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Actualités - OPINION

La téléphonie mobile, un dossier éminemment politique

Selon certaines sources parlementaires, le chef du Législatif ne voit pas d’un bon œil le souhait manifesté par plusieurs députés qui comptent bien, au cours du débat budgétaire à venir et sur la base d’une interpellation, demander au gouvernement de poser la question de confiance. Parce que, avancent ces sources, Nabih Berry estime que ce genre de procédé ne sert à rien et ne résout aucun problème. Bien au contraire, il compliquerait tout, au vu de la situation actuelle. Le président de la Chambre préfère plutôt insister auprès des ministres comme auprès du premier d’entre eux sur la nécessité, pour eux, de renforcer leur rôle et de trouver une solution aux dossiers en suspens qui soit conforme aux lois et qui s’inscrive dans le cadre des institutions étatiques. D’autant que Nabih Berry se plaint. Déplore l’absence de plan et le manque de vision du cabinet. Regrette que le gouvernement ait transmis au Parlement un projet de budget 2004 vide de tout mécanisme visant à la réduction de la dette et du service de celle-ci. Et assure que c’est bien à cause de cela que les choses vont continuer à stagner, que l’épée de Damoclès qu’est cette dette publique continuera de menacer toute l’économie du pays. Les députés risquent fort d’ailleurs de consacrer une très grande partie du débat budgétaire à l’absence de ce plan en cinq points qu’ils attendaient du gouvernement, en annexe de la loi de finances. Un plan de redressement financier qui aurait redonné la part belle aux titrisations – jugées primordiales pour la réforme financière et pour lesquelles l’équipe Hariri s’était engagée dans la foulée de Paris II. Le Premier ministre avait même promis, lors de cette deuxième conférence des donateurs, tout un train de réformes, politiques, économiques et financières. Sauf que plus d’un an après, rien n’a encore été fait dans ce sens. Le président de la Chambre n’est pas le seul à s’étonner du fait que le gouvernement n’ait aucun plan, politique ou pas, qui guiderait son action. Un des ministres de l’équipe Hariri ne cache pas non plus sa surprise. Et sa colère. Pour lui, les débats en Conseil des ministres n’ont rien de sain, ne dépendent que des positions des uns ou des autres ou de la direction des vents. Une seule raison, encore une fois : le manque de vision et l’absence de toute ligne directrice. À tel point que ce ministre en question ne manque pas de rappeler que bon nombre de ses collègues évitent toute participation aux débats du Conseil des ministres, parce que les discussions manquent totalement de rigueur, et n’ont qu’une couleur, le politique. Dernier exemple en date, avance-t-il : le dossier du cellulaire. Le ministre précité assure qu’au cours de son avant-dernière réunion, le Conseil des ministres a refusé ne serait-ce que de discuter des remarques émises par les sociétés candidates à la gestion du réseau par rapport au cahier des charges. Un refus « dogmatique », qui n’a absolument pas fait dans les détails, et qui a occulté le tout en un clin d’œil. Au-delà de telle ou telle personnalité politique, c’est la quasi-totalité du microcosme qui n’a toujours pas compris pourquoi les pressions n’ont pas cessé de se multiplier contre le ministre de tutelle, Jean-Louis Cardahi, pourquoi tous les obstacles du monde se sont plantés les uns après les autres devant lui, pourquoi en est-on arrivé à entendre, un peu partout, que certains pôles du pouvoir se tiennent aux côtés des sociétés au lieu de soutenir le ministre dans sa mission ? La confusion et l’embarras des responsables, l’absence de clarté et de vision, l’absence d’unité ont eu un seul résultat : le cafouillage en Conseil des ministres, et la mise à l’écart ou l’abandon des opérateurs français, koweïtien, allemand ou grec. Finalement, les conflits au sein du pouvoir se sont répliqués, parfaites secousses sismiques, sur le dossier de la téléphonie mobile. Avec toutes les conséquences que l’on imagine : les sociétés ont fui, appréhendant le pire. « C’est d’ailleurs ce qu’avait prédit Jean-Louis Cardahi, ce contre quoi il avait mis en garde : les positions prises par tel ou tel qui rendent l’État à chaque fois un peu plus vulnérable », rappelle un ministre, toujours sous le couvert de l’anonymat. Un autre des Trente est d’ailleurs quasiment certain de l’issue de tout ce cafouillage : la commission ministérielle, assure-t-il, va annuler l’adjudication et en lancer une autre, sur la base d’un nouveau cahier des charges qui prendrait en compte les remarques des sociétés candidates. Parce qu’il serait tout à fait inadmissible d’occulter à ce point le critère de compétitivité et de concurrence au niveau des prix. Le seul impératif reste, dans tous les cas de figure, l’urgence d’une position unie et uniforme du gouvernement, et une définition bien claire des prérogatives du Conseil supérieur de la privatisation. Et une question, qui se pose d’elle-même : est-ce que le désastre de cette adjudication pourrait-il devenir le moteur grâce auquel le Conseil des ministres s’éveillerait et se déciderait à mettre sur pied une véritable vision de ce que devrait être la téléphonie mobile au Liban ? Philippe ABI-AKL
Selon certaines sources parlementaires, le chef du Législatif ne voit pas d’un bon œil le souhait manifesté par plusieurs députés qui comptent bien, au cours du débat budgétaire à venir et sur la base d’une interpellation, demander au gouvernement de poser la question de confiance. Parce que, avancent ces sources, Nabih Berry estime que ce genre de procédé ne sert à rien...