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Vie politique - Tahsin Khayat a été accusé d’entretenir « des liens présumés avec Israël » et de porter tort à des « pays amis » Le propriétaire de la New TV arrêté samedi et relâché dimanche(photo)

Le propriétaire de la chaîne de télévision privée NTV, Tahsin Khayat, écroué samedi sous le motif d’entretenir des « liens présumés avec Israël », a été relâché hier soir. « L’acquittement le plus prompt pour l’accusation la plus hâtive », a commenté hier soir l’intéressé, joint au téléphone par L’Orient-Le Jour. De fait, on estime , dans les milieux politiques, que la relaxation de M. Khayat, un dimanche, a nécessité une mobilisation exceptionnelle de l’appareil judiciaire et de l’establishment politique, ce qui a permis de déroger à la sacro-sainte règle du maintien en détention jusqu’à lundi.
Conduit au ministère de la Défense, après son arrestation, M. Khayat a précisé avoir signé, avant d’être raccompagné chez lui, un document concluant l’enquête et l’innocentant de toutes les charges portées contre lui. Le document devrait être transmis aujourd’hui au procureur général près la cour de Cassation, Adnan Addoum.
L’enquête reste ouverte, a affirmé en revanche une source judiciaire anonyme citée par l’AFP, qui a ajouté : « Cette mise en liberté est motivée par le fait que les besoins de l’enquête ne nécessitent pas son maintien en état d’arrestation. M. Khayat s’est engagé à rester à la disposition de la justice durant la poursuite de l’instruction ».
M. Khayat, soupçonné d’entretenir des « liens présumés avec Israël » et d’avoir « porté tort aux relations du Liban avec des pays amis », avait été arrêté dans son bureau par la justice militaire après une perquisition dans les locaux de la NTV à Beyrouth.
« Je n’ai été ni soumis, ni servile », a répondu M. Khayat au sujet de sa période d’interrogatoire et des méthodes utilisées par les enquêteurs. Il a affirmé avoir été « correctement traité », mais s’est dit étonné de « la stupidité » des accusations qui lui ont été adressées.
« L’interrogatoire n’avait rien à voir avec les accusations, a-t-il précisé. On a multiplié les questions au sujet de mes voyages à Qatar et en Libye ».
Des sources proches de l’enquête judiciaire avaient affirmé que M. Khayat est accusé d’avoir établi des contacts avec des parties israéliennes dans l’émirat de Qatar, où Israël dispose d’un bureau de liaison, note-t-on.
Le PDG de la NTV a affirmé qu’au demeurant, ce n’est pas la première fois que les positions adoptées par la NTV dérangent, et que « l’abondant usage de la liberté d’expression » de la station dérange.
« Mon arrestation est une forme de pression sur la liberté d’expression », a enchaîné M. Khayat, sans exclure que la mesure soit destinée à l’empêcher de franchir certaines lignes rouges dans la couverture de l’affaire de la banque al-Madina. « Vous savez, a-t-il conclu, je suis encore tout étourdi par ce qui est arrivé », laissant entendre qu’il lui faudra du temps pour décanter tout ce qu’il a pu entendre durant les 24 heures de son arrestation. Le domicile de Tahsin Khayat, à Raouda, était envahi hier soir par les proches, les journalistes et les personnalités de tous bords, venus féliciter le PDG de la NTV pour sa libération.

Remous
L’arrestation de M. Khayat a provoqué des remous dans la classe politique, qui a dénoncé une « atteinte à la liberté d’expression ».
L’équipe de la NTV, le premier moment de stupeur passé, a contre-attaqué. La télévision, autorisée à continuer d’émettre, a diffusé sur ses écrans une série de communiqués rejetant les accusations du parquet militaire et suggérant que cette arrestation était due à la couverture de l’affaire al-Madina.
« Les accusations contre le PDG de la NTV sont inventées de toutes pièces et entrent dans le cadre d’une campagne d’intimidation visant à faire taire la NTV et à mettre fin à sa recherche de la vérité dans des affaires comme celles de la banque al-Madina », a affirmé la présentatrice du bulletin d’information.
L’arrestation de M. Khayat a également provoqué des remous dans la classe politique. L’ancien Premier ministre Sélim Hoss a exprimé dans un communiqué « son étonnement » vis-à-vis d’une telle mesure qui a frappé « une personne connue pour ses positions patriotiques et son courage en tant que patron de média ».
M. Hoss a émis la crainte qu’il s’agisse d’une « nouvelle atteinte à la liberté d’expression », soulignant qu’une autre télévision, MTV, qui avait fait écho aux positions des partis de l’opposition antisyrienne, « a déjà été réduite au silence ».
« La télévision de M. Khayat est connue pour son obstination à dévoiler (...) les dessous d’affaires qui ont fait la une des journaux ces derniers temps », a également indiqué M. Hoss, en allusion à l’affaire al-Madina.
Le président de la commission parlementaire des Droits de l’homme, Marwan Farès, s’est également élevé contre « l’arrestation d’un homme connu pour ses positions patriotiques » et a demandé sa relaxe immédiate.
L’ancien président de la Chambre, Hussein Husseini, s’est indigné de la manière dont cette arrestation a été opérée, affirmant qu’elle soulevait « les plus vives inquiétudes chez les Libanais ». M. Husseini a énergiquement rejeté les accusations de collusion avec Israël qui avaient été avancées pour justifier cette arrestation, affirmant que les « positions patriotiques et nationales » de M. Khayat étaient à l’abri de tout soupçon.
Pour sa part, le président de l’Ordre des rédacteurs de presse, Melhem Karam, a affirmé que cette affaire «s’inscrit en faux par rapport aux campagnes menées pour abolir l’arrestation préventive des hommes de presse ou la paralysie administrative, ainsi que par rapport au principe de la présomption d’innocence (...) Du reste, l’arrestation préventive doit être justifiée. Il faut par exemple que le domicile de la personne accusée soit inconnu ou que l’on redoute qu’elle s’enfuit. Était-ce le cas ? »
NTV a diffusé il y a quelques jours une longue interview de l’une des dirigeantes d’al-Madina, Rana Koleilat, dans laquelle elle avait menacé de dévoiler le rôle de « personnes haut placées ». La chaîne a indiqué dimanche que M. Khayat avait fait l’objet de menaces anonymes et de mesures d’intimidation avant son arrestation.
Al-Madina, rappelle-t-on, est une banque à capitaux libanais en cessation de paiement depuis plusieurs mois et qui fait face à un trou de 1,2 milliard de dollars.
Selon la presse libanaise et notamment l’hebdomadaire al-Chirah, cette banque aurait servi de relais pour des transferts de fonds irakiens, en particulier une partie du magot d’Oudaï Saddam Hussein, un des fils du dictateur irakien déchu, et tué en juillet. Al-Chirah affirme que l’entourage de personnes haut placées au Liban et dans d’autres pays arabes aurait trempé dans cette affaire.
La NTV a déjà eu maille à partir avec le Premier ministre, Rafic Hariri, proche du régime saoudien, qui a obtenu en janvier dernier la suspension temporaire des émissions par satellite de cette chaîne et l’interdiction d’une émission qui donnait la parole à l’opposition saoudienne à l’étranger.
M. Khayat, un homme d’affaires ayant fait fortune dans l’édition, est connu pour son hostilité envers M. Hariri, et pour son soutien au président Lahoud.
Le propriétaire de la chaîne de télévision privée NTV, Tahsin Khayat, écroué samedi sous le motif d’entretenir des « liens présumés avec Israël », a été relâché hier soir. « L’acquittement le plus prompt pour l’accusation la plus hâtive », a commenté hier soir l’intéressé, joint au téléphone par L’Orient-Le Jour. De fait, on estime , dans les milieux...