Justice Incident de Bteghrine : l’acte d’accusation retient la responsabilité d’un seul homme

Nahida Khaddage, juge d’instruction du Mont-Liban, a publié hier son acte d’accusation dans l’affaire de l’incident de Bteghrine, au cours duquel un député, M. Nassib Lahoud, et des personnes qui l’accompagnaient avaient été empêchés de se rendre à une invitation à déjeuner que leur avait adressée M. Gabriel Murr.
Les faits remontent au 26 juillet dernier. Invité à déjeuner à Bteghrine, M. Nassib Lahoud, constatant que des embouteillages empêchaient la progression de son véhicule sur la grand-route, emprunte une route secondaire dite route de Marjaba, qui s’avère impraticable, en raison d’une tranchée creusée sur toute la largeur de la chaussée pour faire passer une canalisation.
Ayant mis pied à terre et cherchant à avancer vers Bteghrine, à environ 2 kilomètres de là, le député et un groupe de personnes l’accompagnant sont interpellés par un groupe de jeunes gens qui leur demandent de rebrousser chemin. L’un d’eux brandit un kalachnikov et tire en l’air, pour montrer qu’il possède des arguments dissuasifs. L’incident avait fait scandale, ce jour-là et soulevé un tollé dans les milieux de l’opposition.
L’enquête menée par Nahida Khaddage concernait des agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) et des sympathisants ou partisans du député Michel Murr.
Les agents des FSI interrogés sont le colonel Talal Naufal Saad, le capitaine Ibrahim Youssef Antoun, l’adjudant-chef Jacques Gebrael Jabbour et le caporal Hussein Abdel Karim Mohieddine. Tous ont été arrêtés le 29 juillet pour les besoins de l’enquête et remis en liberté le 4 août.
Le groupe de sympathisants et partisans de Michel Murr comprend : Jean Jamil Saliba, Négib Mikhaël Saliba, Chadi Négib Saliba, Karim Raji Murr, Wissam Wadih Samaha, Antoine Farès Saliba et Élias Eid Samaha. Tous ont également été arrêtés entre le 26 juillet et le 4 août, pour les besoins de l’enquête.
Les agents des forces de l’ordre avaient été accusés de négligence et de silence complice dans un crime en rapport avec leur mission de sécurité. Tous les interpellés, y compris les agents, ont été accusés de tirs d’intimidation, de faux témoignage et d’obstruction à la justice.
Toutefois, l’enquête a démontré qu’il n’y a pas eu négligence dans l’accomplissement de leur devoir de la part des agents des FSI, et que l’embouteillage qui s’était produit dans le centre de Bteghrine, et qui a considérablement ralenti la circulation, n’était pas intentionnel, mais dû à la défaillance mécanique d’un autobus.
L’enquête fait état aussi d’un incident opposant le photographe du Safir, Ahmed Azakir, à des natifs de Bteghrine irrités par son comportement professionnel. L’homme avait entrepris de prendre des photos de l’embouteillage monstre qui s’était produit, ce qui avait irrité un homme qui lui avait réclamé sa pellicule. Il avait fallu l’intervention des agents des FSI pour calmer les esprits. Cet incident avait rendu l’embouteillage dans le centre de Bteghrine encore plus dense.
Par ailleurs, l’acte d’accusation précise que, alertés par les voies hiérarchiques de l’incident qui s’était produit avec le parlementaire Nassib Lahoud, les agents des FSI ont accompli leur devoir sans délai, mais qu’ils sont arrivés trop tard sur les lieux.
En définitive, le juge d’instruction a prononcé un non-lieu dans le cas de dix des onze personnes interrogées, précisant que l’accusation de faux témoignage ou de recel d’informations lancée contre les agents de l’ordre est infondée.
Mme Khaddage n’a finalement décidé de porter plainte que contre l’auteur des coups de feu d’intimidation, Élias Eid Samaha. Ce dernier sera poursuivi pour menaces et port d’arme prohibé. Il risque un maximum de deux ans de prison.