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LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE - Signature le 9 novembre au stand de la librairie Antoine « Née du silence », de Patricia Élias(PHOTO)

La poésie comme source de vie, la paix en partage et surtout comme paraphrase sont d’une prière. Touchés par un sens religieux profond, surtout chrétien, ces poèmes groupés en une mince plaquette, sous le titre un peu énigmatique Née du silence, de Patricia Élias (50 pages – Éditions Nouvelle Pléiade, Paris, avec des illustrations de Rudy Rahmé), viennent d’obtenir le Grand prix 2003 de la Société des poètes français.
On dit un peu énigmatique car il est évident que la vie commence par un cri… Inspiration placée sous le signe de l’amour du divin et des impénétrables desseins du Seigneur. Verbe ardent, protégé par le recueillement et la réflexion, qui touche aux frontières du Parnasse pour mieux atteindre les cœurs et s’ériger comme un rempart contre l’adversité du destin. Avec des images calmes, une certaine musicalité jaillie des vers alliant rimes et sonorités douces, cette poésie enserrée dans sa métrique sage et un peu surannée est surtout non un cri d’amour, mais une détermination à aimer.
Aimer à tout prix, surtout son prochain, s’accepter et triompher des épreuves de la vie. Aux abords des complaintes d’une croyante à la foi inébranlable, cette poésie illuminée de la grâce du Seigneur tente de répondre aux interrogations les plus profondes et les plus pressantes d’une traversée humaine.
Expliquer le sens d’une vie ? Mais enfin qui de nous peut prétendre, et avec certitude,« où nous allons » et surtout « savoir qui nous sommes »… Ni Claudel ni Péguy n’ont su élucider ce mystère insondable. Cédant peu à une tentation plasticienne de l’écriture, l’auteur privilégie la trame de la simplicité et de l’humilité avec quelque emphase dans le dire poétique, de petites répétitions (« mon corps chancelle ») et surtout certaines naïvetés de style (« À son sourire, marquise des anges, je me prosterne tel un archange »). Combat avec soi-même et les autres, sereine acceptation plus que résignation, offrande plus qu’avarice de cœur, pour qu’à « jamais le mal s’endorme dans les bras de la lumière »… En toute transparence et dans les mains des anges et de Dieu.
Les cheveux châtains dénoués sur ses épaules, les traits fins, de grands yeux clairs en amande captant la lumière, Patricia Élias avoue en toute simplicité, presque avec effacement, que l’écriture, pour elle, est « un besoin, besoin de dire, de confesser, d’instaurer un dialogue entre l’invisible et nous-mêmes. D’ailleurs la mère de la poésie est le Cantique des Cantiques. Et par-delà toute quête spirituelle, la poésie est un chant intérieur, on peut l’embellir, la sculpter...»
Comment est venue cette aventure du verbe quand de formation on est gestionnaire ? « Je n’étais pas censée écrire, dit-elle avec un sourire. Mais tout a commencé avec des premiers essais qui ont reçu l’appréciation et l’encouragement de mon entourage. Et puis, lors d’un voyage en France où vivent mes parents, j’ai finalement décidé de publier ce premier recueil tout en sachant combien la poésie a peu d’audience et surtout n’ignorant rien de ses difficultés d’édition. La chance m’a souri et puis me voilà. »
Et quel est le message dans ce premier recueil ? « Si message il y a, c’est cette paix que j’ai rencontrée et que je voudrais partager. »
Aujourd’hui, à la veille de la manifestation culturelle « Lire en français et en musique » (qui sera l’événement de Beyrouth du 31 octobre au 9 novembre), Patricia Élias prépare la venue de « La Société des poètes français », qui aura lieu au Biel. « C’est un hommage aux poètes libanais d’expression française, tels Schéhadé, Tuéni, Naffah, explique-t-elle. C’est tout un programme, une sorte de “spectacle” son et lumière autour de la poésie. »
Fervente lectrice de Gibran (qui s’en étonnerait), travaillant d’ailleurs en collaboration avec le Comité national Gibran, Patricia Élias, infiniment humaine, car elle est aux aguets de la détresse et du besoin de l’homme, ambitionne seulement de vivre, en toute simplicité. Inquiète aussi, car elle ne voudrait guère échouer dans ce qui lui est demandé de faire (« le reste, Dieu y pourvoira », dit-elle en toute paisible confiance) et par-dessus tout elle ne voudrait pas échouer d’aimer...
Des projets ? Oui, des projets d’écriture. Un roman en préparation. Une chronique familiale. Mais, pour le moment, sa grande préoccupation c’est l’événement du Biel. Entre-temps, elle vit le jour au jour. Comme seuls les poètes et ceux qui ont la foi savent le faire.

Edgar DAVIDIAN
La poésie comme source de vie, la paix en partage et surtout comme paraphrase sont d’une prière. Touchés par un sens religieux profond, surtout chrétien, ces poèmes groupés en une mince plaquette, sous le titre un peu énigmatique Née du silence, de Patricia Élias (50 pages – Éditions Nouvelle Pléiade, Paris, avec des illustrations de Rudy Rahmé), viennent d’obtenir...