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Communautés - Le pouvoir assume une part de responsabilité dans l’émigration des jeunes, affirme le patriarche maronite Sfeir : « La justice est devenue tributaire de la politique et des humeurs »(PHOTO)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a fait assumer aux autorités une part de responsabilité dans l’émigration des jeunes Libanais, dénonçant une « justice devenue tributaire de la politique et des humeurs » et une application tronquée de l’accord de Taëf.
Le patriarche s’est exprimé ainsi lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de la 37e session de l’Assemblée des patriarches et des évêques d’Orient, qui a traité du problème de l’émigration et qui s’est tenue en présence de Mgr Alberto Ortega, représentant du nonce apostolique, Luigi Gatti, du patriarche arménien-catholique, Mgr Nersès Bedros XIV, et d’un grand nombre d’évêques.
Dans son allocution, Mgr Sfeir a exposé les causes de l’émigration au Liban, retraçant son évolution depuis les événements de 1860, avant de s’arrêter sur ses aspects positifs et négatifs. Et c’est en développant son côté négatif qu’il a renouvelé ses critiques contre le pouvoir. « Bien qu’un siècle et demi se soit écoulé depuis les débuts de l’émigration libanaise, le Liban n’a pas su polariser ses fils émigrés et les attirer à lui. Il faut rappeler que ces derniers constituent pour lui un capital humain et un potentiel intellectuel et économique uniques. L’histoire de l’émigration est certes presque légendaire. Le Liban, hélas, demeure incapable d’en tirer profit. C’est surtout dans la perte de ses fils instruits, détenteurs de spécialisations diverses, ceux-là mêmes qui sont capables de dynamiser les secteurs de l’économie, de restaurer les institutions et le tissu social, que le bât blesse. Nous avons ainsi vu partir, malgré eux, nombre de jeunes par craintes de représailles, de poursuites, d’interrogatoires, voire d’arrestations mêmes provisoires. C’est ce que beaucoup nous ont confié lors de notre récente tournée dans sept pays européens. Ce problème attend toujours d’être résolu. Si l’accord de Taëf avait été appliqué comme il aurait fallu qu’il le fût, on aurait pu évier à la jeunesse libanaise, chrétienne en particulier, de subir une crise aussi aiguë et tragique. À la question de ces jeunes sur la possibilité pour eux d’un éventuel retour, nous n’avons su que répondre, tant la question de la justice semble être devenue chez nous tributaire de la politique et des humeurs. Il est donc urgent de se pencher sérieusement sur ce problème si notre désir de voir ce pays retrouver la place qui est sienne parmi les nations est bien réel », a-t-il affirmé.
Et le patriarche de poursuivre : « Il est encore à craindre que la jeunesse perde, loin du pays, les valeurs religieuses, morales et humaines auxquelles elle a été habituée. Beaucoup de parents, inquiets de cette perspective, sont rentrés au pays, de peur que leurs enfants n’adoptent un style de vie répandu dans certains pays où les jeunes quittent le foyer paternel dès seize ans, coupant tous les ponts avec leurs parents ».
Mgr Sfeir a en outre évoqué la conservation du lien de l’Église avec la diaspora, dénonçant au passage « la prolifération de la corruption du favoritisme et du népotisme, des vices qui sont toujours en vigueur dans l’Administration libanaise ».
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a fait assumer aux autorités une part de responsabilité dans l’émigration des jeunes Libanais, dénonçant une « justice devenue tributaire de la politique et des humeurs » et une application tronquée de l’accord de Taëf.Le patriarche s’est exprimé ainsi lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de la 37e session...