre « n’importe où ». Par-delà ces exercices de relations publiques cependant, quelque chose est peut-être en train de changer : c’est ce que laissent croire les fuites de la presse de Tel-Aviv, selon lesquelles Damas, après avoir longtemps insisté pour un retour au stade précis où s’étaient arrêtés les pourparlers avec le gouvernement d’Ehud Barak, accepterait désormais de repartir à zéro comme le président Assad l’aurait lui-même assuré au sénateur de Floride Bill Nelson. Ces fuites, il convient sans doute de les aborder avec les réserves d’usage, de même d’ailleurs que la révélation faite le week-end dernier par le chef de la diplomatie israélienne de récents, bien qu’éphémères, contacts secrets avec la Syrie. Ce qui ne fait pas de doute en revanche, c’est le style nouveau apparu à Damas et qui – au plan des relations internationales pour le moins – tranche avec le discours doctrinaire, les positions figées, voire l’immobilisme, qui étaient la marque des trente années de règne de Hafez el-Assad. Voilà bien en effet un jeune chef d’État qui bouge afin que bougent à leur tour les choses. Qui, en l’espace de quelques semaines et après des séjours concluants dans plus d’une capitale européenne, signe des accords avec l’UE, visite la Grèce, amie de longue date, puis la Turquie, hier encore perçue comme le ravisseur d’Alexandrette et comme le belliqueux allié d’Israël. Bachar el-Assad est-il vraiment prêt (et peut-il seulement) se dessaisir des engagements pris par Yitzhak Rabin puis repris par Ehud Barak, pour amorcer une renégociation de fond en comble ? Est-il en mesure de transiger sur les quelques mètres du rivage oriental du lac de Tibériade sur lesquels avait buté l’accord final sans devenir la cible des surenchères ? Détenteur d’un héritage aussi décisif que lourd à porter au double plan domestique et régional, contraint de tenir sérieusement compte des nouvelles donnes issues de la guerre d’Irak, le régime syrien se trouve aujourd’hui dans la plus délicate des postures : il est tenu d’offrir au monde – et singulièrement à la superpuissance US – un visage plus avenant, plus moderne, plus conscient des réalités géopolitiques, plus ouvert aux aspirations populaires, tout cela sans scier lui-même la branche sur laquelle il est assis. La logique le commande, et aussi la justice : ce visage nouveau, c’est dans son protectorat libanais trop longtemps soumis à la raison d’État – la raison d’un seul État – que Damas peut, à l’approche des échéances présidentielle et législatives, le donner à voir avec le plus d’éclat. Avec le plus de dividendes internationaux. Et qui mieux est, aux moindres frais.

Que croire, qui croire ? Dans le regain d’actualité que connaît depuis quelques jours le volet syro-israélien de la négociation de paix, il n’est pas aisé de distinguer entre percées réelles et classiques manœuvres, entre mystères de la crypto-diplomatie et grossières opérations d’intoxication : de faire la part du vrai, du plausible, du possible, du probable et du...