COMMUNAUTÉS - Télé-Lumière ne peut pas être laïque, affirme le patriarche maronite Sfeir : Nous en avons assez de la politique

« Nous en avons assez de la politique, et les gens ont besoin d’autre chose. Ils ont besoin de valeurs morales et de principes sains leur permettant de se tracer et de suivre une voie qui les repose ». C’est en ces termes que le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, s’est adressé hier aux employés de Télé-Lumière venus lui présenter leurs vœux à l’occasion des fêtes de fin d’année. Contrairement à ce qu’a dit le PDG de la chaîne, Antoine Saad, dans son allocution prononcée devant le patriarche, Mgr Sfeir a estimé que Télé-Lumière ne pouvait pas être à la fois laïque et religieuse. Selon lui, du fait qu’elle appartient à l’Église, la chaîne est dans l’obligation de « respecter ses lois et de prêcher ses enseignements, alors que si elle est laïque, elle doit rester neutre. Or, a-t-il précisé, nous savons que Télé-Lumière ne peut pas être neutre en ce qui concerne les questions religieuses et morales ». De toute manière, aux yeux du cardinal Sfeir, la chaîne « ne se mêle pas de politique et, dans tous les cas, ne devrait pas du tout s’en mêler ». Et Mgr Sfeir d’ajouter : « Les téléspectateurs critiquent certaines émissions car, au lieu de les rassurer, elles les inquiètent, surtout quand il s’agit de polémiques de nature théologique » qui sont destinées à des groupes d’initiés plutôt qu’au grand public. Poursuivant ses critiques à l’adresse du média catholique, le patriarche maronite a déclaré : « Il y a un autre phénomène que les citoyens ne comprennent pas : parfois, Télé-Lumière présente dans ses émissions des religieux sans qu’on puisse effectivement les identifier comme tels. De fait, l’homme de religion qui veut prêcher doit porter les habits qui lui permettent de prendre la parole en sa qualité de religieux. » « Nous avons souligné plus d’une fois l’importance de ce détail, mais nos remarques n’ont toujours pas été prises en considération », a-t-il conclu, devant la délégation de Télé-Lumière. Le patriarche maronite a reçu par la suite l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, qui a indiqué avoir évoqué avec le cardinal Sfeir la situation sociale et économique dans le pays « à laquelle la France attache de l’importance ». Estimant que les secteurs public et privé devaient coopérer en vue de trouver une solution à la crise, M. Lecourtier a en outre déclaré, en réponse à une question concernant l’échéance présidentielle : « Nous n’intervenons pas dans les affaires intérieures du Liban, et cette échéance doit se dérouler dans le respect des lois et de la Constitution ». Parmi les autres visiteurs de Bkerké : le président de la Commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, Mikhaël Daher, l’ancien député Camille Ziadé, le ministre Michel Moussa, le député Sayed Akl et l’avocat de Samir Geagea, Joseph Nehmé. La veille, jeudi, le cardinal Sfeir avait célébré la messe du Nouvel An dans l’église de Bkerké, en présence notamment du président de la Ligue maronite, Michel Eddé, et du député Samir Azar. Son homélie a porté pour l’essentiel sur le message du pape Jean-Paul II prononcé à l’occasion de la Journée mondiale de la paix. De son côté, l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a célébré l’office du Nouvel An dans l’église Notre-Dame du Rosaire. « Pendant les deux dernières années, les peuples ont connu la haine et la mort, et l’Onu a été empêchée de jouer son rôle essentiel de garant de la paix permanente entre les peuples ». C’est ce qu’a notamment déclaré Mgr Matar dans son homélie, tout en priant pour que règne dans la région un climat de coopération et de paix.