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Communautés - Patriarches et évêques se penchent sur les problèmes des jeunes Libanais Les prélats catholiques réclament l’application intégrale de l’accord de Taëf

L’Assemblée des patriarches et des évêques catholiques a consacré sa 37e session annuelle au thème de l’émigration et de la diaspora, passant au crible les différents problèmes qui incitent les jeunes Libanais à prendre le chemin de l’émigration. C’est ainsi que les prélats réunis pendant six jours à Bkerké sous l’égide du patriarche maronite Nasrallah Sfeir ont réclamé dans leur communiqué final publié samedi une révision de la loi sur le service du drapeau de sorte que les parents établis à l’étranger n’hésitent pas à inscrire leurs enfants auprès des ambassades ou consulats libanais.
L’assemblée commence d’abord par rappeler que l’émigration n’est pas un phénomène nouveau au Liban. Selon les dignitaires catholiques, l’exode des jeunes a certes atteint son apogée lors des « événements douloureux » qui se sont déclarés en 1975. Ils constatent malheureusement que le mouvement s’est amplifié davantage encore durant les dix dernières années, c’est-à-dire depuis la fin de la guerre, et ce « dans toutes les régions et dans toutes les communautés » sans exception.
Or le communiqué impute essentiellement à l’État la responsabilité de cette vague d’émigration. Il constate en effet que les dirigeants au pouvoir n’ont toujours pas réussi à rétablir la souveraineté du Liban sur l’ensemble du territoire et à « redonner confiance aux gens ». Résultat : « La crise politique bat son plein (...) d’autant plus qu’une partie de la population domine l’autre », affirment les prélats catholiques avant de préciser : « Ceux qui sont proches des pôles d’influence monopolisent de ce fait toutes les fonctions de l’État, et une simple divergence d’opinions suffit à justifier le rejet d’une catégorie déterminée de la population qui devient condamnée de surcroît à jouer le rôle de bouc émissaire. »
Manifestant sa grande inquiétude vis-à-vis de l’émigration incessante des jeunes qui, selon elle, se tranforme en « hémorragie », l’Assemblée des patriarches et des évêques a exhorté les responsables au pouvoir à réagir au plus vite et à cesser d’avoir « une attitude méprisante à l’égard des générations montantes ».

Les moyens
de freiner l’exode
Mais les prélats ne se contentent pas de constater l’impuissance des autorités à régler le problème et préconisent eux-mêmes une série de solutions à tous les niveaux.
– Sur le plan politique, ils réclament notamment l’application intégrale de l’accord de Taëf, « un prélude indispensable à l’assainissement du climat politique dans le pays et à l’élimination des causes de tension actuelle ». Pour les dignitaires catholiques, l’application de Taëf encouragerait effectivement « toutes les forces bien intentionnées à contribuer à la reconstruction de la patrie ».
– Le communiqué demande aussi aux jeunes de s’attacher davantage à leur terre, et les appelle à « construire une société conforme à leurs aspirations de même qu’aux valeurs de libertés et de droits de l’homme ».
Plus concrètement, les prélats incitent les jeunes Libanais à suivre l’exemple de ceux qui, dans les pays occidentaux, n’hésitent pas à trouver des emplois intérimaires dans les secteurs de l’agriculture ou des services. « Même si ces travaux sont modestes, on ne devrait pas avoir honte de les exercer », ajoute le communiqué.
– Le service du drapeau : les patriarches et les évêques catholiques ont souligné la nécessité d’une révision de la loi sur le service militaire. Selon eux, il convient de l’amender en y introduisant « un programme permettant aux conscrits de suivre des sessions techniques qui faciliteraient par la suite leur intégration au marché du travail ».
Par ailleurs, le communiqué exhorte les autorités officielles à « prendre des mesures radicales concernant le Libanais né ou résidant à l’étranger depuis plus de cinq ans ». Selon les prélats, « les conditions actuelles (du service militaire) poussent de nombreux émigrés à éviter d’inscrire leurs enfants auprès des représentations libanaises à l’étranger, et les éloignent progressivement de la mère patrie ».
– Sur le plan économique : se référant à de récentes statistiques, l’assemblée constate que 70 % des Libanais émigrent pour des raisons économiques. D’où, selon elle, la nécessité de créer de nouveaux emplois et de protéger la main-d’œuvre et la production nationales de la concurrence étrangère.
Les dignitaires catholiques appellent en outre l’État à élaborer « un plan de développement général et équitable englobant toutes les régions du pays, notamment les espaces ruraux ». Soulignant d’autre part le rôle que l’Église est à même de jouer dans la promotion du secteur touristique à travers les pèlerinages qu’elle peut organiser à l’intention de ceux qui souhaitent « un retour aux sources », le communiqué a encouragé les écoles et établissements pédagogiques à ajouter au programme scolaire une matière en rapport avec « le patrimoine national et religieux ».
Exhortant enfin l’État à se préoccuper davantage de la diaspora en œuvrant notamment à l’unification de ses rangs au sein de l’Union libanaise culturelle mondiale, les patriarches et les évêques catholiques ont dénoncé l’attentat de Ryad avant d’adresser leurs vœux aux Libanais, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le 22 novembre, et à la communauté musulmane, à l’occasion du Fitr qui sera célébré la semaine prochaine.
L’Assemblée des patriarches et des évêques catholiques a consacré sa 37e session annuelle au thème de l’émigration et de la diaspora, passant au crible les différents problèmes qui incitent les jeunes Libanais à prendre le chemin de l’émigration. C’est ainsi que les prélats réunis pendant six jours à Bkerké sous l’égide du patriarche maronite Nasrallah Sfeir...