La conférence de Naples s’ouvre mercredi prochain Obeid portera devant l’Euromed le dossier de l’implantation des Palestiniens

Le Liban va utiliser la tribune de la conférence ministérielle de l’Euromed, prévue mercredi et jeudi prochains à Naples, pour y mener sa campagne contre tout projet d’implantation des réfugiés palestiniens sur son territoire, à l’instar du texte actuellement à l’étude au Congrès américain.
De sources diplomatiques, citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, la conférence, qui doit réunir tous les États membres du partenariat euro-méditerranéen (les pays de l’Union européenne ainsi que douze États méditerranéens) aura, tout comme les précédentes réunions, à examiner trois grands volets : politique et sécurité d’abord, économie ensuite et, enfin, culture et société.
S’agissant du premier volet, l’ordre du jour de la conférence abordera en priorité le processus de paix au Proche-Orient, l’Irak, le terrorisme ainsi que l’immigration clandestine, un thème particulièrement sensible puisqu’une partie des pays de l’Euromed en est le point de départ et l’autre partie la destination.
Au sujet des questions économiques, les discussions doivent naturellement porter sur l’élimination progressive des barrières protectionnistes dans l’espace euro-méditerranéen, mais aussi sur l’opportunité de la création d’une branche de la Banque européenne d’investissement (BEI) couvrant spécifiquement cet espace. La BEI avait été créée au début des années quatre-vingt-dix pour venir en aide aux nouvelles démocraties de l’Europe de l’Est.
Enfin, la démocratie et les droits de l’homme (dans les pays méditerranéens) seront au centre des débats concernant le troisième volet. Il sera aussi, dans ce cadre, question de la création d’un institut euro-méditerranéen pour le dialogue des cultures et des civilisations.
Quatre villes sont actuellement en lice pour accueillir le siège de cet institut : Rome, Alexandrie, Nicosie et La Valette (Malte).
Selon le programme officiel distribué aux membres, un dîner de travail réunira mardi soir, à la veille de la conférence, les chefs des délégations et leurs proches collaborateurs pour passer en revue les principaux thèmes qui devront être débattus. Le lendemain matin, les ministres des Affaires étrangères de la troïka européenne (Italie, Irlande et Grèce) rencontreront leurs homologues arabes membres de l’Euromed, puis le représentant israélien. C’est à la suite de ces rencontres que la conférence sera officiellement ouverte.
À Beyrouth, le chef de la diplomatie, Jean Obeid, qui s’attelle actuellement avec les services concernés au palais Bustros à l’étude de cet ordre du jour, a l’intention de mettre à profit sa présence à Naples pour rencontrer, en marge des travaux de la conférence, ses homologues français, Dominique de Villepin, allemand, Joschka Fischer, britannique, Jack Straw, et italien, Franco Frattini.
M. Obeid s’efforcera principalement de les convaincre de se mobiliser pour contrer les risques d’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil en général et au Liban en particulier.
Le ministre tentera, à cet effet, d’arguer du déséquilibre démographique que l’implantation des Palestiniens provoquerait dans notre pays et de l’atteinte qui serait portée à la souveraineté libanaise mais aussi, selon lui, aux droits de l’homme.
M. Obeid examinera avec ses interlocuteurs les moyens de faire respecter le droit au retour des réfugiés dans le but d’affronter les velleités parlementaires actuelles en faveur de l’implantation. Rappelons à cet égard que le Parlement européen avait récemment adopté un texte en ce sens et qu’un projet similaire est à l’étude à la Chambre des représentants américaine.
Selon les sources diplomatiques citées par notre correspondant, plusieurs États européens ont toutefois assuré au Liban que la décision du Parlement de Strasbourg n’engageait en rien leurs gouvernements.
Outre le problème de l’implantation, M. Obeid devra aussi évoquer à Naples les menaces israéliennes contre le Liban et la Syrie. Il appellera l’Europe à exercer des pressions pour empêcher l’État hébreu de les mettre à exécution.