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Siniora serait ciblé à cause du budget Les protagonistes s’entraccusent maintenant de sournoiserie...

C’est un vrai mélodrame, avec coups tordus et duplicité à la clé. Chahé Barsoumian, mais surtout Fouad Siniora, se retrouvent en vedette. Parce que la justice demande au Parlement une procédure de haute cour. Les lahoudistes jurent leurs grands dieux qu’ils n’ont rien à y voir. Mais ils peinent à le faire croire. Car nul n’ignore que Siniora leur a hautement déplu. En se lavant pratiquement les mains du dossier budgétaire, à travers le projet de pure routine qu’il a réussi à faire passer en Conseil des ministres, avec l’aide des décideurs. Par la passivité technique de son attitude, le ministre des Finances s’est déchargé sur les partisans du régime de l’échec du plan de redressement, Paris II compris. Il est donc accusé en quelque sorte, par ses contempteurs, de duplicité manœuvrière, pour avoir pris la tangente. Et l’on aurait voulu lui rendre, du moment qu’il est grand argentier, la monnaie de sa pièce. Également par la bande, en le titillant judiciairement. Juste pour le plaisir parce que la procédure engagée à son propos, comme à celui de Barsoumian, n’a pratiquement aucune chance d’aboutir.
C’est sans doute pourquoi son chef de file, Rafic Hariri, préfère la jouer cool, comme on dit familièrement. Il a prié ses partisans de ne pas réagir, de laisser l’affaire retomber d’elle-même. Mais Siniora, piqué au vif, ne peut pas s’empêcher d’exhaler en privé ses rancœurs. Selon des témoins fiables, qui ont pu l’entendre, le ministre estime que l’on veut sciemment, délibérément, le présenter lui, mais aussi tout le clan Hariri, comme un pourri de première. Plus exactement, que l’on cherche à mieux répandre les bruits qui ont pu courir, en interprétant comme étant autant d’allusions les déclarations antérieures du régime dénonçant les corrupteurs. Et leur promettant les foudres de la République « aussi hauts qu’ils puissent être. »
Certains parlementaires haririens vont, également en privé, dans le même sens que Siniora. En affirmant que la nouvelle éruption est orchestrée par le premier cercle des lahoudistes. Et en précisant qu’à leur sens un coup porté au niveau de la réputation d’une (ou plusieurs) personnes est aussi efficace que déloyal. C’est-à-dire que les dénégations de leurs adversaires, ou même le fait patent (selon eux) que le dossier soit vide, ne peuvent empêcher le mal causé parmi l’opinion. Ces haririens ne sont sans doute ni assez cyniques, ni assez réalistes, pour se douter que l’opinion en question se préoccupe beaucoup plus aujourd’hui de la crise économique dans laquelle elle se débat que des formes aiguës que peuvent prendre les règlements de comptes entre soi-disant responsables. Ce n’est pas tant ce qui aurait été chipé ou gaspillé qui préoccupe les gens que ce qui pourrait l’être encore. Ou, plus exactement, de combien la dette publique, qui se monte aujourd’hui à quelque 35 milliards de dollars, va augmenter dans les prochains mois, dits de la bataille présidentielle.
En tout cas, selon des personnalités indépendantes, ce serait un faux contre-procès que les haririens feraient aux lahoudistes. D’après ces sources, l’affaire Siniora, une résurgence, ne revêt qu’un caractère procédural mécanique, sans arrière-pensée politique. Dans le même cadre, indiquent ces professionnels, la justice devrait faire également suivre devant le Parlement le dossier de l’ancien ministre de l’Agriculture Ali Abdallah, largué comme on sait par le mouvement Amal, à cause des fantaisies comptables qu’on lui impute. D’ailleurs c’est Berry lui-même qui s’emploie, depuis deux mois, à ce que cette affaire suive son cours. En principe, elle pourrait être déférée devant la haute cour, du moment que les présumés dérapages de Abdallah se rapporteraient à sa manière de concevoir et de rentabiliser ses fonctions ministérielles. La cour d’appel a estimé que le cas relevait de la justice pénale ordinaire. Et la question est actuellement sous examen, à différents niveaux.

Philippe ABI-AKL
C’est un vrai mélodrame, avec coups tordus et duplicité à la clé. Chahé Barsoumian, mais surtout Fouad Siniora, se retrouvent en vedette. Parce que la justice demande au Parlement une procédure de haute cour. Les lahoudistes jurent leurs grands dieux qu’ils n’ont rien à y voir. Mais ils peinent à le faire croire. Car nul n’ignore que Siniora leur a hautement déplu. En...