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Actualités - OPINION

Présidentielle - Les expériences du passé gardent leur utilité Premières spéculations sur un choix consensuel de changement dans la continuité

La force et la faiblesse ont toujours été des mots-clés en politique. On se souvient ainsi du paradoxe lancé jadis par cheikh Pierre : « Le Liban tire sa force de sa faiblesse. » On retrouve une paraphrase de ce slogan au chapitre de la présidentielle locale. En effet, Raymond Eddé, en lice face à Charles Hélou pour la succession de Fouad Chéhab, s’entend lancer un jour par Édouard Honein : « Amid, votre force fait votre faiblesse, et sa faiblesse fait la force de Hélou. » Qui fut effectivement élu. Sa candidature avait été défendue auprès de Chéhab par deux membres du premier cercle, Fouad Boutros et Philippe Takla. Le camp nahjiste comptait d’autres postulants, dont Abdel Aziz Chéhab et Jean Aziz. Le président-général sortant a cependant estimé que Hélou pourrait le mieux prolonger son mandat dans la même ligne politique. Les similitudes archiconnues entre cette époque et les temps présents amènent certains à se demander si le même scénario ne risque pas de se répéter pour la prochaine présidentielle. Dans ce sens que l’on écarterait les candidats forts au profit d’une figure de conciliation. Pour le cas, bien évidemment, où l’on voudrait assurer une continuité du régime si la reconduction devait être impossible. Il s’agirait alors de choisir une personnalité consensuelle, ne faisant l’objet d’aucun veto, ni de la part des grands électeurs étrangers (la Syrie et les USA notamment), ni des parties locales, le président Lahoud en tête. L’inconvénient de cette formule serait que le pays se retrouve doté d’un président incolore, trop handicapé au départ pour assumer valablement ses charges. Cependant, nombre de députés soulignent que les ressemblances entre la période actuelle et les années soixante s’arrêtent au titre de président-général. Les circonstances, régionales ou locales, économiques ou politiques, sont radicalement différentes. Il n’y avait alors ni dette publique écrasante ni tutelle du même qualificatif. Par son autonomie, le Liban avait pu éviter de se laisser entraîner dans les guerres contre Israël. Et il attirait dans ses banques les capitaux fuyant les zones à risque. Ainsi, le Conseil des ministres, réuni sous la présidence de Hélou, n’avait pas hésité un seul instant à rejeter une demande syrienne d’installation de batteries d’artillerie dans la Békaa. Car cela voudrait dire, en définitive, que le Liban serait forcé à la belligérance militaire et aux conséquences que cela provoquerait sur tous les plans. Ces parlementaires se méfient en tout cas d’un choix éventuel basé sur la faiblesse même d’un candidat de compromis. Puisque l’on se réfère à Hélou, ils rappellent que s’il avait pu s’en tirer plus ou moins bien en temps de calme, il avait par contre buté dans la tourmente. Et n’avait pas pu imposer les décisions difficiles que l’État aurait dû prendre face au problème de la présence palestinienne. Pour commencer, il n’avait pas pu empêcher l’installation des bases de fedayine dans le Arqoub. Le gouvernement quadripartite s’était partagé. Et le président, prié de voter pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, avait préféré s’abstenir. Ce qui avait conduit au départ du cabinet. Par la suite, Hélou avait été contraint d’accepter la convention dite du Caire, qui a constitué en fait les prémices de la guerre domestique. Pour ces mêmes sources parlementaires, il est plus qu’évident que dans les délicates, les graves conditions actuelles, le Liban ne saurait être confié à un président faible. Or, comme le relève un dignitaire religieux, au niveau de l’ensemble des dirigeants, les composantes musulmanes sont représentées par leurs leaders populaires et politiques les plus marquants. Ce qui n’est pas le cas pour les chrétiens, particulièrement pour les maronites dont la présidence de la République est l’apanage. Il y a donc déjà déséquilibre numérique à ce niveau. Et l’on ne saurait évidemment le gommer en choisissant un président qui ne ferait pas le poids. Il est au contraire nécessaire, poursuivent les députés, de se rallier au panache d’un homme fort. Et de prévoir aussi des places pour des figures de proue chrétiennes dans les gouvernements à venir. Surtout que les chrétiens, trop marginalisés comme on sait, ont besoin de sentir qu’ils ne sont plus des laissés-pour-compte du pouvoir comme de la prise des décisions nationales. Mais encore faudrait-il, pour cela, que la communauté maronite sorte du cercle sismique des divisions internes dans laquelle elle évolue depuis quelques années. Car, comme le veut le dicton, seule l’union fait la force. Émile KHOURY
La force et la faiblesse ont toujours été des mots-clés en politique. On se souvient ainsi du paradoxe lancé jadis par cheikh Pierre : « Le Liban tire sa force de sa faiblesse. » On retrouve une paraphrase de ce slogan au chapitre de la présidentielle locale. En effet, Raymond Eddé, en lice face à Charles Hélou pour la succession de Fouad Chéhab, s’entend lancer un jour...