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éclairage Lahoud, Berry et Hariri fustigent à l’unisson le Syria Accountability Act Le jour où la troïka sciera la branche sur laquelle elle est assise...

Il y a à peine trois jours, la Chambre des représentants US votait le Syria Accountability Act (Salsa), une loi accusant le régime de Damas de « soutien aux organisations terroristes, développement d’armes de destruction massive et occupation du Liban ».
Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri ont (trop) peu souvent la bonne idée de dire ou de faire ce pour quoi ils sont payés. Quant aux Libanais, ils n’ont pratiquement jamais la possibilité de leur demander des comptes. Grâce à cette Salsa, les partenaires de la troïka comme la quasi-totalité de leurs concitoyens en ont eu, en partie, pour leur argent. En partie seulement. La preuve par trois : « S’il y a lieu d’élaborer une proposition de loi pour sanctionner un pays de la région, cette loi devrait s’appeler le “Israël Accountability Act”, en raison des massacres et du terrorisme pratiqués au quotidien contre le peuple palestinien », a dit hier de Baabda le chef de l’État. « (La Salsa) est un feu vert américain à une nouvelle agression israélienne contre la Syrie », a prédit le président de la Chambre, avant-hier jeudi. « Cette loi ne fera qu’augmenter l’entêtement d’Israël : bientôt, le gouvernement Sharon sera persuadé qu’il est au-dessus de la légalité internationale et humaine », a estimé hier le Premier ministre, en visite en Malaisie.
En voilà une bonne chose. Une preuve que les Libanais (bien plus conscients désormais que dans le passé que les États-Unis ne se préoccuperont de leur sort que lorsque leur intérêt sera en jeu) et leurs dirigeants peuvent être, une fois n’est pas coutume, sur la même longueur d’onde. Unis dans leur écœurement, leur dégoût, du flagrant et frustrant parti pris US en faveur des boucheries de l’État hébreu.
Sauf que de l’intitulé de cette Salsa, les membres de la troïka n’ont bien voulu retenir – et commenter – que la première partie, occultant totalement l’allusion au pays qu’ils sont censés gouverner. Fait inouï mais désormais assimilé par l’ensemble de l’opinion publique, ils ont été, encore une fois, plus Assad que le bon docteur Bachar lui-même. En déployant des tonnes d’énergie et de salive à défendre la « Syrie-sœur » au lieu de les consacrer aux tragédies de leur pays, et alors que le président syrien lui-même n’a pas pris la peine d’évoquer ne fut-ce que par une allusion voilée le Syria Accountability Act. Cet oubli volontaire, conscient et inacceptable des trois présidents a un nom : mépris scandaleux pour les aspirations de la (très) grande majorité de leurs concitoyens. Mépris et surdité.
Il n’empêche, les hommes politiques qui se sont chargés – avec un plaisir qu’ils ne cherchaient même pas à dissimuler – du volet politique, n’ont pas dit que des bêtises. C’est effectivement au Liban et au Liban seul de demander à la Syrie d’évacuer ses troupes et de mettre un terme à son insupportable tutelle. Mais de quel Liban s’agit-il ? Certainement pas celui de la troïka en place aujourd’hui. Les trois hommes savent bien pourtant qu’en commençant à exiger des relations privilégiées et équilibrées avec Damas, en tentant de redonner au Liban et aux Libanais tout leur poids, ils déclencheraient une véritable réforme politique, puis économique, salutaire, tout en barrant la route à tous les extrémistes. Sauf qu’Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri ne sont certainement pas prêts à scier la branche sur laquelle ils sont assis depuis des années.
Le jour où ils le seraient, leurs concitoyens tourneront sept fois leur langue dans leur bouche avant que de refuser net ce à quoi les « Trois » consacrent tous leurs efforts, toutes leurs querelles : leur reconduction.

Ziyad MAKHOUL
Il y a à peine trois jours, la Chambre des représentants US votait le Syria Accountability Act (Salsa), une loi accusant le régime de Damas de « soutien aux organisations terroristes, développement d’armes de destruction massive et occupation du Liban ».Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri ont (trop) peu souvent la bonne idée de dire ou de faire ce pour quoi ils sont...