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JEUNES RÉALISATEURS - Ciné-réalité et fiction La très controversée Danielle Arbid(photo)

Ils sont jeunes, talentueux, un regard pointu et courageux porté sur le monde. Le choc des images et le poids des mots ne leur font pas peur. Les jeunes cinéastes pointent le bout de leur nez avec des réalisations de plus en plus personnelles. Qu’il soit commercial, intellectuel, tendre ou violent, leur travail mérite bien un regard. Le nôtre. « J’ai cette liberté totale de raconter ce que je veux, je peux dire la pire des choses, ce n’est que mon avis. » Danielle Arbid donne vite le ton, impose son caractère dès les premiers mots et une ambiguïté voulue, comme un flou artistique autour de son travail et de sa personne. «J’aime ce qui est sombre, les hors-champs. J’assombris mon image, pourtant je suis une fille très joviale. » Avec cet accent venu de nulle part, sur lequel est venu se déposer un parfum parisien, normal : « J’ai passé plus de la moitié de ma vie en France », elle se raconte, d’une voix neutre, voire indifférente, un peu comme celle qu’elle utilise en voix off, dans ses films. Une voix monocorde et une caméra qui pourraient dire les pires violences, souligner les plus grandes absurdités qui sévissent dans notre société, notre guerre et nos familles. En choisissant la ciné-réalité, à l’image de son metteur en scène de chevet Michael Moore, qui a réalisé le très beau Bowling for Colombine, Danielle joue, vacille entre le vrai et le faux, laisse planer le doute dans des films à la limite de la fiction et du documentaire. « J’aime qu’on se pose la question du faux et du vrai. » Avec elle, ça passe ou ça casse, mais ses films ne laissent pas indifférents. « Le documentaire de fiction est un genre nouveau où l’individu est roi», précise-t-elle.

« J’adore écrire »
Les mots ont toujours été ses alliés. À dix-sept ans, elle quitte le Liban pour entreprendre des études de journalisme et de lettres à la Sorbonne et navigue, cinq ans durant, dans les eaux de la presse internationale, en collaborant avec Courrier International, Le Magazine Littéraire ou encore Libération. « Jusqu’à l’âge de 27 ans, je n’avais jamais pensé au cinéma. Ça m’est tombé par hasard, j’écrivais des nouvelles et un ami m’a proposé de rédiger le scénario d’une nouvelle. » Ledit scénario est envoyé à la section « premier film » du Centre national de cinéma. « Je l’ai envoyé et oublié. » Six mois plus tard, elle remporte le concours et 12 000 $ pour faire le film. « J’ai finalement décidé de le faire moi-même. » Avec la précieuse collaboration de Hélène Louvart, chef opératrice, « elle m’a donné envie de faire des films », Raddem voit le jour. « J’avais trouvé ma voie ». Une voie jalonnée de films, car Danielle est une boulimique de l’écriture. « En 5 ans, j’ai fait six films. À chaque film, je me dis que c’est le dernier, un peu comme si je jouais avec une poupée qui continuait à m’impressionner. » Courageuse, voire impudique, il y a dans tous ses films, même les documentaires, une part d’elle-même qu’elle dévoile, sans limites ni concessions, en toute liberté. Elle a même abusé de cette liberté pour tourner un film « expérimental » sur son père, quelques mois avant son décès. « Il est extrême, d’une impudeur totale, avec une pointe de mystère. » Danielle, qui affirme et confirme qu’elle n’a peur de rien, rajoute : « Je contrôle mon image. Je suis consciente du premier et du second degré. » Manipulation ? Pourquoi pas quand c’est fait avec intelligence et talent.

Carla HENOUD

Filmographie

– 1998 : Raddem, court-métrage de fiction de 17mn. Double prix de mise en scène et du meilleur film au Festival de Beyrouth. Acheté et diffusé par France 2 et Arte
– 1999 : Le Passeur, court-métrage de fiction de 13mn, réalisé dans le cadre d’un concours de la Mission 2000 en France. Prix du Jeune jury européen au Festival d’Angers 1999. Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Mons en Belgique. Diffusé sur France2 et France3.
– 2000 : Seule avec la guerre, documentaire de 60mn. Diffusé sur Arte, RTBF, Télépiu, TV5. Léopard d’argent de la compétition vidéo au Festival de Lucarno 2000. Prix œcuménique au Festival de Leipzig en Allemagne. Mention spéciale du jury au Festival Dei Popoli à Florence. Prix du meilleur premier film à Hot Docs Toronto. Prix Albert Londres du meilleur grand reporter de l’année 2001. Prix du documentaire méditerranéen 2001 à Calabre.
– Novembre 2001/janvier 2002 : Étrangère, moyen-métrage de fiction de 46mn. Grand prix Festival de Vendôme 2002. Diffusion France2.
– 2002 : Aux Frontières, road-movie documentaire de 60mn. Lauréat de la Villa Médicis Hors-les-Murs.
– 2003: Conversation de Salon, installation vidéo de 10mn. Mention spéciale du jury au Festival d’Oberhausen 2003
– 2002-2003 : Dans les champs de bataille, premier long-métrage de fiction tourné à Beyrouth en avril-mai 2003. Actuellement en postproduction.
Ils sont jeunes, talentueux, un regard pointu et courageux porté sur le monde. Le choc des images et le poids des mots ne leur font pas peur. Les jeunes cinéastes pointent le bout de leur nez avec des réalisations de plus en plus personnelles. Qu’il soit commercial, intellectuel, tendre ou violent, leur travail mérite bien un regard. Le nôtre. « J’ai cette liberté totale de...