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Actualités - CHRONOLOGIE

Échange de prisonniers - Lahoud promet à Kharazi un complément d’enquête sur le sort des diplomates disparus en 1982 Vers une opération triangulaire entre le Liban, Israël et l’Iran

L’Iran, qui a facilité l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah via l’Allemagne, s’est engagé hier avec force dans la deuxième phase de cet accord qui prend l’allure d’une opération triangulaire entre le Liban, Israël et la République islamique. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, est arrivé hier à Beyrouth pour une visite de deux jours consacrée à des entretiens sur le dossier des quatre Iraniens disparus en 1982 au Liban, lors de l’invasion israélienne. Il a été aussitôt reçu par le chef de l’État, Émile Lahoud, qui lui a promis un complément d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire. M. Kharazi devait par la suite être reçu par le président de la Chambre, Nabih Berry, et se rendre au palais Bustros pour une réunion avec son homologue libanais, Jean Obeid. En soirée, il a rencontré au siège de l’ambassade d’Iran les deux principaux prisonniers intégristes récemment libérés par Israël, Abdel Karim Obeid et Moustapha Dirani. Le ministre iranien s’est fait accompagner des familles des quatre disparus : le chargé d’affaires iranien à Beyrouth, Mohsen Moussavi, le diplomate Taqi Rastegar-Moqaddam, l’attaché militaire Ahmed Motevasselian et un photographe de l’agence officielle iranienne Irna, Kazem Akhavan. Les quatre Iraniens avaient été kidnappés à l’entrée nord de la zone tenue à l’époque par les Forces libanaises, sur le barrage de Barbara. L’objectif principal de la visite est de « suivre le dossier des quatre Iraniens enlevés au Liban en 1982 dans une région chrétienne qui était contrôlée par une organisation dépendant d’Israël », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne. « Il y a un grand nombre d’informations qui indiquent que ces quatre Iraniens ont été transférés en Israël par voie de mer et nous espérons qu’après l’échange qui a eu lieu entre le Hezbollah et Israël (...) le tour des Iraniens viendra bientôt », a-t-il affirmé. Des sources officielles libanaises ont toutefois indiqué que lors de son entretien avec M. Lahoud, M. Kharazi a souligné que Téhéran ne considérait pas ces informations comme étant définitives. La première phase de la vaste opération d’échange avait abouti le 29 janvier notamment à la libération par Israël de plus de 400 Palestiniens et autres Arabes dont 23 Libanais, contre l’élargissement par le Hezbollah d’un colonel de réserve israélien et la restitution des dépouilles de trois soldats de l’État hébreu. Aux termes de la deuxième phase, des commissions regroupant toutes les parties doivent être immédiatement créées pour commencer à obtenir des informations sur le sort de l’aviateur israélien Ron Arad, capturé en 1986 au Liban-Sud, des quatre diplomates iraniens ainsi que de trois militaires israéliens disparus en 1982 dans la plaine libanaise de la Békaa lors de combats syro-israéliens. Selon l’accord, le Hezbollah obtiendra « dans les deux à trois mois » la libération du vétéran des Libanais prisonniers en Israël, Samir Kantar, qui purge une peine de prison à perpétuité, si la formation intégriste « fournit des informations substantielles » sur le sort de Ron Arad. M. Kharazi a réaffirmé que « Ron Arad n’est pas en Iran ». « Nous n’avons pas de rôle à jouer pour éclairer son sort, mais nous espérons qu’il sera fixé car cela aura un impact sur le destin d’autres détenus », a-t-il dit. La fourniture à Israël d’« informations substantielles » sur le sort de Ron Arad est cruciale pour la poursuite de l’échange, dans lequel M. Kharazi a directement impliqué le gouvernement libanais. Celui-ci avait adopté un profil bas jusqu’à présent, mettant en avant le Hezbollah. Mais au cours de son entretien avec le ministre iranien, M. Lahoud lui a dit que l’État libanais était « déterminé à poursuivre les investigations et collecter de (nouvelles) informations afin de contribuer à faire la lumière sur le sort des quatre diplomates iraniens ». Le chef de l’État a assuré à son interlocuteur que ce dossier « jouit d’un vaste intérêt libanais », et exprimé l’espoir que la deuxième phase de l’opération d’échange sera couronnée de succès. De sources bien informées, citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, on indique que des instructions ont déjà été données aux services de sécurité pour mener les investigations nécessaires. On s’attend, dans ce cadre, à ce que le chef des FL, Samir Geagea, soit interrogé dans sa prison. Rappelons néanmoins qu’à l’époque des faits, M. Geagea était en fonctions dans la montagne et n’avait aucun contrôle direct sur les activités du barrage de Barbara. Dans les milieux des ex-FL, on avait assuré il y a quelques années que les diplomates iraniens ont été tués et enterrés au Liban après leur capture. C’est ce qu’a réaffirmé hier le quotidien israélien à grand tirage Yediot Aharonot. Mais le fils d’un des diplomates, Raëd Moussavi, s’est dit « sûr qu’ils sont vivants en Israël ». M. Kharazi a aussi indiqué que ses entretiens portaient sur la formation de la commission pour poursuivre les négociations avec Israël, prévue dans l’accord sur l’échange de prisonniers et de dépouilles. « Nous avons demandé aux Allemands comment ils envisageaient la formation de cette commission, mais nous estimons que, d’ores et déjà, le Liban a un rôle essentiel à jouer dans la collecte d’informations sur les Iraniens, et le président Émile Lahoud m’a assuré que le Liban déployait tous les efforts possibles en ce sens », a-t-il déclaré. Ce qui laisse entendre que tout en s’impliquant davantage dans le processus, l’État libanais ne semble toutefois pas désireux de faire partie de cette commission.
L’Iran, qui a facilité l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah via l’Allemagne, s’est engagé hier avec force dans la deuxième phase de cet accord qui prend l’allure d’une opération triangulaire entre le Liban, Israël et la République islamique.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, est arrivé hier à Beyrouth pour une visite...