Au nom de l’honneur arabe bafoué selon eux, ces responsables libanais s’interrogent sur la position qu’adoptent les États arabes par rapport à la manière utilisée dans l’arrestation. Ils vont plus loin encore en se demandant en substance si un État, aussi important qu’il soit, a le droit d’appréhender le chef d’un autre État. Pour eux, le commentaire de Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue, n’est pas suffisant, en regard de la gravité des faits. Car il est intolérable, même pour des gouvernements qui considèrent Saddam comme un tyran à combattre, de voir un dirigeant arabe, même déchu, traité de la sorte.
Ces mêmes personnalités minimisent la portée politique de la capture, du moment que Saddam a été évincé en tant que régime le 9 avril, lors de la prise de Bagdad. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui ni à cause de l’arrestation que le règne de Saddam est définitivement révolu. Les cadres cités reconnaissent cependant que le président Bush va tirer profit, personnellement et électoralement, de la capture. Pour tirer son épingle du jeu après avoir été malmené à l’intérieur, surtout par les démocrates, comme sur la scène internationale à cause de sa politique irakienne.
Bush, relèvent ensuite ces cadres, ne cache pas à son peuple que la capture de Saddam ne signifie pas l’arrêt des opérations irakienne contre son armée. Cette franchise doit permettre aux Américains de réaliser la difficulté d’une mission qui a commencé sous le prétexte de saisir des armes de destruction massive dont on n’a rien trouvé jusqu’à présent. Après la capture de Saddam, l’occupation par l’armée américaine d’un pays arabe ne se justifie plus, si elle avait en fait pour but d’éliminer le régime. Bush s’arme cependant, pour rester en Irak, d’un autre prétexte, celui de la lutte contre le terrorisme, soulignent ces sources libanaises. Ce qui permet aux compagnies américaines d’exploiter le terrain pour des milliards de dollars. Les forces US se maintiennent donc sine die pour protéger ces investissements, ajoutent ces personnalités.
Qui concluent en soutenant que le cas de la deuxième épouse de Saddam, Samira Shahbandar, signalée comme réfugiée au Liban sous un nom d’emprunt, avec son fils, grâce à l’octroi de passeports libanais, est tout à fait fictif. Selon ces officiels, le Liban s’est toujours conformé aux engagements pris à l’égard des Américains de ne pas accueillir Saddam, les siens ou les membres de la liste de recherchés diffusée par l’Administration US.
Khalil FLEYHANE
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