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Salon du livre - Signature au Biel du dernier ouvrage de Messarra sur le système consensuel au Liban Les allégeances primaires ne sont pas un obstacle à l’émergence de la citoyenneté

La signature du dernier ouvrage de M. Antoine Messarra, La gouvernance d’un système consensuel, le Liban après les amendements constitutionnels de 1990, a eu lieu mercredi soir au Biel, dans le cadre du Salon Lire en français et en musique 2003. La signature a été précédée d’une table ronde à laquelle ont participé MM. Alexandre Najjar, Abbas el-Halabi et Béchara Menassa.
Centré sur les problèmes de l’effectivité, en droit, de la gouvernance d’un système consensuel et de la citoyenneté, le nouvel ouvrage de Messarra est divisé en quatre parties :
1. Le Liban : un cas fondateur de la théorie des systèmes consensuels de gouvernement : l’auteur montre que le Liban a été, dès les années 70, pris comme exemple pour la formulation de la théorie des systèmes consensuels ou de partage du pouvoir : édification nationale par les pactes, cabinet de large coalition, autonomie segmentaire dans certains domaines qui sont ceux du statut personnel et de l’enseignement, quota garanti de représentation, veto mutuel… Le Liban a même contribué à l’enrichissement de la théorie qui est aujourd’hui loin d’être achevée au niveau international. L’approche consensuelle, qui constitue une méthode d’analyse, implique non plus la critique ou la dénonciation, mais la recherche d’une dynamique endogène de changement. L’auteur relève : « Nombre d’auteurs, après une période de scepticisme ou de dénigrement concernant la classification comparative des systèmes politiques en systèmes concurrentiels et systèmes consensuels de gouvernement, ont fini par adopter l’approche consensuelle du système politique libanais, mais sans aller jusqu’au bout de la méthode. Après quelques pas dans l’analyse consensuelle, ils reviennent aux schèmes de pensée des modèles majoritaires, en présupposant que ces modèles sont la seule référence normative et sans considérer que les modèles majoritaires contiennent, aussi, les germes de leur propre corruption. »
L’auteur propose une analyse en termes de « limite » : « Nous n’avons pas assez exploité le concept de limite, fondement même de L’Esprit des lois, en ce sens que la loi garantit l’exercice d’un droit et fixe en même temps les limites de cet exercice. Un « advocacy » concret devrait être mené contre toute désignation au moindre poste administratif qui ne respecte pas les conditions juridiques et administratives, sous prétexte de partage confessionnel du pouvoir. » 2. La gestion politique du pluralisme religieux. État, religion et citoyenneté : l’originalité de cette partie réside dans les développements relatifs à un système « ouvert » de statut personnel, à la nécessité d’un espace public « neutre » dans les rapports entre État et religion, aux mécanismes de freinage de l’exploitation de la religion dans la compétition politique…
3. La citoyenneté à la rescousse de l’État de droit : l’auteur montre que les allégeances primaires ne sont pas nécessairement un obstacle à l’émergence de la citoyenneté, à condition cependant d’élargir et de développer un espace public commun et partagé. « Le sauvetage de la démocratie, écrit-il, réside dans une citoyenneté lucide, vigilante, engagée, qui ne se substitue pas à l’État dans le cadre de ce qu’on appelle la société civile, mais une citoyenneté créatrice d’État de droit, qui reconstruit et recompose l’État démocratique. Une démocratie qui fonctionne est une charrette à deux roues au moins, dont la première est l’État central régulateur, promoteur et garant des normes, alors que l’autre roue est celle de citoyens lucides, vigilants et qui participent, contrôlent et harcèlent le pouvoir de la première roue, afin que la politique soit davantage gestion de la chose publique, plutôt que mobilisation, compétition conflictuelle et enjeu de pouvoir. »
4. Culture consensuelle et mémoire collective pour demain : l’auteur montre que l’immunité d’un système consensuel réside moins dans des aménagements juridiques formels que dans la consolidation d’une « culture de concordance et de contrition nationale, fruit d’une souffrance commune et partagée ».

Une démocratie de proximité
Le regroupement des textes publiés dans l’ouvrage, qui, à l’origine, sont des communications à des conférences internationales et nationales ou des contributions à des recherches collectives, n’est pas artificiel. C’est la problématique de la gouvernance qui les relie, joignant les approches juridiques et constitutionnelles comparatives au dilemme de l’effectivité du droit.
S’il faut innover dans la recherche constitutionnelle libanaise et comparative, c’est en enrichissant la théorie des systèmes consensuels à travers des études de cas, puisés du laboratoire libanais que l’auteur qualifie de « laboratoire privilégié et vivant à l’échelle comparative et internationale ». « Paradoxalement, dit-il, si on veut vraiment dépasser le confessionnalisme, la méthodologie constitutionnelle est, justement, celle de la théorie consensuelle de gouvernement, afin de dégager les effets pervers, mais aussi les dynamiques endogènes de changement. »
Il ressort clairement de l’ouvrage que « le Liban d’aujourd’hui n’a pas un problème constitutionnel majeur au niveau des textes, mais des problèmes considérables de gouvernance, c’est-à-dire de gestion, d’application, de pilotage et de participation, génératrice de démocratie et de développement ». Il ressort aussi qu’une « démocratie de proximité » redresse les dérapages d’une « gouvernance débridée ».
La signature du dernier ouvrage de M. Antoine Messarra, La gouvernance d’un système consensuel, le Liban après les amendements constitutionnels de 1990, a eu lieu mercredi soir au Biel, dans le cadre du Salon Lire en français et en musique 2003. La signature a été précédée d’une table ronde à laquelle ont participé MM. Alexandre Najjar, Abbas el-Halabi et Béchara...