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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Irak - « L’ex-dictateur » se prenait pour le nouveau calife, estime la fille d’un opposant irakien assassiné à Beyrouth Nora Tamimi : « Je ne me suis pas sentie humiliée » par la capture de Saddam Hussein

« Lorsque j’ai appris que Saddam Hussein avait été capturé, je me suis rendue sur la tombe de mon père pour lui dire que le tyran était fini et son ère révolue », raconte Nora, une des sept filles de Taleb Souheil Tamimi, un opposant irakien assassiné en 1994 à Beyrouth par les sbires de l’ex-président irakien. « Non, je ne me suis pas sentie humiliée en tant qu’Irakienne par les images de sa capture diffusées par les Américains », raconte à l’AFP cette femme de 30 ans. « Pour moi, Saddam Hussein n’était pas le président de l’Irak, mais le chef d’un régime sanguinaire, et si j’avais pu être sur place lors de sa capture, je l’aurais déchiré de mes propres ongles », lance cette femme de 30 ans. Les Américains qui ont capturé le 13 décembre Saddam Hussein dans un « trou à rats » près de Tikrit (nord de l’Irak) l’ont montré hirsute et barbu, se faisant examiner par un médecin militaire américain. Ces images avaient choqué plus d’un dans le monde arabe et provoqué des manifestations hostiles en Irak. « Il se prenait pour le nouveau calife du monde arabe, falsifiant l’histoire et revendiquant un lien avec la famille du prophète Mahomet, mais son règne n’a été que la conjonction du régime dictatorial du Baas et des ambitions démesurées d’un homme dont la mégalomanie a longtemps servi les intérêts des grandes puissances », affirme-t-elle. « Après sa capture, nous avons, les sept sœurs, appelé notre mère qui vit à Amman pour la féliciter. Nous avons été débarrassées d’un grand poids qui nous pesait sur la poitrine, celui de l’injuste sort qu’a subi notre père », a-t-elle ajouté. Nora n’a jamais connu l’Irak que son père, de tendance monarchique, a fui en 1968 à l’arrivée du Baas au pouvoir. Disposant de soutiens dans le monde arabe et de passeports diplomatiques saoudien et jordanien, cheikh Taleb vivait en exil entre Amman, Londres, Ryad et Beyrouth. En 1993, fort d’appuis tribaux au sein de l’armée irakienne, il tenta un coup d’État contre Saddam Hussein, dont la répression le poursuivit jusqu’à Beyrouth, où il fut assassiné par des diplomates irakiens en poste au Liban. Cet assassinat entraîna la rupture des relations libano-irakiennes et l’emprisonnement des diplomates irakiens. Mais ces derniers furent libérés trois ans plus tard et les relations rétablies conformément au souhait de la Syrie qui avait entamé une politique de rapprochement avec l’Irak. Le grand-père de Nora, Ali, faisait partie de la quarantaine de notables irakiens qui avaient intronisé Fayçal Ier, placé en 1920 par les Britanniques sur le trône irakien après avoir été chassé par les Français de celui de Syrie. Aujourd’hui, une seule des six sœurs de Nora, Safiya, réside en Irak où elle s’est rendue en mai après la chute du régime irakien. Elle y poursuit, avec le soutien de sa tribu, le combat de son père pour un Irak « démocratique, indépendant et libéré des conflits religieux et ethniques » au sein d’une organisation non gouvernementale, affirme Nora. Son époux, Bakhtiar Amine, un Kurde, est haut placé au sein du Conseil de gouvernement transitoire irakien. Souhaitant la traduction de Saddam Hussein devant un tribunal irakien, elle estime que la fille de l’ex-président, Raghad, qui continue, selon elle, à défendre son père bec et ongle à partir d’Amman, « ferait mieux de se taire ». « Elle aurait dû parler lorsque son père était au pouvoir pour le convaincre de traiter le peuple irakien avec humanité ou, si elle en avait eu le courage, pour le désavouer », ajoute-t-elle.
« Lorsque j’ai appris que Saddam Hussein avait été capturé, je me suis rendue sur la tombe de mon père pour lui dire que le tyran était fini et son ère révolue », raconte Nora, une des sept filles de Taleb Souheil Tamimi, un opposant irakien assassiné en 1994 à Beyrouth par les sbires de l’ex-président irakien.
« Non, je ne me suis pas sentie humiliée en tant...