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Violent réquisitoire du Rassemblement à l’encontre du pouvoir Kornet Chehwane rejette « tout amendement de la Constitution à des fins personnelles »

Le Rassemblement de Kornet Chehwane a appelé à nouveau hier à la mise en place d’un pouvoir alternatif, rejetant tout amendement de la Constitution, et, par conséquent, toute reconduction du mandat présidentiel, dans l’esprit des propos tenus par le patriarche maronite tout au long de sa tournée européenne. Le Rassemblement a également qualifié de « politiques par excellence » et de « scandaleuses et répréhensibles » les poursuites engagées à l’encontre de l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun.
Réuni hier sous la présidence de Mgr Youssef Béchara et en présence de l’intégralité de ses membres, le Rassemblement a durci le ton de son discours, ce qui transparaît très nettement dans le communiqué publié à l’issue de l’assemblée plénière.
Dans une logique univoque, menant à la nécessité d’un renouvellement de la classe politique et à l’urgence d’un pouvoir alternatif pour sauver le Liban de la déchéance, le Rassemblement a commencé par rappeler les principes mêmes du manifeste de Kornet Chehwane, rendu public en avril 2001 : la nécessité de tourner la page du passé et de mener à bien la réconciliation nationale, le rétablissement de la souveraineté à travers le rééquilibrage des relations avec la Syrie et le redéploiement des forces syriennes, conformément aux accords de Taëf, en prélude à leur retrait selon un calendrier précis, le retour des institutions et le déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud, l’engagement du Liban en faveur des causes arabes, à commencer par la cause palestinienne, le refus de l’implantation et le rétablissement du rôle du Liban-message et générateur du dialogue des cultures au plan régional et international.
Cependant, poursuit le communiqué, « le pouvoir a rejeté l’appel du Rassemblement au dialogue et à la réconciliation, et a tenté de le détruire par tous les moyens ». Et ce à travers : le sabotage de toutes les initiatives de dialogue, même celles engagées par des pôles du pouvoir à l’instar de la médiation Berry à Bkerké, le 24 novembre 2000, la volonté de détruire les effets de la réconciliation du 4 août 2001 à travers les rafles dans les rangs de l’opposition, le sabotage des initiatives pour tourner la page avec les Palestiniens, les campagnes menées à l’encontre des membres du Rassemblement, tels que Toufic Hindi ou Nayla Moawad, pour les discréditer et interrompre les contacts entrepris auprès des milieux musulmans, et la volonté d’empêcher les membres du Rassemblement de participer aux institutions en annulant le scrutin de la partielle du Metn et la députation de M. Gabriel Murr, « pour le remplacer par une nomination ».
Qu’à cela ne tienne, ajoute le communiqué, le Rassemblement « continue à tendre la main à l’ensemble des Libanais, en réclamant la justice et l’équité, persuadé que les principes d’équilibre dans la gestion des affaires nationales et de participation effective au pouvoir constituent un fondement consensuel stable qui fait partie de la Constitution ».

Un effondrement
à tous les niveaux
« Ce pouvoir a prouvé qu’il était incapable de faire face aux développements dans la région et à leurs répercussions sur le plan interne. Si le Rassemblement refuse le principe de prendre appui sur une partie extérieure quelconque pour assurer le changement qui est nécessaire au Liban, cela ne veut pas dire pour autant qu’il admet le pari sur un autre pays étranger pour maintenir le statu quo dans le pays », a par ailleurs indiqué le RKC.
Et de poursuivre : « Le comportement du pouvoir a mis le pays au bord du gouffre ». Économique et social, à travers la destruction des principaux secteurs, notamment agricole et industriel, « que le pouvoir a considéré comme n’ayant pas le droit de vivre à l’ombre de la concurrence régionale », puis à travers les coups portés à l’UL et à la CNSS. Effondrement également au niveau des valeurs, avec la série des scandales mêlant des responsables et qui ont éclaté au grand jour, à l’instar de l’affaire de la banque al-Madina. Effondrement également de nature politique, avec le travail de sape en direction de chacune des institutions, de la Chambre au Conseil des ministres, en passant par les querelles opposant le Premier ministre à la présidence de la République et par la destruction des médias – par le biais de l’affaire de la MTV – du Conseil de la fonction publique et de l’Inspection centrale. « L’adoption du budget en Conseil des ministres et la consécration du principe de l’ingérence syrienne ne font que mieux exprimer la volonté de court-circuiter les institutions et de porter atteinte à la dignité nationale », a-t-il souligné. Effondrement enfin au niveau de la justice, « transformée en outil aux mains du pouvoir pour combattre les opposants, à commencer par l’affaire Geagea, qui est traité d’une manière inhumaine et illégale, puisque les autorités empêchent le CICR de visiter la prison du ministère de la Défense, jusqu’aux rafles d’août 2001, et au scandale répréhensible que constituent les poursuites à l’encontre du général Michel Aoun. Des poursuites politiques par excellence, et qui visent à terroriser l’opposition, à la dompter et à essayer de transformer le pays en régime de parti unique ».
Les agissements du pouvoir ont également conduit le Liban à perdre ses principales spécificités, à travers les pressions exercées sur les médias, la volonté de détruire l’enseignement supérieur en octroyant des permis à des universités qui ne méritent pas ce nom, et à travers les scandales qui touchent le secteur financier et bancaire.
Conclusion : le pays a besoin d’une réforme globale à tous les niveaux, sans quoi il cesse d’exister. Mais le problème, insiste le communiqué, c’est que les Libanais ne peuvent demander des comptes au pouvoir parce que ce dernier « ne découle pas de leur volonté », et a été fabriqué par un autre pouvoir. D’où la nécessité d’un pouvoir alternatif qui émanerait de la volonté libre des Libanais, qui serait fondé sur les principes de démocratie et de participation, et qui serait soumis à la loi et à la nécessité de rendre des comptes. En d’autres termes, d’un pouvoir qui respecterait les exigences du régime démocratique, fondé sur l’alternance au pouvoir : « Ceci suppose le respect des principes constitutionnels, notamment en ce qui concerne le rejet de tout amendement à des fins personnelles, comme l’a répété à plusieurs reprises le patriarche maronite durant son périple historique » en Europe.
Il reste à définir la mission de ce pouvoir alternatif : application de l’accord de Taëf et retrait syrien, parachèvement de la réconciliation nationale à travers le retour des déplacés et « la libération des détenus où qu’il se trouvent », l’élaboration d’une loi électorale garantissant une représentation saine et équitable, la tenue d’élections libres et intègres exprimant la volonté populaire, la relance économique et la réforme interne, à commencer par l’indépendance de la justice.
Selon le Rassemblement, la Syrie est appelée à œuvrer pour assurer les circonstances permettant le passage d’une étape à l’autre, et pour la mise en place de relations équilibrées fondées sur la coordination et la souveraineté. « Les atermoiements de la Syrie à remplir ce rôle augmentent les craintes des Libanais vis-à-vis de la politique syrienne qui cherche à empêcher le Liban de recouvrer sa souveraineté, son indépendance et sa libre décision », a-t-il souligné. Et de conclure : « Dans ce cadre, nous rejetons le lien entre le retrait des forces syriennes et la solution à la crise régionale, parce que la souveraineté du Liban est un fait en soi ».
Le Rassemblement de Kornet Chehwane a appelé à nouveau hier à la mise en place d’un pouvoir alternatif, rejetant tout amendement de la Constitution, et, par conséquent, toute reconduction du mandat présidentiel, dans l’esprit des propos tenus par le patriarche maronite tout au long de sa tournée européenne. Le Rassemblement a également qualifié de « politiques par...