Le nouvel appel d’Emmaüs : « Ensemble, agir, dénoncer »

À l’issue de la 10e assemblée générale mondiale de l’association, tenue en novembre dernier au Burkina Faso, les 300 groupes Emmaüs venus de 4 continents et constituant le mouvement Emmaüs International ont adressé un message aux mouvements de citoyens et aux autorités politiques et économiques à travers le monde pour dénoncer les « nouvelles menaces pesant sur les plus démunis de la planète » et appelant à « une nouvelle mobilisation contre la pauvreté et les atteintes aux droits humains fondamentaux ». Les 31 janvier, 1er et 2 février 2004, une quinzaine de pays, dont le Liban, ont organisé plusieurs manifestations pour relayer ce message à l’occasion du 50e anniversaire de l’appel de 1954. Voici la déclaration, dite également la feuille de route, pour les cinquante années à venir : « Nous, groupes Emmaüs venant de quarante-sept pays et de quatre continents : Afrique, Amérique, Asie et Europe, réunis en assemblée générale mondiale à Ouagadougou (Burkina Faso) du 17 au 22 novembre 2003 autour de notre fondateur, l’abbé Pierre, avons traité du thème : « Ensemble, agir, dénoncer ». Après plus de cinquante années d’existence et de travail avec et au service des plus souffrants et des plus démunis de la planète, et à travers nos actions, nous faisons le constat suivant : • une misère galopante ; • un développement des maladies telles que le sida, le paludisme qui déciment les populations du Sud ; • une généralisation des guerres créées, entretenues et soutenues par des puissances extérieures, en lien avec certains pouvoirs locaux et dont les conséquences sont : le nombre accru des réfugiés et des personnes déplacées par suite de guerre, l’enrôlement des enfants soldats, la famine, les assassinats politiques, les assassinats de journalistes et de syndicalistes, etc ; • un pillage systématique des richesses des pays du Sud par des entreprises multinationales ; • une concentration des richesses entre les mains d’une poignée de personnes ; • une corruption généralisée en lien avec certains dirigeants politiques ; • une privatisation sauvage et imposée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), à travers les Programmes d’ajustements structurels dont les conséquences sont : les braderies d’entreprises, d’usines et des services, le chômage et les licenciements, etc ; • un accroissement des terrorismes et des intégrismes religieux de tout bord. « Nous dénonçons : • les puissances externes et internes qui provoquent et alimentent les guerres (ventes d’armes, trafics divers) ; • l’enrôlement des enfants soldats dans les différentes guerres et toutes les formes modernes d’esclavage : trafic d’êtres humains pour l’exploitation tant sexuelle que dans le domaine du travail, etc. ; • les politiques économiques et sociales perverses de la Banque mondiale et d’instances telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le FMI et autres programmes d’ajustements structurels ; • la mauvaise répartition des richesses de la terre, et surtout la privatisation de l’eau, de l’électricité et des services essentiels de la santé, de l’éducation et de la culture. « Nous interpellons : • la société civile à plus de responsabilité et d’initiative pour défendre les droits des populations en travaillant en réseau pour une prise de parole politique effective ; • les autorités de nos pays respectifs à être nos porte-parole dans les institutions et instances internationales ; • l’Organisation des Nations unies pour le règlement pacifique, juste et équitable des conflits ; • l’OMC, la Banque mondiale et le FMI pour la prise en compte des préoccupations des producteurs et des populations, plus particulièrement ceux des pays du Sud et d’Europe de l’Est, et pour un commerce équitable effectif ; • les gouvernants du monde pour que cessent les guerres et les ventes d’armes, et pour une meilleure répartition des richesses de la terre. »