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Le terrorisme risque paradoxalement de servir Washington

Après les attentats visant le CICR à Bagdad ou les complexes résidentiels de Ryad, l’attention risque de se focaliser sur le terrorisme. Et de faire un peu oublier, ou passer au second plan, la situation en Irak qui cause tant de soucis à l’Administration US. C’est ce que relèvent, à Beyrouth, des diplomates arabes. En mettant l’accent sur la crainte d’une déferlante prochaine d’attaques terroristes dans les pays du Golfe. Où des institutions étrangères et des diplomates, notamment occidentaux, ainsi que des dirigeants locaux, pourraient être ciblés. Cette vague entraînerait une remobilisation, une recimentation de la solidarité internationale contre le terrorisme. Bien entendu autour du leadership américain, épaulé par Londres et Madrid. Mouvement qui s’est largement ébréché, comme on sait, dans les mois qui ont suivi l’effroyable tragédie du Word Trade Center à New York, le 11 septembre 2001. Et dont il ne restait pratiquement plus rien lors de l’offensive US contre l’Irak, condamnée par certains des plus proches alliés de la superpuissance mondiale, dont la France et l’Allemagne, ainsi que par le Vatican, sans compter les pays arabes ou musulmans. Le flux actuel d’attentats pourrait réactiver l’idée d’un programme concerté de lutte contre le terrorisme.
Jusque-là, cet objectif a été entravé non seulement par les réticences de certains grands Européens, ainsi que de la Russie et de la Chine, mais aussi par les objections du monde musulman contre l’amalgame entre terrorisme et résistance légitime. Une controverse qui a donné lieu à des interprétations différentes de la résolution numéro 1373 de l’Onu. Qui certifie que tout acte menaçant la paix et la sécurité mondiales est de nature terroriste et doit être combattu par tous les moyens. Pour que les opérations terroristes n’accompagnent pas une montée en puissance du fanatisme et de l’extrémisme dans diverses parties du monde. La résolution presse tous les États de resserrer leur coopération, par un échange intensifié d’informations. En appliquant tous les protocoles relatifs au terrorisme, en s’abstenant bien évidemment d’encourager et a fortiori d’organiser des opérations dans d’autres pays. Les gouvernements sont invités à ne pas héberger d’organisations activistes, à ne pas offrir de financement, de soutien logistique, directement ou indirectement et même à geler les avoirs des entités suspectes qu’il s’agit de neutraliser, par un contrôle plus strict des frontières et des sauf-conduits. La 1373 indique ensuite qu’il existe un lien avéré entre le terrorisme et le crime organisé, qui le finance et le soutient. À travers le trafic de drogue, le trafic d’armes, le transport de matériel chimique ou nucléaire et le blanchiment d’argent. Une commission a été ensuite formée et elle a demandé des rapports circonstanciés aux pays membres, mais il n’y a pratiquement pas eu de suite. À cause, répétons-le, de la controverse sur la définition même du terrorisme.
Le Liban et la Syrie, pour leur part, ont certifié à la commission en question leur détermination à lutter contre toutes les formes de terrorisme. À condition qu’on n’englobe pas la résistance sous ce label. Dans son message, Beyrouth a rappelé l’opération menée à Denniyé contre une cellule armée, dont la plupart des membres ont été appréhendés. Ajoutant qu’il n’existe pas sur son territoire de personnes nommées par la 1373 et que la Banque du Liban a formé un comité pour combattre le blanchiment d’argent sale.
Aujourd’hui, redisons-le, la question du terrorisme rebondit à partir des attentats d’Arabie saoudite, survenus à six mois d’intervalle. Selon les diplomates arabes cités, la tendance serait de considérer comme terroriste tout acte fauchant des civils innocents, ainsi que les opérations de pure subversion interne visant à frapper les infrastructures d’un pays ou sa stabilité, pour y propager l’anarchie. Ce qui s’applique à certaines actions (mais pas à toutes) enregistrées en Irak, dans les territoires palestiniens, en Arabie saoudite ou à l’intérieur d’Israël. Et ce qui ne s’applique pas aux initiatives de résistance ciblée contre l’occupation militaire, à Chebaa ou en Palestine.
Émile KHOURY
Après les attentats visant le CICR à Bagdad ou les complexes résidentiels de Ryad, l’attention risque de se focaliser sur le terrorisme. Et de faire un peu oublier, ou passer au second plan, la situation en Irak qui cause tant de soucis à l’Administration US. C’est ce que relèvent, à Beyrouth, des diplomates arabes. En mettant l’accent sur la crainte d’une déferlante...