Éclats passionnés, mélancolie, romantisme à la russe et une certaine élégance tout en grâce pour traduire les états d’âme de l’enfant de Novospaski et d’un musicien né dans une famille de Hambourg aisée et cultivée.
Premières mesures, vives et pimpantes, du Trio pathétique en ré mineur de Mikhaïl Ivanovitch Glinka, où la clarinette a toute la douceur du vent des steppes, le basson tout le mystère et les scintillements d’une neige qui s’étend à l’infini, et le clavier toute la richesse d’accords magnifiques aux chromatismes nacrés. Mélodie fluide et impalpable pour cette musique de chambre qui ne craint pas le brio sans toucher ouvertement à la bravoure.
Rythme, cadence et dialogue suprenants entre les trois instruments qui se séparent, se répondent pour mieux s’harmoniser en definitive dans un style presque concertant. Si l’esprit russe est omniprésent dans cette partition aux effets sonores brillants, il ne faut guère oublier (et savourer) les clins d’œil à l’Espagne, car Glinka fut conquis par le pays de Cervantès après avoir noué amitié avec Prosper Mérimée…
Changement d’horizon mais guère de ton avec le Concert n°2 en ré mineur de Félix Mendelssohn. Subtil dialogue entre la clarinette qui semble prendre le devant de la scène et le violoncelle aux rires ici bien perlés, tandis que le clavier, d’une éloquence discrète, est d’une lumineuse présence. Plaisante mais sans réelle profondeur, cette œuvre d’une grande force expressive illustre l’habileté du compositeur à présenter un ensemble d’un équilibre parfait. Trois instruments qui, chemin faisant, devisent avec cœur et courtoisie.
Trois gerbes de fleurs multicolores et un public ravi mais inassouvi de musique. Pour prolonger la magie, en bis, un Trio (le deuxième mouvement) de Beethoven. Oui, un bon concert c’est toujours court…
E.D.
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