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Le sort du cabinet manifestement lié à la présidentielle


Jeudi en Conseil des ministres, Hariri n’offrait pas un visage particulièrement riant. Il n’empêche : contrairement à toutes les prévisions, la séance a été sereine et productive. Il y a eu certes des observations, voire des critiques, de part ou d’autre. Mais le minimum requis de coopération a été respecté. Un climat positif que soulignent à l’envi des ministres réputés proches du régime. Ce qui donne à penser que, peut-être, les bruits persistants sur un départ des Trente en janvier ou en février ne sont qu’escarmouches manœuvrières. Et du reste saisonnières, comme le remarquent des professionnels de tous bords.
Des observateurs bien placés indiquent que, dans le cadre d’une campagne anti-haririenne devenue largement traditionnelle, l’on a fait courir, ça ou là, des informations erronées sur les intentions des décideurs. Il est finalement apparu, selon ces mêmes sources, qu’il est certes exact que les tuteurs sont pour le moins agacés par les querelles interlibanaises. Mais ils n’en sont pas pour autant arrivés à la conclusion que la solution passe par un changement ministériel. Toujours selon les mêmes pôles, même le régime, nonobstant le bruitage de certains de ses partisans, ne pense pas que dans la phase occurrente on puisse faire sauter le cabinet. Et Hariri. Ainsi un ministre influent, précisant les contours de la situation présente, affirme en substance que « l’idée d’un nouveau gouvernement est encore loin d’avoir mûri. Encore qu’elle soit bien en l’air ». Ajoutant qu’en tout cas les efforts déployés par les anti-haririens en vue d’un changement d’équipe ne deviendraient sérieux qu’après la fête du Fitr. Pour être éventuellement dynamisés dès que la Chambre aura voté le budget 2004.
Bien entendu, même si c’est encore trop tôt, le petit monde de la politique se laisse déjà prendre au jeu passionnant des pronostics. Les tendances changent chaque jour : mercredi, on parlait surtout d’un gouvernement dit de géants relativement restreint, puisqu’il ne comprendrait que dix membres. Hier jeudi la tendance favorite chez les bookmakers de salon se situait aux alentours de 24 ministres.
Mais, selon leurs hérauts locaux les mieux côtés, les décideurs ne prêtent aucune attention à ces paris. Ils n’en ont connaissance qu’à travers les spéculations des médias, indique un ministre proche de Damas. Qui ajoute un point capital : en principe, et sauf événement imprévu qui précipiterait les choses, les Syriens ne devraient pas se pencher sur la question ministérielle libanaise avant d’avoir pris une première option en ce qui concerne la présidentielle également libanaise. C’est-à-dire avant d’avoir fait leur choix par rapport à la question de la reconduction. Qui doit être réglée logiquement en premier. Afin que l’on sache s’il va y avoir, ou non, une campagne électorale normale, mettant en présence nombre de candidats plausibles.
En attendant, souligne le même ministre, l’essentiel est de gérer la crise au mieux, dans le cadre des institutions. Il répète, après les décideurs, qu’il faut se rabattre sur l’arbitrage des textes constitutionnels et sur les décisions du Conseil des ministres, prises à l’amiable ou par vote. En évitant les éclats, les heurts, les passes d’armes nuisibles à l’économie. Et dangereuses, à la longue, pour la stabilité monétaire, malgré le fait que les Libanais se soient pour ainsi dire accoutumés aux querelles interprésidentielles. Ce ministre affirme ensuite qu’une coopération a minima, comme on l’a vu jeudi, permet de garder espoir dans un aboutissement positif des incessantes médiations en vue d’une vraie réconciliation (politique, puisqu’il n’y a pas de différend personnel) entre les présidents Lahoud et Hariri.
Quoi qu’il en soit, pour en revenir au changement éventuel du cabinet, la plupart des professionnels pensent qu’il n’est pas actuellement à l’ordre du jour. Et qu’il y a de bonnes chances pour que les Trente restent jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Ce qui rassurerait quelque part les parties, dont Bkerké, qui s’inquiètent pour le respect de la Constitution et du principe d’alternance. C’est donc là une perspective logique. À moins que les décideurs n’adoptent, en fonction de circonstances extérieures déterminées et de leurs relations avec les USA, un scénario différent. Ce que le régime souhaite car, dans ses assises privées, le chef de l’État, cité par un ministre, indique qu’à son avis le maintien des Trente (et de Hariri) influerait négativement sur la dernière tranche de son mandat et sur la situation en général. Le même ministre dégage en conclusion une quasi-évidence : si Hariri devait s’en aller prématurément, pour céder la place à un élément moins réfractaire à la révision de la Constitution, cela signifierait que les tuteurs ne sont pas défavorables à la reconduction. Pour le moment cependant, répétons-le, les décideurs n’ont encore rien décidé.
Philippe ABI-AKL
Jeudi en Conseil des ministres, Hariri n’offrait pas un visage particulièrement riant. Il n’empêche : contrairement à toutes les prévisions, la séance a été sereine et productive. Il y a eu certes des observations, voire des critiques, de part ou d’autre. Mais le minimum requis de coopération a été respecté. Un climat positif que soulignent à l’envi des ministres...