Vie politique Joumblatt : « Nous nous réjouissons chaque fois qu’un soldat américain est tué » en Irak(PHOTO)

Dans un discours-fleuve prononcé hier à l’hôtel Beau Rivage à l’occasion de l’assemblée générale du Parti progressiste socialiste (PSP) qu’il préside, le député Walid Joumblatt a couvert tous les dossiers chauds tant sur le plan local que sur le plan régional.
Pour le chef du PSP, « la Palestine est arabe et appartient aux musulmans arabes, non aux juifs. Il ne faut jamais oublier que la Palestine est notre terre, et non une colonie occidentale que le colonialisme anglais, puis américain, a transformée en base militaire avancée au cœur du monde arabe ».
Il a ensuite appelé le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Égypte à ouvrir leurs frontières avec la Palestine pour fournir aux combattants palestiniens les armes dont leurs dépôts « regorgent », estimant que « toutes les armées arabes sont quasi inexistantes, sauf l’armée syrienne qui possède une force de dissuasion », et que le seul équilibre réside dans la poursuite de la lutte armée.
M. Joumblatt a condamné « les propos tendancieux de certains ségrégationnistes musulmans et chrétiens autour de l’implantation, car, depuis 1948, les Palestiniens se trouvent sur notre terre en qualité de réfugiés pour lesquels nous avons toujours réclamé un minimum de garanties socio-économiques, comme le droit à la propriété qui n’a aucun lien avec la naturalisation ».
Pour ce qui est de l’Irak, le chef du PSP s’est demandé si « certaines parties » ne permettaient pas à Saddam Hussein de demeurer en liberté pour empêcher toutes les tranches de la population irakienne de rallier la résistance.
« Il est vrai que nous nous réjouissons chaque fois qu’un soldat américain est tué (en Irak), non parce qu’il s’agit d’un soldat américain, mais en sa qualité de représentant d’un pays colonialiste qui tente d’étendre son hégémonie au monde entier », a ajouté M. Joumblatt.
Pour ce qui est de la Syrie, il a estimé nécessaire une nouvelle réforme, semblable à celle appliquée en 1970 par le défunt président Hafez el-Assad.
Au niveau de la prochaine présidentielle, le chef du PSP a estimé qu’il s’agissait d’une « comédie dans laquelle une partie accuse l’autre de vouloir la reconduction, alors que la deuxième partie s’en défend et qu’une troisième partie se veut au-dessus de la mêlée et nous regarde de haut ».
« La corruption n’a jamais été aussi enracinée (...) et le féodalisme financier est venu remplacer le féodalisme traditionnel. Ceux qui sont impliqués dans la corruption et qui se prévalent de leurs relations avec la Syrie dans le dessein de servir leurs intérêts personnels mènent le pays au bord du gouffre », a-t-il ajouté.
Commentant la situation sociale et économique, M. Joumblatt a relevé que « depuis l’indépendance, nous avons basé notre économie sur le domaine des services et nous avons créé une ceinture de misère autour de la capitale. Cette politique, qui négligeait des secteurs aussi importants que l’agriculture et l’industrie, a abouti dans les années 70 à une lutte des classes, très saine, que le maronitisme politique gouvernant a aussitôt transformée en une guerre confessionnelle au cours de laquelle les pauvres se sont entretués de Nabaa à la Quarantaine ».
M. Joumblatt a conclu en prédisant la naissance d’un « Moyen-Orient nouveau qui verra la fin de tous ces régimes pourris et sera conforme à notre volonté, non à celle de M. Bush. Et qui sont (M.) Bush et l’Amérique tout entière pour donner au monde des leçons de démocratie, eux qui ont protégé toutes sortes de régimes dictatoriaux partout dans le monde, cinquante ans durant ? »