Terrorisme - L’attentat d’opérette contre l’ambassade US Les deux complices auraient agi sur un coup de tête

Mehdi al-Hajj Hassan et Abdel Karim Mreich encourent la prison à vie. Pour un coup de sang qui leur est monté à la tête. À la suite de l’assassinat du leader religieux chiite irakien Mohammed Baker al-Hakim, la haine viscérale des deux hommes pour les Américains s’est muée en un irrépressible désir de vengeance. Mehdi al-Hajj Hassan, 38 ans, est d’ailleurs un extrémiste notoire. Au milieu des années 80, il avait tenté de détourner un avion, afin d’obtenir la libération de l’imam Moussa Sadr. Après le meurtre de Baker al-Hakim, il avait préparé des bâtons de dynamite. Et convaincu Mreich, un collègue de travail, de les déposer, pour la somme astronomique de 10 000 LL (!) le 10 décembre dernier, à l’ambassade US de Awkar. Une véritable forteresse, comme on sait. Bien entendu, Mreich avait été intercepté avec son petit cadeau par les militaires libanais de garde aux abords de l’enceinte diplomatique. L’on devait alors apprendre que Mreich, qui s’était quand même vu promettre quelque 4 000 dollars en cas de succès, croyait à une grande opération. Il lui avait été dit que lorsqu’il se serait annoncé en jetant une grenade sonore à proximité de l’ambassade, un groupe lourdement armé planqué dans l’enceinte entrerait en action. Il pensait donc ne devoir servir que comme simple diversion à l’entrée, pour que les soldats libanais n’interviennent pas à l’intérieur. Sans réaliser la contradiction : son inspirateur lui avait en effet remis un colis, qu’il devait livrer à un employé de l’ambassade prénommé Fouad et qui était accompagné d’un billet signé M. H. En tout cas, deux jours plus tard, al-Hajj Hassan avait été cueilli à son tour. Et il avait passé des aveux complets. Révélant donc que ce que beaucoup de savants commentateurs avaient interprété comme un avertissement sans frais aux Américains, de la part de tel ou tel réseau (el-Qaëda en tête) n’était qu’un pétard mouillé d’amateurs. Qui se trouvent quand même passibles de la perpétuité, aux termes de l’acte d’accusation rendu hier par le procureur militaire, Georges Rizk. Le taxi qui avait conduit les deux hommes, un Palestinien du nom d’Ibrahim Ahmed Serhan, a été relâché faute de preuves à son encontre. En fait, ce chauffeur a indiqué qu’il avait été tout simplement hélé par les deux activistes, alors qu’il passait dans la banlieue-sud ! Ce qui prouve si besoin était le haut degré de professionnalisme des deux têtes brûlées.