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Les tuteurs n’arrivent pas à éradiquer la querellite présidentielle

S’il est une chose que les Syriens ne parviennent pas à contrôler, c’est ce mal chronique que l’on appelle la querellite présidentielle. À chaque crise relationnelle opposant les présidents Lahoud et Hariri, Damas intervient en conciliateur. En répétant inlassablement un même conseil de recours à l’arbitrage des institutions et de la Constitution. Les trêves qu’il impose ne durent jamais bien longtemps. Les dirigeants ne tardent pas en effet à sortir du cadre des institutions pour exposer leurs différends sur la place publique, par le truchement des médias. Sans attendre d’en débattre au sein du Conseil des ministres ou au Parlement. Ce phénomène récurrent s’est encore manifesté au sujet du budget. Les divergences de vues ont été largement étalées avant que le Conseil des ministres n’entame la discussion du projet, et ont même donné lieu à de vifs échanges.
Dès lors, des politiciens réputés proches de la Syrie répètent que tout responsable est tenu de réserver ses remarques, en premier, au Conseil, avant d’en faire état publiquement. Ils déplorent que l’opinion se trouve confrontée à une « bataille du budget » qui la plonge dans le désarroi. Car il ne s’agit plus simplement de lutte de pouvoir, mais bel et bien de l’économie, des finances, des moyens de survivre du pays comme de la population. Ce qui est d’autant plus nocif, et regrettable, que le heurt est pratiquement inutile : il faudra bien que le Conseil adopte un texte que le gouvernement devra ensuite défendre devant la Chambre.
Interrogé par le Hayat sur l’aggravation graduelle du malentendu initial entre les présidents Lahoud et Hariri, le président Assad a répondu : « À en croire ce que disaient dans le passé certains Libanais qui venaient en Syrie, la troïka avait ruiné le pays. Puis ils ont dit la même chose au sujet des rapports entre le président Lahoud et le président Sélim Hoss. Et ils ont tenu des propos identiques quand il y a eu, au départ, quelques différends entre les présidents Lahoud et Hariri. Même chose, d’ailleurs, quand les deux se sont entendus. Un pays ne s’édifie pas sur une relation personnelle, mais sur le rapport aux institutions. On peut se demander si (au Liban), il y a eu suffisamment d’efforts pour bâtir des institutions et s’il n’y a pas d’entraves à ce propos. Il existe un fort blocage, car bon nombre ne souhaitent pas la promotion des institutions, mais bien d’intérêts qui ont pris corps durant et après la guerre. La solution de ce problème ne réside pas dans l’état des relations, bon ou mauvais, entre les deux présidents. Mais dans l’existence effective d’institutions régissant les rapports entre les personnes. Il n’est pas possible d’exiger de quiconque une relation d’amitié avec autrui, mais par contre, on peut en attendre une relation institutionnelle. C’est là la faille dans les rapports entre deux personnalités politiques de ce rang. »
Mais c’est comme si les intéressés n’avaient pas pris connaissance de ces importants propos du chef de l’État syrien. Ou comme s’ils ne voulaient pas comprendre le message. La situation est telle que le député Walid Joumblatt s’interroge sur l’existence même d’un pouvoir. Il souligne que les autorités agissent en rangs dispersés, opposés même, contrairement à la loi comme aux usages découlant de Taëf. Il ajoute que la réforme doit commencer par la neutralisation des ministres qui font main basse, ainsi que leur clan ou leur confession, sur leurs départements. Il critique la campagne pour l’augmentation des prestations sociales, donc des dépenses, en soulignant que cela aggraverait le déficit budgétaire et la dette publique. En relevant que le redressement économique est de la responsabilité de tous. Qu’il faut donc mettre un terme aux surenchères d’ordre politique. Cette responsabilité commune est également mise en exergue par le président Lahoud.

Émile KHOURY
S’il est une chose que les Syriens ne parviennent pas à contrôler, c’est ce mal chronique que l’on appelle la querellite présidentielle. À chaque crise relationnelle opposant les présidents Lahoud et Hariri, Damas intervient en conciliateur. En répétant inlassablement un même conseil de recours à l’arbitrage des institutions et de la Constitution. Les trêves qu’il...