Rechercher
Rechercher

Actualités

DÉVELOPPEMENT - 144 représentants de municipalités réunis à Zouk pour le lancement d’un plan financé par l’UE Pakradouni : Au lieu de projets parachutés, les localités doivent apprendre à définir leurs besoins (photo)

C’est une véritable révolution pour les municipalités. Pour la première fois dans l’histoire du Liban, elles vont avoir la possibilité de définir elles-mêmes leurs besoins et d’élaborer des projets de développement, avec l’aide de l’Union européenne, dans le cadre du projet Aral, chapeauté par le ministère du Développement administratif. Dans la grande salle de réunions du palais municipal de Zouk, le seul à pouvoir accueillir une réunion de cette ampleur, près de 144 chefs de municipalités ou membres de conseils municipaux ont écouté les explications de l’ambassadeur de l’UE, M. Patrick Renauld, et du ministre Karim Pakradouni, qui ont aussi répondu à leurs questions. Un premier pas vers une participation réelle aux grandes décisions a été ainsi franchi.
Ce projet, c’est du pur Patrick Renauld. Depuis son arrivée à Beyrouth, l’ambassadeur de l’UE n’a cessé d’œuvrer en faveur d’une plus grande participation de toutes les couches sociales et surtout de toutes les localités aux projets de développement. Pendant plusieurs mois, il a effectué des tournées auprès des différentes municipalités du Liban, dans le Nord, le Sud, la Békaa et les coins les plus reculés de la montagne, pour voir sur place les besoins des localités les plus démunies. Et, avec le ministère du Développement administratif, dans le cadre du projet Aral, il a lancé l’idée d’un plan qui permettrait aux municipalités de préparer directement des projets de développement suffisamment clairs et parfaitement élaborés, pour trouver des financements. Le travail a commencé alors que M. Fouad es-Saad était ministre du Développement administratif, mais c’est avec l’actuel ministre, M. Karim Pakradouni, que le projet est devenu concret.

3 500 000 euros
de l’Union européenne
Les 144 représentants des municipalité, venus de tous les coins du Liban, n’avaient d’abord pas bien compris le sujet, surtout qu’en général, leur interlocuteur traditionnel est le ministre de l’Intérieur et des Affaires municipales. Mais très vite, les promoteurs du projet ont tenu à préciser qu’il se réalise avec l’accord et la collaboration de ce ministère et le directeur général des municipalités, M. Khalil Hajal, figurait d’ailleurs parmi les principales personnalités présentes à la réunion.
En gros, il s’agit donc de dépenser la somme de 3 500 000 euros, offerte par l’Union européenne, pour préparer des projets de développement communs à des municipalités et des localités regroupées ensemble. Au total, il y avait donc douze groupes, dispersés sur l’ensemble du territoire, mais l’ambassadeur Renauld a précisé que le choix s’est porté sur les municipalités petites et moyennes, éloignées du littoral, car ce sont celles qui, selon lui, ont le plus besoin d’aide. Comme la plupart d’entre elles n’ont pas les moyens humains et financiers de préparer des études convaincantes sur les projets dont elles ont besoin, cette initiative leur offre la possibilité de le faire avec l’aide d’experts fournis par Aral et dans le cadre de plans financés par l’UE. Comme l’a précisé le ministre Pakradouni, alors qu’ils sont habitués au parachutage de projets, pour la première fois, ils auront l’occasion de les préparer eux-mêmes et de choisir leurs priorités. Certes, il y aura un cadre général, puisque M. Renauld a précisé que la priorité, tel qu’il l’a constaté dans le cadre de ses tournées sur le terrain, est au traitement des déchets solides et à l’épuration des eaux usées. mais il pourrait y en avoir d’autres, selon les besoins des 12 groupes de municipalités et localités. Si l’expérience s’avère concluante, M. Renauld a promis, dans le cadre du budget 2005-2006 de l’UE au Liban, d’augmenter les fonds.

Quelques critiques
et des réponses précises
Certains chefs de municipalité, peu habitués au travail de groupe, ont protesté, préférant des projets propres à chaque localité. L’un d’eux, avec un accent à couper au couteau, a proposé l’aménagement d’une route dans son agglomération. Mais le ministre a insisté sur le fait que l’idée principale du projet est de favoriser le travail en commun, dans des initiatives d’intérêt général.
D’autres présidents de municipalité ont suggéré de revoir le choix des localités qui devraient bénéficier de cette initiative. Là aussi, le ministre a déclaré que toute sélection comporte forcément une part d’arbitraire. Mais sur le terrain, si on en éprouve la nécessité, il n’y aura pas de problème pour modifier certains choix. De son côté, l’ambassadeur Renauld a ajouté qu’il avait envoyé des lettres expliquant l’initiative à 33 rassemblements de municipalités et le choix s’est fait selon les réponses reçues et donc la disposition des localités à coopérer avec le projet Aral.
Heureux d’avoir la parole et de pouvoir entrer directement en contact avec les responsables, les présidents de municipalité ont multiplié les questions ou plutôt les doléances et le ministre Pakradouni a donné la parole à tous, dans un bel esprit démocratique. Mais il n’avait pas réponse à tout, notamment au problème soulevé par le président de la municipalité de Zouk, M. Nouhad Naoufal, qui était aussi l’hôte de cette rencontre. Celui-ci a évoqué le projet de loi sur les municipalités, actuellement examiné par la commission parlementaire de l’Administration, et qui, selon lui, viole les principes de Taëf, en accentuant la centralisation du pouvoir au lieu de favoriser la décentralisation. M. Naoufal a donné des exemples, citant le refus du projet de permettre l’élection du président de municipalité par ses administrés ou la possibilité pour le pouvoir central de se substituer au conseil municipal lorsqu’il le souhaite, puisque selon le projet de loi, pour engager un salarié, le chef de la municipalité a besoin de l’approbation des ministères des Finances et de l’Intérieur. M. Naoufal a été longuement applaudi, les présents étant particulièrement montés contre ce projet, pour lequel ils n’ont pas été consultés. D’ailleurs, tous les avocats membres de conseils municipaux ont tenu, hier au siège de leur Ordre, une réunion pour présenter une contre-proposition au projet de loi, en espérant qu’elle sera prise en compte. M. Pakradouni ne s’est donc pas prononcé sur la question et M. Renauld s’est contenté de demander pourquoi il n’y a pas une association des présidents de municipalité, un peu comme celle des maires de France. Mais l’heure n’était pas à une discussion sur ce thème, car la vedette de la réunion, c’était le projet d’Aral, une première au Liban et peut-être un grand bond vers une décentralisation effective. M. Pakradouni a précisé qu’un premier pas a été accompli, et il a promis qu’il sera suivi d’autres jusqu’à atteindre le but recherché...

Scarlett HADDAD
C’est une véritable révolution pour les municipalités. Pour la première fois dans l’histoire du Liban, elles vont avoir la possibilité de définir elles-mêmes leurs besoins et d’élaborer des projets de développement, avec l’aide de l’Union européenne, dans le cadre du projet Aral, chapeauté par le ministère du Développement administratif. Dans la grande salle de...