Communautés - L’engagement politique de l’Église n’est pas une ingérence, mais un devoir, souligne Sfeir Le patriarche maronite invite les fidèles à réagir aux questions du guide synodal

Le patriarche maronite a invité hier les fidèles de la communauté maronite, et plus généralement les chrétiens du Liban, à se sentir concernés par les questions que pose le guide du synode patriarcal, dont la première phase s’est achevée en juin dernier, et dont la deuxième phase doit s’ouvrir en juin 2004.
Résumant dans son homélie le sens du synode, le patriarche a commencé par affirmer que « c’est au tour des fidèles selon leurs compétences de répondre aux questions que leur propose le guide du synode patriarcal » afin de coopérer à l’établissement d’une culture d’Église, maintenant que les experts qui ont posé les documents synodaux ont achevé leur travail.
Le patriarche a prononcé son homélie en présence des membres de la commission d’information du synode patriarcal, et du secrétaire général du synode, Mgr Youssef Béchara, évêque maronite d’Antélias, qui a concélébré la messe.
Les fidèles qui souhaitent réfléchir sur les questions contenues dans le guide du synode ont jusqu’à fin janvier 2004 pour le faire, si l’on s’en tient au calendrier des travaux de cette seconde phase du synode, mais ce délai pourrait être retardé .
Le patriarche a notamment abordé, dans son homélie, le document synodal sur le renouveau pastoral et spirituel au sein de l’Église maronite. Il a insisté sur la mission des laïcs et « leur engagement à témoigner de l’Évangile ».
« Ils sont invits à insuffler un esprit nouveau et renouvelé dans le monde de la politique (...) afin de dépasser l’idée que celle-ci est un simple jeu d’adresse », a affirmé le patriarche.
Le chef de l’Église maronite a mis cette vision des choses en contraste avec la situation politique actuelle, où les jeunes « souffrent dans une patrie à la souveraineté spoliée et à la dignité bafouée, portant les stigmates de la guerre et de la corruption », qui n’épargne pas le monde de la Justice.

Dégradation générale
Abordant le troisième document synodal, qui parle notamment du rapport entre l’Église maronite et la question sociale, le patriarche a insisté : « L’Église maronite enseigne que l’autorité politique est indispensable à la préservation de la vie sociale. C’est pourquoi elle est contrainte de défendre la liberté de l’individu, l’intégrité territoriale et la souveraineté indivise de l’État. Cette tâche de l’Église n’est pas à considérer comme une ingérence dans la politique ou dans les querelles politiques, mais comme une responsabilité fondamentale qu’elle assume du fait qu’elle est la première responsable du destin des fidèles, de leur liberté, de la dignité de leur quotidien, de l’exercice des droits politique et des libertés publiques en général ».
L’Église, insiste aussi le patriarche, est responsable « de l’échelle des valeurs sans lesquelles les sociétés disparaissent », et déplore « qu’on laisse la famille s’empêtrer dans ses difficultés », en particulier le retard dans la nuptialité, avec ses conséquences à la fois morales et démographiques.
Enfin, sur les rapports entre l’Église et la terre, le patriarche Sfeir a rappelé que « dans nos traditions, la terre n’est pas une propriété dont on dispose comme on veut, mais un héritage des aïeux. Cet héritage nous lie d’une part au Créateur, d’autre part aux générations qui nous ont précédé (...) C’est une relation spirituelle. La terre nous donne beaucoup plus que les fruits et les saisons (...), elle nous donne une identité particulière et une histoire. Notre terre est une mémoire vivante et tout à la fois une école (...). Notre rapport à elle n’est pas seulement fonction d’un profit, mais également existentiel et humain ».
La façon la plus simple de se procurer le guide synodal est d’appeler le secrétariat du synode patriarcal au 09/225 923 ou au 03/627770. Signalons par ailleurs que le patriarche a reçu hier le président de la Ligue maronite, Michel Eddé. Mardi prochain, le patriarche publiera son message annuel de Noël.