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La classe politique sceptique quant à la reconduction

Au stade actuel (mais tout dépendra en définitive des décideurs), la plupart des politiciens du cru sont sinon hostiles à la reconduction du moins sceptiques quant à ses chances. Ils avancent les arguments suivants :
– Le chef de l’État, principal intéressé, répète qu’il ne sollicite jamais rien pour lui-même. De fait, il n’a pas demandé l’amendement de l’article 49 de la Constitution. Une retouche dont il avait bénéficié, pour passer du commandement de l’armée à la présidence de la République, sans l’avoir requis. Comme l’article 67 de la Constitution prévoit que la révision de la Constitution doit se faire sur proposition du chef de l’État et que ce dernier se refuse à rien réclamer, le renouvellement ne sera pas demandé par l’Exécutif. À moins que le président ne modifie sa position. D’où la remarque du patriarche Sfeir, en réponse à une question : « Nous aviserons, quand le président Lahoud demandera » (l’amendement). Chéhab pour sa part avait refusé de le faire, malgré une motion-invite signée par 79 députés sur 99.
– Un précédent, un exemple, une démarche que la législature actuelle ne semble pas disposée à suivre. La majorité se dit en effet favorable au principe démocratique de l’alternance du pouvoir, protégé expressément par l’article 49. D’autant que la crédibilité même de la présidence est accentuée par la certitude qu’il n’y aura pas de rallonge indue. De plus, la Constitution n’est pas un hochet. Elle a été établie pour être respectée. Et ne devrait être retouchée que dans les cas de force majeure, quand l’intérêt national bien compris le commande. Dans cet ordre d’esprit, il est vain de soutenir que l’amendement ne se ferait qu’une seule fois, à titre exceptionnel. Car quand on manipule les textes une fois, rien n’empêche qu’on le fasse une seconde. S’il faut revoir les mécanismes établis, en décidant par exemple que le mandat présidentiel serait désormais de quatre ou cinq ans renouvelables une fois, les dispositions devraient s’appliquer au successeur du chef de l’État actuel, non à lui-même.
– Si d’aventure il devait se trouver dix députés (le minimum requis) pour présenter une motion en faveur du renouvellement, son adoption nécessiterait un vote aux deux tiers des membres constituant l’Assemblée nationale. On est très loin du compte aujourd’hui. De plus, la révision de la Constitution doit s’opérer deux mois au moins avant la fin du mandat, durant une session ordinaire ou extraordinaire du Parlement. Cela dans le cas où la procédure est enclenchée par l’Exécutif. Si c’est la Chambre qui prend l’initiative, elle doit le faire uniquement durant l’une de ses sessions ordinaires. En pratique, tout cela revient à dire que le débat sur le renouvellement n’est possible que durant la session de mars-mai prochaine. Après laquelle la Chambre est en congé d’été jusqu’à octobre, date de l’élection présidentielle elle-même. Du côté du gouvernement, le maintien des Trente, majoritairement contre la reconduction, rend cette dernière difficile.
– La Syrie, grand électeur, pourrait ne pas intervenir pour imposer l’amendement de l’article 49. En effet, jusqu’à présent, elle indique, par la bouche du président Assad, que le choix doit être laissé aux Libanais, pour peu que l’on respecte deux constantes : le patriotisme du candidat et son attachement à la cause arabe. Il est évident cependant que, pour des considérations diverses, la Syrie attend, avant d’arrêter sa décision définitive. Il est possible qu’elle ne se prononce qu’un ou deux mois avant l’échéance.
Émile KHOURY
Au stade actuel (mais tout dépendra en définitive des décideurs), la plupart des politiciens du cru sont sinon hostiles à la reconduction du moins sceptiques quant à ses chances. Ils avancent les arguments suivants :– Le chef de l’État, principal intéressé, répète qu’il ne sollicite jamais rien pour lui-même. De fait, il n’a pas demandé l’amendement de l’article...