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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE Ça n’arrive pas qu’aux autres

Première semaine de 2004. Au-delà des flons flons du bal, au-delà des bouchons de champagne qui ont sauté, au-delà de la bienheureuse réactivation des conseils de faculté de l’Université libanaise ou du sursis (scandaleux) dont bénéficieront les assurés sociaux pendant douze misérables jours, reste, ces sept derniers jours, le crash de Cotonou et ses effroyables séquelles. Sauf qu’au milieu de tout ce malheur, deux surprenantes réalités se sont imposées : le rapprochement des Libanais, de tous les Libanais, toutes confessions et toutes classes sociales confondues, d’une part, et, de l’autre, l’incroyable et inattendue efficacité des responsables politiques libanais. Unis dans le malheur, les familles, les proches et les amis des victimes de l’accident du Boeing 727 de la sinistre – mais apparemment roublarde et persuasive – UTA, et avec eux l’ensemble de leurs compatriotes, sont en droit d’exiger que des têtes tombent. Parce que des erreurs ont été commises, à différents niveaux ; qu’il y a eu sans doute préméditation, virtuelle ou pas ; que des négligences ont été fatales... Sans compter cette endémique inconscience de nombreux Libanais, toujours persuadés que leur bonne étoile reste plus forte que les dangers d’un avion ultrachargé. Ou que tout cela n’arrive qu’aux autres. Et ils l’ont pris, ce droit. Aux autorités maintenant de remplir leur devoir. Le Liban s’est justement empressé d’assurer qu’il est déterminé à obtenir justice en cas de négligence. Soit. L’ensemble des familles des victimes est en principe assuré d’obtenir ces indemnités substantielles certes, mais qui ne leur ramèneront ni leurs enfants ni leurs parents. Soit. Il n’empêche, les autorités locales se doivent, tout aussi prioritairement, de chercher, puis de dévoiler d’éventuelles et probables complicités locales. Et de les sanctionner. C’est de la sorte que les responsables libanais couronneraient en beauté le sidérant et formidable sursaut qui a été le leur quelques heures à peine après le crash de Cotonou. Comme s’ils avaient compris, pour la première fois ou presque, qu’il est plus que temps pour eux de faire – et de bien faire ne serait-ce qu’exceptionnellement – ce pour quoi leurs concitoyens les payent. Si seulement cet éveil n’avait pas attendu la tragédie. Mais à quelque chose malheur est bon. À condition que, désormais, les responsables libanais aient pris goût à l’éveil, au sens des responsabilités. À condition que, désormais, leur conscience professionnelle carbure aussi vite qu’au cours de cette dernière semaine de 2003. À condition, donc, qu’ils commencent à prévoir. Et à prévenir. Ziyad MAKHOUL
Première semaine de 2004.
Au-delà des flons flons du bal, au-delà des bouchons de champagne qui ont sauté, au-delà de la bienheureuse réactivation des conseils de faculté de l’Université libanaise ou du sursis (scandaleux) dont bénéficieront les assurés sociaux pendant douze misérables jours, reste, ces sept derniers jours, le crash de Cotonou et ses effroyables...