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Des députés s’insurgent contre la politisation des dossiers économiques


La crise socio-économique préoccupe au plus haut point nombre de députés. Qui fustigent le comportement des deux camps antagonistes se partageant le pouvoir, lahoudistes et haririens confondus. Car pour eux, le problème se résume à un procès réciproque en culpabilité, masquant mal une lutte de pouvoir acharnée. En effet les partisans des deux présidents s’entraccusent, depuis des mois, d’avoir bloqué les réformes exigées par Paris II et de torpiller ainsi les espoirs de redressement.
De leur côté, les organismes syndicaux, bien qu’affaiblis depuis le tout premier cabinet Hariri, tentent de faire acte de présence. En projetant d’organiser des mouvements populaires, genre grèves, manifs ou sit-in, pour faire pression sur les pouvoirs publics. Afin de les inciter à alléger la fiscalité indirecte, qui frappe lourdement les classes déshéritées et laborieuses. Cependant, les dernières velléités d’action syndicale ont montré, si besoin était, le peu d’emprise de la CGTL sur la rue. Il est cependant possible que le Parlement, qui va bientôt entamer l’examen du budget 2004, se montre sensible aux appels populaires. D’une part parce que les députés sont censés représenter le tout venant des citoyens, largement démunis. D’autre part parce que les élections municipales (et de moukhtars), qui sont l’un des piliers de l’influence des politiciens, sont maintenant assez proches dans le temps.
Mais en bonne logique, si la Chambre souhaite vraiment servir les intérêts généraux (et cruciaux) du pays en réduisant la dette publique et le déficit budgétaire, il lui faudrait comprimer encore les dépenses prévues par le gouvernement. Et s’interdire donc d’augmenter les crédits prévus pour les prestations sociales, comme les syndicats le souhaitent. À cause de la gravité même de la crise, comme naguère en Argentine, il y a une flagrante, une pesante contradiction entre les besoins de la population, pour réels qu’ils soient, et les capacités du Trésor.
Un récent rapport de la société spécialisée Merryl Lynch souligne ainsi les inquiétudes que l’on peut éprouver, à moyen terme, pour le Liban économique et financier. Les experts soulignent, dans ce document, les effets dévastateurs des querelles intestines qui entravent les réformes structurelles indispensables pour commencer à redresser la barre en matière d’allégement de la dette publique. Ils ajoutent cependant que, fort heureusement pour ce pays, la Banque du Liban défend à merveille la livre et la stabilité monétaire. Et se trouve en mesure de tenir le coup, pour user d’une expression courante, jusqu’à l’élection présidentielle.
Pour leur part, les députés opposants fustigent l’irresponsabilité manifeste des cadres du pouvoir pour ce qui est du traitement des dossiers économiques. Qui se trouvent tous, ou presque, politisés dans le prolongement des incessantes luttes d’influence entre protagonistes de l’Exécutif. Les promesses prises lors de Paris II n’ont pas été tenues et se trouvent même carrément trahies puisque la dette publique, au lieu d’être réduite, ne cesse d’augmenter d’une manière effarante. Cela malgré les quelque 3 milliards de dollars effectifs obtenus des donateurs, auxquels s’ajoute plus du double en assistances variées. La dérive est également dénoncée par l’ancien ministre des Finances, Georges Corm. Tandis que, insistent les opposants, les officiels distraient l’opinion avec des péripéties secondaires, qui ressemblent à des jeux de cirque. Les députés citent dans ce cadre la réactivation des poursuites contre le ministre des Finances, Fouad Siniora, trois ans après l’affaire de l’incinérateur de Bourj Hammoud. Ils y voient l’une de ces diversions qui ont pour effet de détourner l’attention des vrais problèmes du pays. Un élément d’autant plus inopportun, soutiennent les politiciens, qu’il n’y a visiblement aucune chance (ou aucun risque) que le Parlement donne son feu vert à la traduction de Siniora devant la Haute Cour. Cela, ajoutent-ils, à un moment où l’on étouffe nombre de scandales qui pourraient faire l’objet de vraies poursuites. Et pourraient, surtout, aider au redressement économique, ce qui ne s’applique pas au cas Siniora. Les députés concluent en répétant qu’il ne faut pas politiser dans le mauvais sens les dossiers économiques. D’autant que cela ne sert à rien puisque le cabinet Hariri est appelé, selon eux, à rester en place jusqu’à la présidentielle.

Philippe ABI-AKL
La crise socio-économique préoccupe au plus haut point nombre de députés. Qui fustigent le comportement des deux camps antagonistes se partageant le pouvoir, lahoudistes et haririens confondus. Car pour eux, le problème se résume à un procès réciproque en culpabilité, masquant mal une lutte de pouvoir acharnée. En effet les partisans des deux présidents s’entraccusent,...