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TABLE RONDE - Au palais de l’Unesco Les associations culturelles au Liban : situation actuelle et concertations pour une action commune(PHOTO)

Le Comité national libanais de l’Unesco (pour l’éducation, le savoir et la culture) a réuni, au palais de l’Unesco, les représentants et les présidents d’une trentaine d’associations culturelles des quatre coins du pays pour une rencontre visant à développer entre elles des contacts et des échanges réguliers.
Le but de cette initiative n’est pas d’unifier les activités des différentes associations, qui ont chacune leurs particularités propres, ni même de mettre en place un organigramme commun, a déclaré en substance la secrétaire générale du comité de l’Unesco, Salwa Baassiri. Il s’agit plutôt de réfléchir ensemble sur la situation actuelle de la culture au Liban, d’en relever les faiblesses, les lacunes, d’en déterminer les priorités et d’essayer d’élaborer un plan d’action concertée pour une meilleure diffusion sur le terrain.
Au cours de cette première réunion, les débats – parfois enflammés – ont été surtout axés sur l’identité culturelle : arabe ou libanaise, sur le manque d’aide ou plutôt le quasi-désintérêt de l’État pour l’action culturelle et sur l’interaction entre politique et culture.

En perdition de terrain
Du nord au sud du pays, un même constat : l’intérêt pour la culture se perd de plus en plus. Certains y voient là la conséquence de la situation économique. Dans un pays où la classe moyenne (celle qui s’intéresse le plus à la culture) n’existe pratiquement plus, la priorité est évidemment donnée à la « survie » quotidienne. D’autres estiment que c’est là l’un des effets de la guerre et du changement social qui s’en est suivi. « On est bien loin des années cinquante et soixante, cette période faste de la vie culturelle au Liban où l’instruction et le savoir faisaient la valeur de l’individu. Aujourd’hui, c’est le culte de l’apparence qui prédomine et fait loi », a déclaré Nazih Kabbara, président du Conseil libanais culturel du Nord. Qui a expliqué cette inculture progressive par la médiocrité des programmes télévisés ainsi que par l’indifférence des médias qui, selon lui, ne couvrent que les événements culturels bénéficiant d’un grand renfort de publicité ou du patronage d’un homme politique.
D’autres encore pensent que ce mal est dû essentiellement à l’hégémonie d’une sous-culture de masse et qu’il n’est pas spécifique au Liban.

Autocritique
Quoi qu’il en soit, si des raisons externes ont sapé ces dernières décennies le travail culturel, les intervenants ont également procédé avec lucidité à une certaine autocritique. Ils ont reconnu que la culture avait parfois tendance à se scléroser au Liban. Qu’il y a une prolifération de conférences où le verbiage stérile l’emporte sur un réel sujet de débat. Que nombre de programmations dites culturelles sont d’un manque total d’intérêt. Bref que la culture n’est pas en train d’atteindre son objectif primordial, à savoir la diffusion de la connaissance dans toutes les classes sociales, « comme c’est le cas en Europe, où le paysan de la région la plus éloignée du pays peut vous parler aussi bien d’une musique de Bach que de ses droits et obligations de citoyen », a d’ailleurs indiqué, à titre d’exemple, le professeur Antoine Messarra, qui présidait cette assemblée.
La grande question de cette rencontre a également porté sur les moyens de parvenir à intéresser la jeune génération aux débats d’idées. « Comment entrer dans les maisons, les écoles, les universités pour atteindre la jeunesse ? Par quels moyens, quels médias, quelle manière de traiter les sujets faut-il les attirer ? » s’est interrogé Jean Hashem, du Club culturel de Zghorta. Les participants ont reconnu à l’unanimité qu’une « culture du changement » (dixit Antoine Messarra et Zouhayda Darwich Jabbour) est plus que jamais nécessaire.
Consolider la pratique culturelle au Liban, mettre en place une méthodologie de travail tournée vers les jeunes et redonner à l’intellectuel son rôle d’intervenant actif pour une évolution de la société, voilà globalement les objectifs de cette rencontre à l’Unesco. Des résolutions de solidarité et de changement à programmer au cours des prochaines séances.

Z. Z.
Le Comité national libanais de l’Unesco (pour l’éducation, le savoir et la culture) a réuni, au palais de l’Unesco, les représentants et les présidents d’une trentaine d’associations culturelles des quatre coins du pays pour une rencontre visant à développer entre elles des contacts et des échanges réguliers. Le but de cette initiative n’est pas d’unifier les...