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COMMUNAUTÉS - Le patriarche rend hommage à l’œcuménisme du pape Sfeir aujourd’hui à la table de Jean-Paul II

Rome, de notre envoyé spécial Habib CHLOUK

Ce n’est point par hasard que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a choisi « l’œcuménisme et le dialogue interreligieux dans la mission de Jean-Paul II » comme thème du discours qu’il a prononcé hier devant le collège des cardinaux, afin de rendre hommage au pontificat du chef de l’Église catholique. D’abord, parce que ce sujet est au cœur de l’Exhortation apostolique. Ensuite, parce que le dialogue interreligieux est partie intégrante du processus de réunification des Libanais après la guerre. La journée romaine du patriarche ne s’est pas limitée à son volet spirituel, puisqu’elle a été émaillée d’une série d’interviews qui ont permis à Mgr Sfeir d’opérer un retour vers le politique. Le chef de l’Église maronite a ainsi souligné que les résultats de ses entretiens avec les dirigeants français « apparaîtront plus tard ». Sur le plan local, il n’a pas hésité à lancer une pointe en direction du Rassemblement de Kornet Chehwane, leur reprochant implicitement une certaine irrégularité. Ce reproche s’est exprimé dans sa réponse au sujet d’éventuelles divisions au sein de ce mouvement d’opposition. Il a affirmé n’en rien savoir, avant d’ajouter, le sourire aux lèvres : « Ils (Kornet Chahwane) ressemblent à la lune : tantôt elle apparaît, tantôt elle disparaît. »
Mgr Sfeir, qui a accordé des interviews à de nombreux médias dont la Future TV et Radio-Orient, a souligné qu’il ne s’attendait pas à voir autant de Libanais durant son pétriple. « Ce qui nous a quelque peu attristé et qui nous a ravi en même temps, parce que plusieurs parmi eux ont pu avoir de bons postes », a-t-il ajouté, avant de démentir des informations selon lesquelles le patriarcat maronite a demandé aux autorités françaises de ne pas faciliter l’octroi de papiers d’émigration aux Libanais qui souhaitent quitter le pays.
Prié de commenter ses entretiens officiels avec les responsables français, notamment le président Jacques Chirac, Mgr Sfeir s’est contenté de dire : « Nous avons procédé à un échange de vues sur la situation au Liban en général, et dans la région. Les résultats apparaîtront plus tard. »
En réponse à une question, il a réaffirmé sa position au sujet de la 520, précisant que cette résolution ne doit être appliquée qu’après la réalisation de la paix avec Israël « et cette paix ne semble pas imminente ». Au journaliste qui faisait remarquer que le texte de la résolution ne pose pas comme condition au retrait des forces étrangères du Liban une paix avec Israël, le patriarche a répondu : « Implicitement, implicitement. »
Mgr Sfeir a en outre réaffirmé son opposition au Syria Accountability Act, précisant : « Nous maintenons notre position. Nous continuons à réclamer notre droit à l’indépendance et à la souveraineté et à plaider en faveur des meilleures relations avec Damas, mais nous ne voulons solliciter l’aide de personne pour triompher de la Syrie. »
« Aucun dialogue n’est établi avec ce pays, a-t-il poursuivi, mais certains Libanais font la navette et nous soumettent des propositions. Il est cependant apparu que ce ne sont que des paroles. »
Prié de dire ensuite ce qu’il a voulu dire par « cas de force majeure », en évoquant l’éventualité d’un amendement de la Constitution, le patriarche a répondu : « Les parties concernées savent parfaitement ce que cette expression signifie. Elles aviseront lorsque l’affaire se présentera. Si vous suivez la presse, vous remarquez que certains ont parlé de tremblement de terre, d’autres de guerres. Personnellement, je ne fais pas de commentaires. » Il a ponctué ces derniers mots d’un large sourire.
Il a jugé prématuré d’exposer les caractéristiques du futur président.

Le dialogue avec les
orthodoxes, les
musulmans et les juifs
Le patriarche déjeunera aujourd’hui à la table du pape Jean-Paul II avec qui il aura l’occasion de discuter de la situation au Liban et dans la région.
Lors du sommet extraordinaire des cardinaux convoqué au Vatican pour le 25e anniversaire du pontificat du pape, Mgr Sfeir a donné lecture hier, au nom des cardinaux du continent asiatique, du discours qu’il avait préparé à cette occasion. Le texte de 24 pages insiste sur l’œcuménisme du pape, les moyens d’aboutir à une unité œucuménique, les rapports avec les Églises orthodoxes et l’insistance du pape à une ouverture sur ces Églises qu’il considère comme étant des « sœurs ».
Selon le patriarche, Jean-Paul II a beaucoup fait pour l’unité des chrétiens et le dialogue interreligieux, et pour cette raison « il a bien mérité de l’Église et de l’humanité ».
« Les divisions des chrétiens sont un scandale grave, une pierre d’achoppement pour les non-chrétiens », a-t-il ajouté, estimant que « c’est ce qui a poussé le pape à œuvrer inlassablement en faveur de cette unité tant souhaitée par le Christ ».
Mgr Sfeir a rappelé les cinq catégories de partenaires de l’Église catholique dans le dialogue œcuménique : les patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche, de Moscou, de Roumanie, de Géorgie et l’Église autocéphale de Grèce, les Églises orthodoxes orientales: copte patriarcale, éthiopienne, syrienne, malankare, arménienne, le catholicossat de Cilicie (Liban) et l’Église assyrienne d’Orient, les Églises et les communautés ecclésiales d’origine occidentale: Églises anglicane, luthérienne, alliance réformée mondiale, conseil méthodiste mondial, alliance baptiste mondiale, l’Église chrétienne, les pentecôtistes et les « evangelicals », les organisations internationales interconfessionnelles et le judaïsme.
Le prélat a ensuite rappelé les actions de réconciliation entreprises par Jean-Paul II et ses demandes de pardon : « Il a admis la culpabilité de l’Église, malgré certaines objections et réticences manifestées par les uns et les autres dans quelques sphères catholiques. »
Le patriarche a ensuite mis l’accent sur le dialogue engagé par le souverain pontife avec la communauté musulmane, dès 1979, soit un an après son intronisation sur le siège de saint Pierre. Il a ainsi rappelé que chaque année, au début du mois du jeûne de Ramadan, le Conseil pour le dialogue interreligieux adresse un message de vœux au monde musulman, avant d’énumérer les visites entreprises par le pape dans des pays islamiques et les principales idées qu’il avaient développées au cours de son périple. Mgr Sfeir a cité plusieurs extraits de discours prononcés par le pape en Turquie (1979), au Maroc (1985), au Soudan, au Bénin et en Ouganda (1993), ainsi qu’en Syrie (2001). Tous vont dans le sens d’un rapprochement entre chrétiens et musulmans au service des mêmes valeurs.
Le patriarche a ensuite évoqué les rapports du pape avec les juifs, rappelant que lorsque Vatican II avait « exprimé son respect au judaïsme en refusant de faire assumer aux juifs d’aujourd’hui la responsabilité de la crucifixion de Jésus, le monde islamique avait réagi par une vague de protestations, notamment chez les Palestiniens ».
Rome, de notre envoyé spécial Habib CHLOUKCe n’est point par hasard que le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a choisi « l’œcuménisme et le dialogue interreligieux dans la mission de Jean-Paul II » comme thème du discours qu’il a prononcé hier devant le collège des cardinaux, afin de rendre hommage au pontificat du chef de l’Église catholique....