L’assemblée commence d’abord par rappeler que l’émigration n’est pas un phénomène nouveau au Liban. Selon les dignitaires catholiques, l’exode des jeunes a certes atteint son apogée lors des « événements douloureux » qui se sont déclarés en 1975. Ils constatent malheureusement que le mouvement s’est amplifié davantage encore durant les dix dernières années, c’est-à-dire depuis la fin de la guerre, et ce « dans toutes les régions et dans toutes les communautés » sans exception.
Or le communiqué impute essentiellement à l’État la responsabilité de cette vague d’émigration. Il constate en effet que les dirigeants au pouvoir n’ont toujours pas réussi à rétablir la souveraineté du Liban sur l’ensemble du territoire et à « redonner confiance aux gens ». Résultat : « La crise politique bat son plein (...) d’autant plus qu’une partie de la population domine l’autre », affirment les prélats catholiques avant de préciser : « Ceux qui sont proches des pôles d’influence monopolisent de ce fait toutes les fonctions de l’État, et une simple divergence d’opinions suffit à justifier le rejet d’une catégorie déterminée de la population qui devient condamnée de surcroît à jouer le rôle de bouc émissaire. »
Manifestant sa grande inquiétude vis-à-vis de l’émigration incessante des jeunes qui, selon elle, se tranforme en « hémorragie », l’Assemblée des patriarches et des évêques a exhorté les responsables au pouvoir à réagir au plus vite et à cesser d’avoir « une attitude méprisante à l’égard des générations montantes ».
Les moyens
de freiner l’exode
Mais les prélats ne se contentent pas de constater l’impuissance des autorités à régler le problème et préconisent eux-mêmes une série de solutions à tous les niveaux.
– Sur le plan politique, ils réclament notamment l’application intégrale de l’accord de Taëf, « un prélude indispensable à l’assainissement du climat politique dans le pays et à l’élimination des causes de tension actuelle ». Pour les dignitaires catholiques, l’application de Taëf encouragerait effectivement « toutes les forces bien intentionnées à contribuer à la reconstruction de la patrie ».
– Le communiqué demande aussi aux jeunes de s’attacher davantage à leur terre, et les appelle à « construire une société conforme à leurs aspirations de même qu’aux valeurs de libertés et de droits de l’homme ».
Plus concrètement, les prélats incitent les jeunes Libanais à suivre l’exemple de ceux qui, dans les pays occidentaux, n’hésitent pas à trouver des emplois intérimaires dans les secteurs de l’agriculture ou des services. « Même si ces travaux sont modestes, on ne devrait pas avoir honte de les exercer », ajoute le communiqué.
– Le service du drapeau : les patriarches et les évêques catholiques ont souligné la nécessité d’une révision de la loi sur le service militaire. Selon eux, il convient de l’amender en y introduisant « un programme permettant aux conscrits de suivre des sessions techniques qui faciliteraient par la suite leur intégration au marché du travail ».
Par ailleurs, le communiqué exhorte les autorités officielles à « prendre des mesures radicales concernant le Libanais né ou résidant à l’étranger depuis plus de cinq ans ». Selon les prélats, « les conditions actuelles (du service militaire) poussent de nombreux émigrés à éviter d’inscrire leurs enfants auprès des représentations libanaises à l’étranger, et les éloignent progressivement de la mère patrie ».
– Sur le plan économique : se référant à de récentes statistiques, l’assemblée constate que 70 % des Libanais émigrent pour des raisons économiques. D’où, selon elle, la nécessité de créer de nouveaux emplois et de protéger la main-d’œuvre et la production nationales de la concurrence étrangère.
Les dignitaires catholiques appellent en outre l’État à élaborer « un plan de développement général et équitable englobant toutes les régions du pays, notamment les espaces ruraux ». Soulignant d’autre part le rôle que l’Église est à même de jouer dans la promotion du secteur touristique à travers les pèlerinages qu’elle peut organiser à l’intention de ceux qui souhaitent « un retour aux sources », le communiqué a encouragé les écoles et établissements pédagogiques à ajouter au programme scolaire une matière en rapport avec « le patrimoine national et religieux ».
Exhortant enfin l’État à se préoccuper davantage de la diaspora en œuvrant notamment à l’unification de ses rangs au sein de l’Union libanaise culturelle mondiale, les patriarches et les évêques catholiques ont dénoncé l’attentat de Ryad avant d’adresser leurs vœux aux Libanais, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le 22 novembre, et à la communauté musulmane, à l’occasion du Fitr qui sera célébré la semaine prochaine.
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