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Communautés - Le patriarche maronite est arrivé hier soir à Rome Non à l’implantation, à l’utilisation du Liban contre la Syrie et à la tutelle, déclare Sfeir à Bruxelles

De notre envoyé spécial Habib CHLOUK
La dernière journée du patriarche maronite à Bruxelles a été riche en activités, en rencontres et en prises de position, et ce n’est qu’hier qu’il est arrivé à Rome pour une nouvelle étape dans son long périple européen. Le refus de l’implantation des Palestiniens, les critiques de la « tutelle syrienne », l’attachement à la souveraineté et à l’indépendance du Liban, tout en souhaitant l’établissement de bonnes relations avec la Syrie et en refusant l’idée que le Liban puisse servir de base à une formation ou à une organisation susceptibles de constituer une menace pour la Syrie et sa stabilité, tels sont les principaux points évoqués par le patriarche maronite, le cardinal Sfeir, au cours de ses entretiens et rencontres en Belgique. Le patriarche a aussi rendu un hommage au peuple libanais, et aux jeunes en particulier « conscients de l’incapacité d’une certaine race de politiciens à gouverner le pays et de leur droit à être dirigés d’une façon respectueuse et digne ».
La visite pastorale du patriarche maronite en Belgique est vite devenue officielle, en raison des attentions spéciales dont il a fait l’objet, au cours de ses rencontres avec les personnalités officielles.
Le cardinal Sfeir a été reçu par le roi Albert II, avant de donner une conférence de près d’une demi-heure au palais Egmond, siège des hôtes de marque du ministère belge des Affaires étrangères, qui est restée l’un des points forts de cette visite. Mgr Sfeir a aussi reçu, à son hôtel, une délégation des FL conduite par M. Carlos Keyrouz, une autre du courant aouniste et des représentants des commerçants libanais spécialisés dans la vente de voitures. Il a aussi rencontré la communauté libanaise à Bruxelles, au cours d’un dîner qui a réuni près de 400 personnes, dont le ministre belge de la Défense, M. André Flhaut, et la ministre de l’Éducation, Mme Maria Arena.
La visite du patriarche à Bruxelles a été également marquée par une visite au siège du Sénat, au cours de laquelle il s’est entretenu avec les sénateurs en présence de la présidente de la commission des Affaires étrangères, Mme Anne-Marie Lizin. Le cardinal Sfeir a exposé la situation libanaise, en donnant un aperçu historique des étapes traversées, insistant sur l’absence d’indépendance et de décision libre et appelant au respect de la Constitution et au rejet de l’implantation des Palestiniens qui, si elle se produisait, pourrait donner lieu à une explosion. Le patriarche a ensuite répondu aux questions des sénateurs, axées principalement sur la coexistence islamo-chrétienne, le conflit israélo-arabe, la présence syrienne, la situation en Irak et le dialogue des cultures.
Le patriarche a été aussi l’hôte à déjeuner de l’ambassadeur du Liban à Bruxelles, M. Fawzi Fawaz, en présence de personnalités belges et d’ambassadeurs arabes et étrangers dont ceux de Syrie et d’Arabie saoudite, MM. Toufic Salloum et Nasser Assaf. M. Fawaz et son hôte ont échangé des paroles de bienvenue, et le patriarche s’est ensuite rendu à l’Université de Louvain qui accueille de nombreux étudiants libanais, où il a donné une conférence, avant de prendre en soirée l’avion pour Rome, où il est arrivé vers minuit. Le point fort reste toutefois la conférence donnée par Mgr Sfeir au palais Egmond, en présence du ministre d’État et président de la Chambre, M. Charles Ferdinand Nothomb, représentant le ministre des Affaires étrangères, M. Louis Michel, le ministre du Commerce extérieur, M. Didier Ganzini, et des membres du corps diplomatique, notamment les ambassadeurs de Syrie et d’Arabie saoudite. En accueillant le patriarche, M. Nothomb l’a qualifié d’ « homme de dialogue, d’amour et de pensée ».

Des relations fraternelles
et stratégiques avec la Syrie
Le cardinal Sfeir a ensuite pris la parole, affirmant que le Liban traverse actuellement une étape cruciale. Il a rappelé l’époque du mandat français, après une longue occupation ottomane, avant d’arriver à l’indépendance, voulue par les maronites et qui est le fruit d’efforts conjoints islamo-chrétiens. Sfeir a aussi évoqué l’occupation israélienne de 1982 à 2000 avant d’affirmer : « L’occupation a pris fin depuis trois ans, mais les villages libanais sont encore la cible d’attaques de la part d’Israël, alors que notre espace aérien est régulièrement violé par son aviation et que des détenus libanais croupissent encore dans ses geôles. » Abordant la question des relations libano-syriennes, le patriarche Sfeir a précisé qu’entre les deux pays, « les relations sont historiques. Elles portent sur le voisinage, les intérêts fraternels et la stratégie. Le Liban n’accepte pas de servir de base à une formation ou à une organisation qui constituerait une menace pour la Syrie et sa stabilité ».
Mgr Sfeir a évoqué l’entrée des troupes syriennes au Liban en 1976, la non-application de l’accord de Taëf, « l’intervention et la tutelle », la crise économique, l’émigration et le problème de la présence des réfugiés palestiniens.
Sur ce dernier point, le patriarche s’est écrié : « Comment peut-on parler de la possibilité d’implanter les Palestiniens au Liban, au lieu de mettre un terme au traitement inhumain qu’ils subissent depuis des années et de leur donner la possibilité de rentrer chez eux, dans le cadre d’un règlement global du conflit israélo-palestinien ? » Le patriarche s’est ensuite posé la question : « Y a-t-il un avenir pour le Liban ? » Et il a répondu qu’au fil des épreuves, « les Libanais ont montré leur solidité et leur détermination à réagir, armés de foi et d’espoir. Ils sont conscients, notamment les jeunes, du fait qu’une certaine catégorie de politiciens ne peut gouverner le pays et surtout qu’ils méritent d’être dirigés d’une façon plus respectueuse. Ce peuple est en mesure de mener un véritable dialogue, loin de tout fanatisme et de redevenir, pour citer la poétesse Nadia Tuéni, “la dernière citadelle où l’homme peut s’habiller de lumière” ».

Violation des libertés
Le patriarche a aussi répondu à de nombreuses questions portant sur la situation des libertés au Liban et il a reconnu que celles-ci sont violées dans un pays qui avait longtemps été un refuge pour les persécutés et qui est l’un des membres fondateurs de l’Onu.
À la question de savoir s’il estime que l’indépendance est en danger, le patriarche a répondu par l’affirmative, précisant que l’Union européenne peut aider les Libanais dans ce domaine.
« Mais l’important, c’est de savoir que le peuple veut la souveraineté, l’indépendance et une libre décision. »
Interrogé sur le rôle des dignitaires religieux, le patriarche a rappelé que « les évêques ont participé à l’édification de la France et leur rôle a été comme celui des abeilles dans la ruche ». Mgr Sfeir a encore déclaré en réponse à une question, que les armes ont été ramassées des mains des Libanais. « Seul le Hezbollah parce qu’il fait de la résistance, arguant de l’occupation israélienne des fermes de Chebaa, en possède encore. Certes, il ne résiste plus comme avant, mais la situation est assez complexe et on ne sait ce qui peut arriver. »
À la fin de la conférence, le patriarche a eu droit à une standing ovation d’une dizaine de minutes...

Une rencontre chaleureuse
Entre le patriarche Sfeir et l’ambassadeur de Syrie, M. Toufic Salloum, le courant semble être passé. Après la conférence au palais Egmond, M. Salloum a déclaré : « Le dialogue avec le patriarche doit se faire directement, sans passer par des intermédiaires », avant de se lancer dans une conversation chaleureuse avec Mgr Sfeir. Rappelons que le patriarche n’a pas évoqué, au cours de sa conférence, la résolution 520.
De notre envoyé spécial Habib CHLOUKLa dernière journée du patriarche maronite à Bruxelles a été riche en activités, en rencontres et en prises de position, et ce n’est qu’hier qu’il est arrivé à Rome pour une nouvelle étape dans son long périple européen. Le refus de l’implantation des Palestiniens, les critiques de la « tutelle syrienne », l’attachement à la...