Société - Trois catégories de la population bénéficieront de l’initiative Caritas Liban lance un projet de développement à Jezzine

Caritas Liban vient de lancer un atelier de couture à Jezzine, dans le cadre du projet de développement initié il y a trois ans dans la région. Cofinancée par le gouvernement italien, l’ONG italienne Ricerca e Cooperazione et par Caritas Liban, cette initiative vise à venir en aide à certaines catégories de la population locale en leur offrant des opportunités de travail.
Le projet qui comporte plusieurs volets s’adresse tout d’abord aux veuves de la guerre en les aidant à subvenir aux besoins de leurs familles. Il bénéficie en outre aux artisans par le biais de l’amélioration de leurs compétences et en introduisant leurs produits sur de nouveaux marchés à l’étranger.
Il vise enfin à soutenir une troisième cible, les agriculteurs, très nombreux dans la région.
C’est dans cette perspective que Caritas Liban a organisé une session de formation à l’intention de quelque 30 veuves de la région de Jezzine.
Dix d’entre elles ont été enrôlées dans l’atelier de couture établi à cette fin.
« Je ne savais rien de la couture et je ne l’aimais pas. J’ai participé à la session dans le but de saisir une opportunité de travail. J’ai des enfants que je veux élever dignement », confie Mme Leila Raffoul Khawand. Mme Elham Harfouche Khawand, veuve depuis seize ans, affirme avec amertume : « Nous vivons des jours difficiles. L’individu est tout de suite condamné avec sa famille s’il ne travaille pas. »
Mme Gladys Abboud, couturière de profession, vient de perdre son emploi sans même avoir touché son dernier salaire.
« Les gens ne s’adressent plus aux couturières, déplore-t-elle. Quant à moi, cela fait trois ou quatre ans que je ne suis pas allée chez une couturière ou même dans un magasin pour acheter des habits. »
Le RP Élie Madi, président de Caritas, affirme que l’association s’est résolument rangée aux côtés des habitants de Jezzine dans les circonstances les plus délicates. Il ajoute : « Ce projet a été conçu durant l’occupation israélienne, mais il a été modifié et transformé après le retrait de l’armée de l’État hébreu pour répondre aux besoins actuels de la région et s’adapter aux orientations de développement socio-économique de Caritas. Il vise trois catégories de bénéficiaires choisies après une étude sur le terrain », précise le père Madi.
M. Joseph Aoun, secrétaire de la coopérative artisanale de l’industrie de Jezzine, relève pour sa part la pertinence du choix effectué par Caritas, qui a décidé de travailler avec les artisans en tant que groupe. « Quand l’association nous a demandé de quel type de soutien nous avions besoin, nous avons tout de suite écarté l’option de l’aide financière directe, souligne M. Aoun. L’ONG a alors invité un expert italien, M. Gian Luca, au Liban. Nous avons travaillé ensemble pendant 6 mois pour aboutir à de nouveaux modèles de coutellerie qui plaisent davantage aux Européens. Aujourd’hui, nous sommes très optimistes et nous espérons pouvoir être présents sur le marché européen prochainement. »
Pour M. Aoun, l’importance de l’intervention de Caritas, « c’est qu’elle va permettre de sauver un métier artisanal que les jeunes refusent d’apprendre. Peut-être seront-ils mieux motivés lorsqu’ils réaliseront qu’ils peuvent en vivre. Cela les aidera probablement à résister à l’appel de l’émigration ».
Quant au volet agricole du projet, il a porté sur l’achat de nouvelles machines, qui sont louées aux agriculteurs à des prix symboliques. « Nous contribuons en outre à la formation des étudiants en agronomie à l’Institut technique des pères antonins à Jezzine, dans le but de les faire participer à l’avenir au développement agricole de la région », a encore précisé M. Ciro D’Acunzo, le directeur du projet.